Ouest-France
David GUÉZENNEC
Publié le 21/12/2023 à 16h29
Grégory, Brest est 4e de Ligue 1 à la trêve…
Je dirais plutôt que Brest a aujourd’hui 31 points. Quand on est Brest, quand on commence une saison, l’objectif est d’assurer le maintien le plus rapidement possible. C’est formidable, exceptionnel, une première dans l’histoire du club à ce moment de la saison. 4e, c’est anecdotique, mais ça a aussi une valeur. Ça montre que l’équipe est consistante dans tout ce qu’elle fait depuis le début de saison, cohérente. C’est la continuité du travail effectué depuis la saison dernière.
Une équipe équilibrée, avec du banc, ce n’était pas gagné cet été…
Ce qui est important, c’est de progresser chaque saison. Dans la construction d’un effectif, on sait que 90 % du temps de jeu est effectué par 17 joueurs.. Quand tu construis un effectif, tu cherches un certain nombre de joueurs avec un certain niveau pour maintenir la cadence dans laquelle tu veux être. D’année en année, on commence à avoir des joueurs qui prennent plus d’expérience, montrent qu’ils sont de bons joueurs. Sur l’aspect qualitatif, avoir un effectif plus étoffé nous permet d’avoir un meilleur turn-over. Et quand il y a des méformes, le staff n’hésite pas à changer, à apporter de la fraîcheur. Et le niveau de l’équipe reste quasiment identique et c’est ce qui fait qu’on arrive à être performant quasiment tous les week-ends.
Vous avez recruté pour seulement 500 000 € cet été, c’est assez incroyable…
La Ligue 1 à 18 clubs, c’est plus compliqué, avec des clubs qui profitent d’avoir des billes pour bien investir. Il y a plus de 12 clubs qui ont investi plus de 10 millions d’euros dans les transferts. Ce n’est pas parce qu’on investit qu’on a forcément des résultats sur le terrain. Le football n’est pas une science exacte. Nous, on a des contraintes, on n’a pas énormément de moyens. On a vécu une situation compliquée financièrement. Donc je comprends qu’il est difficile d’avoir une enveloppe plus importante pour le recrutement, j’essaie de m’adapter, je fais au mieux.
Il y avait des inquiétudes cet été à ce niveau…
C’est normal. On aimerait avoir plus de moyens. Mais ce n’est pas parce que cette année on n’a pas dépensé d’argent que chaque année, ça va être comme ça. Il ne faut pas rentrer dans le cercle qui dirait “Et ben Greg, sans argent, vous êtes capable de bien faire”. Notre équipe a très peu évolué par rapport à l’an passé. Pour tout le monde, quand on a perdu Franck Honorat, c’était catastrophique, quand on a perdu JK Duverne, c’était catastrophique et Haris Belkebla, la terre s’était arrêtée de tourner. Mais des joueurs ont bien émergé, Romain Del Castillo a pris son leadership. Pierre Lees Melou avec un an de plus se fond de mieux en mieux dans le collectif et c’est aujourd’hui un garçon qui ressort aujourd’hui au-dessus de tout le monde, Mahdi Camara et Hugo Magnetti qui étaient là l’année dernière arrivent presque à faire oublier ceux qui étaient là aussi. Et avec Bradley Locko, on ne parle plus de JK Duverne. Oui, c’est mieux d’avoir plus d’argent pour recruter, mais des joueurs ont donc émergé et je suis à un poste où je dois m’adapter.
Quand vous recrutez Eric Roy, il y a un an, il n’a pas entraîné depuis 10 ans, ça interrogeait…
J’étais avec une cible sur la tête et beaucoup étaient prêts à tirer dessus. Quand j’ai fait ce choix, 99 % des gens n’étaient pas contents. Je l’ai fait en mon âme et conscience et avec mon ressenti sur ce dont le vestiaire avait besoin. Aujourd’hui les gens ne pleurent pas, mais rient, mais ce sera l’inverse si un jour la spirale change. Moi je reste cohérent dans ce que je fais, j’assume mes choix. Je suis très content qu’Eric ait pu apporter sa pierre à l’édifice, très content du travail de tout le staff. On a connu ces dernières années pas mal de turbulences au niveau des staffs. On a mis des gens compétents, au service du club, leur travail ressort.
Vous venez de prolonger 3 cadres (Lees-Melou, Le Douaron, Del Castillo), c’est un signe fort…
Quand on travaille dans un club, il faut voir sur du moyen-long terme. Il faut se donner des objectifs, avoir une vision. Prolonger ces trois joueurs importants pour le collectif montre que le projet est solide. Ça n’empêchera pas qu’on vendra un jour des joueurs, au contraire. Le modèle économique fait que le club doit survivre comme ça. On n’a pas un budget très important par rapport à des clubs qui deviennent quasiment des multinationales. Beaucoup de clubs sont achetés par des fonds étrangers, ce n’est pas le cas chez nous. Et peut-être que les gens préfèrent s’identifier à des locaux plutôt que d’être sous pavillon étranger au risque de ne plus se reconnaître dans le club. Donc, prolonger ces joueurs-là était un marqueur fort et un signal que je voulais donner à l’équipe. On est capable de garder des bons éléments. Mais on doit rester lucide. Il y a des jeunes joueurs qui peuvent avoir plus de temps de jeu chez nous, mais qu’à un moment donné on ne pourra pas conserver car ils veulent franchir un cap et qu’ils le franchissent plus vite que le club.
Êtes-vous inquiet des risques de sollicitation cet hiver…
Oui et non. Que des joueurs ne soient pas sollicités, ce serait inquiétant quand des jeunes progressent. Garder nos meilleurs éléments est notre volonté. Est-ce qu’on pourra ? Je n’ai pas la réponse. Si un joueur à la possibilité de multiplier son salaire par 4, c’est à prendre en considération. Ça ne veut pas dire que le joueur a raison. Quand un joueur est sous contrat, il doit respecter le club qui lui fait confiance. Mais il y a peut-être des possibilités que le club ne pourra pas refuser. Mais on n’en est pas là. On est plutôt serein, on verra le moment venu.
Ça peut arriver cet hiver ?
On a des joueurs déjà sollicités, mais entre être sollicité et faire un transfert, c’est encore éloigné. Cette période déstabilise les joueurs, l’environnement. Et un mercato hivernal ne sert pas à grand-chose sinon aux clubs qui ont de gros moyens de changer onze joueurs quand ils se sont plantés dans le recrutement estival. Nous, petits clubs, quand on se trompe on assume et on fait avec ce qu’on a.
Lilian Brassier pourrait aussi prolonger ?
Pour le moment c’est statut quo. Un pas a été fait du côté du joueur.
Jordan Amavi, Billal Brahimi manquent de temps du jeu, pourraient-ils vouloir partir ?
Quand tu arrives et que l’équipe est performante et a des résultats… L’état de forme, ou les indisponibilités comptent. C’est normal de vouloir davantage de temps de jeu. Il faut s’accrocher. Mais l’état d’esprit de tous est bon. Dans le vestiaire, on n’a pas de joueurs tordus.
Certains ont exprimé des désirs de départ ?
Achraf Dari désire du temps de jeu.
Ce n’est pas simple pour lui…
La charnière est performante. Le haut niveau c’est être prêt au bon moment. Il faut montrer au coach qu’il y a la possibilité de faire bouger la hiérarchie. Il y a quatre défenseurs centraux, deux jouent. Julien Le Cardinal a aussi eu sa chance. Je comprends la frustration d’Achraf mais il a eu la possibilité de se montrer. Des joueurs sont performants, Achraf respecte les choix du coach, mais a la volonté de progresser, d’avoir pour cela du temps de jeu, il aspire à jouer et à être compétitif dans un autre club pour les mois à venir.
Comptez-vous sur Axel Camblan ?
Des gens s’enflamment en parlant d’Axel Camblan à Concarneau. Notre position est que ce n’est pas le bon moment pour prêter Axel Camblan. Mais on ne peut pas en vouloir à un joueur, s’il veut progresser, d’aller dans cette direction-là. Beaucoup de clubs m’ont contacté pour Axel Camblan, pour voir si on était prêteurs. Si demain on prenait cette décision en concertation avec le joueur, on verrait quelle serait la meilleure solution pour le club.
Que pensez-vous du début de saison de Martin Satriano ?
Beaucoup le jugent par rapport aux buts. On ne juge un attaquant que par rapport aux buts. Martin se donne à 100 % sur le terrain, fait les efforts par rapport à ses coéquipiers et crée des brèches pour les autres. Contre Lorient, il a fait une très belle passe décisive, a été très intéressant dans ces déplacements et dos au jeu. C’est un garçon de qualité, il lui manque de l’efficacité, des buts pour avoir plus de confiance. Et Steve (Mounié) fait aussi un très bon travail et on compte aussi sur lui.