Posté le 7 janvier
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Dans la province de Portimão, l'on conte encore les histoires saugrenues d'un tout jeune homme qui est surnommé ici "Corresino" - C'est un jeu de mot traduisible par "celui qui s'est carapaté en entendant les cloches".
L'adolescent portait en premier lieu le nom de Tora. C'était le fils d'un riche marchand et unique garçon de la famille Ibarra. Son avenir était tout tracé ; il n'avait qu'à faire perdurer le nom de sa famille, s'enrichir honnêtement à son tour et s'assurer une descendance prometteuse. Seulement, dès l'enfance, son discours était tout autre. Plus tard, il prendra la mer ; et dès qu'il disait cela, une grande gifle s'écrasait sur sa joue.
Le jeune rêveur n'était pas du genre à revenir sur ses principes avec des coups. Malin de nature, il avait simplement cessé de parler de ses envies de piraterie. Il ne grandit pas sagement pour autant et rapportait à la famille Ibarra beaucoup de trouble. Il se battait toujours avec des garçons de son âge, était accusé de tricherie aux jeux et fricotait avec les jouvencelles promises à d'autres. Jamais il ne pensait aux conséquences de ses actes et son père l'accusait de tout mettre en oeuvre pour couvrir son nom de honte.
Le jeune Tora n'avait pas encore 18 ans que son tyrannique paternel lui arrangea un mariage religieux avec la fille d'un riche marchand de tissu. Contre toute attente, l'adolescent s'était montré coopératif. Il laissa le tailleurs prendre ses mesures, se permit d'avoir une demande particulière sur la couleur de son costume bien qu'elle lui sois refusée par son unique parent. Aucune bagarre à déplorer les jours qui précédèrent le mariage. Tora avait été exemplaire et son père ressenti une fierté nouvelle à le voir apprêté comme il l'avait imaginé devant l'église. Sa promise n'était pas des plus jolies et ne semblait pas très emballée par les festivités mais Tora s'était montré courtois avec elle dès leur première rencontre. Il n'était pas à son goût, le nez tordu par un coup mal placé, une cicatrice sur son crâne presque rasé où les cheveux ne poussaient plus à cet endroit - mais elle n'avait pas eu le luxe de choisir. Elle préférait plutôt penser qu'il est grand et a de belles dents pour leurs futurs enfants qu'ils essayeront d'avoir dès ce soir.

Seulement, quand les cloches sonnèrent pour ouvrir les festivités, les invités furent tous surpris de voir le marié courir sans se retourner. On regarda d'abord derrière lui pour s'assurer qu'il ne fuyait pas un danger, étant affublé de multiples ennemis. C'est le regard médusé de la marié que l'on croisa à la place et Tora était déjà loin. Il embarqua sur un petit bateau qui l'attendait au Costa Del Sol et plongea pour escalader la chaîne de l'encre. Son père ne pu que constater impuissant sa silhouette s'éloigner sur ce bateau de pêcheur et se remémore les paroles qu'il lui a interdit de clamer toutes ces années ; un jour, il prendra la mer.

Tora avait préparé ce coup des semaines en avance. Il n'avait pourtant rien souhaité garder de sa vie d'avant puisque qu'il ne tenait à rien. Le bateau le déposa à Nazaré, à l'Ouest du Portugal. Le jeune homme n'avait pas de change et sentait le poisson puisque qu'il avait aidé à monter les prises. Il n'avait compté que sur sa chance et son éloquence naturelle. Arrivant dans la première taverne populaire du port, il demanda :

- Que l'homme le plus fort de ce bar se lève, j'ai envie de me battre.

Sa demande provoqua l'hilarité. Tora n'avait pas encore 18 ans et n'était pas le plus grand ni le plus solide des garçons de son âge. Surtout, il avait une bien drôle d'allure.
Un homme attablé non loin et tatoué d'un F retourné sous son oeil prit la parole en premier.

- Ça c'est un gamin qu'a du cran. Mais abandonne, tu n'as pas la force de faire tomber le plus faible de mes hommes.

- Je n'ai pas dis que je pouvais le faire, j'ai dis que j'en avais envie.



Le tatoué sourit. Il donna une tape dans le dos de l'homme à côté de lui, un quarantenaire avec une barbe rousse. Ce dernier se leva et ne ménagea pas l'adolescent. Si l'on pouvait reconnaître qu'il encaissait bien, Tora perdit la manche sans grande surprise. Puis, on traina son corps inconscient sur un bateau affublé d'un drapeau noir avec une tête de mort tenant un diamant dans ses doigts squelettiques.

C'était un drôle de plan que Tora avait improvisé ce jour-là mais son courage porta ses fruits. Il passe de prisonnier de l'équipage des Milagroso à jeune mousse puis fut naturellement prit d'affection par les membres de l'embarcation jusqu'à devenir un pirate à part entière. Il est encore le cadet, aujourd'hui âgé de bientôt 23 ans. Il n'est fidèle que par intérêt mais ses relations avec son capitaine sont toujours conflictuelles. Tora commence à prendre de plus en plus de place dans les décisions de l'équipage et n'hésite jamais à contredire les ordres. Ichtik, l'homme au tatouage inversé, planifie de le faire taire à tout jamais dans les prochains mois. Tora est trop bon orateur, gagne facilement la confiance de ses pairs, il pourrait aisément monter une mutinerie. Ichtik ne peut plus être injuste avec ses subordonnés en paix et à quoi bon être le commandant d'un équipage s'il n'est plus respecté par ses hommes ?

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