Posté le 4 février
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Directeur sportif, consultant télé, directeur marketing... Les mille vies d'Éric Roy (Brest)
Avant de connaître le succès avec Brest, l'entraîneur du 3e de Ligue 1 a occupé des fonctions variées, où il a toujours cherché à instaurer une dose de convivialité. Ce qui fait sa force aujourd'hui.

Thomas Doucet
mis à jour le 3 février 2024 à 21h54

Douze années se sont écoulées entre les derniers pas d'Éric Roy devant un banc de touche, en 2011 avant son éviction de Nice, et sa success story brestoise. Plus d'une décennie, à travailler plus ou moins dans l'ombre en attendant que la pleine lumière revienne.. « Je ne sais pas si je suis un entraîneur différent mais ma trajectoire diffère de beaucoup d'entraîneurs, pense Roy, qui à 56 ans incarne parfaitement la hype brestoise. Je considère que c'est une force, cela me permet d'avoir une vision globale. »

Consultant, directeur sportif, directeur du marketing puis du développement et même organisateur d'un tournoi de foot-volley : Roy a touché à tout quand il n'était pas sur un banc. Et ce qui ressort à chaque fois, c'est la nécessité d'instaurer une dose de convivialité. « J'aime beaucoup le film "Gladiator" et la citation : "Gagne la foule", poursuit Roy. Quand je suis arrivé à Brest, c'était ça : il fallait que je crée du lien, avec mon staff, mes joueurs. C'est aussi le métier d'entraîneur : l'humain, c'est le coeur du réacteur. »


Directeur sportif de réseaux
« Lens, à la base, c'est lui »

Philippe Montanier
À trois endroits, Roy a occupé le poste de directeur sportif. Que ce soit à Nice (2009-2010, 2011-2012), Lens (2017-2019) ou Watford (2019-2020), il a su développer un réseau dense. « C'était un bon DS, raconte son ancien entraîneur chez les Sang et Or, Philippe Montanier. On en a peu parlé mais la réussite de Lens, à la base, c'est lui. Alors qu'on était en plan social, il a réussi à faire partir 18 joueurs. Je lui disais : "T'es un magicien", car cela concernait des joueurs moyens. Quand il est parti, les joueurs ont été touchés. Il était dur avec eux parfois, mais toujours juste, et ils l'appréciaient beaucoup. »

Roy connaissait surtout les libertés et limites du poste. « Je ne comprends même pas pourquoi les entraîneurs veulent avoir plus de prérogatives, juge le coach brestois. C'est impossible. Notre métier est déjà tellement chronophage... Tu ne peux pas être entraîneur et faire le recrutement, connaître les bons joueurs en Suède, etc. Ma relation avec Grégory Lorenzi (DS de Brest) est fluide car je connais ces problématiques. Tout le monde est à sa place. C'est pour ça que ça marche. »



Directeur marketing innovant
« Il a développé l'identité de Nice »

Maurice Cohen, ancien président de l'OGC Nice
C'est une partie de son CV un peu oubliée mais Roy a occupé des fonctions éloignées du sportif. Sitôt la fin de sa carrière, il a été directeur marketing (2005-2008) puis du développement (2008-2009) de l'OGC Nice. « Je venais de me former à l'envers du décor au CDES (Centre de droit et d'économie du sport) de Limoges, explique Roy. C'était un peu opaque au départ, le club remontait, mais cela m'a permis de découvrir d'autres problématiques, comme faire entrer de l'argent. »« Il s'est occupé du nouveau stade en participant à l'élaboration des plans, dit son ancien président, Maurice Cohen. Et, plus tôt, il a bâti l'équipe marketing du club. Il s'occupait des partenaires et il a développé l'identité du club. »

« Ça m'a beaucoup intéressé, confie Roy. On a monté une chaîne de télévision avec Onzeo, on a été un des premiers clubs avec un car identitaire, avec sa marque. Il m'est même arrivé d'organiser un match international au stade du Ray (Italie-Autriche, 2-2, 2008). »« Il sait motiver les gens qui bossent avec lui, souligne Cohen. Son Brest me fait penser au Nice de 2002. »


Consultant télé chauvin et rigoureux
« Pas les mains dans les poches »

Fabien Lévêque, journaliste à France TV
TPS, Direct 8, beIN Sports, France TV, RMC Sport... Roy a pas mal navigué dans le milieu des médias. « Il n'a jamais été déconnecté, assure son ancien complice de France TV, Fabien Lévêque. À chaque fois qu'on allait dans un stade, il parlait avec les dirigeants. Il était visible. Je retiens sa connaissance du jeu. Pour préparer ses matches, il passait des coups de fil. Il n'arrivait pas les mains dans les poches, était rigoureux. Il avait aussi au fond de lui sa fibre rouge et noir et s'était fait un peu tailler (rires). Mais il avait pris beaucoup de hauteur (après la finale de Coupe Nantes-Nice, 1-0, en 2022), il n'est pas facile à déstabiliser. »

« On est toujours soumis à interprétation, considère Roy. Tout le monde ne peut pas être d'accord... Je n'ai jamais essayé d'ajouter plus que ma connaissance du foot et j'ai pris du plaisir dans chaque mai son. » Cette expérience lui confère aussi l'image du bon communicant. « Forcément, quand tu as été dans les médias, tu connais les journalistes, convient Roy. Ça facilite les rapports avec les médias après les matches. »



Organisateur d'un tournoi de foot-volley
« Festif et structuré »

Omar Da Fonseca, consultant beIN Sports
C'est son rendez-vous, fin juillet : le mondial de foot-volley à Juan-les-Pins, un quartier d'Antibes. Éric Roy a découvert il y a plusieurs années ce sport popularisé sur les plages de Rio et qui se joue à deux contre deux et il a été charmé. « On saute dans le sable, on travaille les appuis, décrit le coach, et on ne se rend pas compte mais, à la reprise, joueur, j'étais dix fois plus entraîné que les autres. »

Avec Gaëtan Huard hier, puis Philippe Enea et Adrien Gavarini aujourd'hui, « on est passés d'un tournoi de copains à un tournoi mondial », avec les meilleures équipes de la planète et un budget de 300 000 euros. Tout en conservant la dimension amicale. « Tous les ans, j'y vais, s'enthousiasme le consultant beIN Sports Omar Da Fonseca. C'est gratuit, festif et très bien structuré ! Ça ressemble à Éric, quelqu'un qui sait dépasser les obstacles. On est en apesanteur. Michel Platini vient tout le temps. On mange, on rigole, c'est un rituel. » Et 10 000 spectateurs se pressent désormais chaque année pour participer à la fête.

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