Stade Brestois. « Une machine de travail » : Grégoire Coudert, le bosseur va avoir son heure
Habituel gardien numéro 2 du Stade Brestois, Grégoire Coudert (24 ans) va profiter de la suspension de Marco Bizot pour connaître sa première titularisation en Ligue 1, ce dimanche 18 février, contre l’Olympique de Marseille. La récompense pour un joueur réputé pour son travail et sa détermination.
Ouest-France
Alexis CZAJA et David GUÉZENNEC.
Publié le 17/02/2024 à 18h00
L’intérim de Grégoire Coudert dans le but brestois devait normalement prendre fin avec l’élimination en 8es de finale de la Coupe de France face au PSG. Mais le numéro 2 au poste va faire du rab. Le titulaire Marco Bizot a été suspendu pour deux matches après son expulsion à Clermont le week-end dernier. Ce qui va propulser sa doublure de 24 ans dans le onze de départ, dimanche, contre l’Olympique de Marseille. La toute première titularisation de sa carrière en Ligue 1.
Arrivé comme numéro 3 en 2021
L’histoire est belle pour un joueur arrivé dans l’anonymat à Brest à l’été 2021, où il n’était même pas sûr qu’un contrat l’attende. L’actuel adjoint d’Éric Roy, Julien Lachuer, était l’entraîneur des gardiens à l’époque. Il raconte : « On lui avait proposé de s’entraîner avec nous pour l’observer. Mais à cette période le numéro 2 Gautier (Larsonneur) était parti faire les JO et le numéro 3 Sébastien Cibois s’était blessé. Du coup, on l’avait fait signer dans ce rôle de numéro 3 avec l’idée qu’il fasse son trou, de passer les étapes une par une. Ce qu’il a fait. »
En deux saisons passées avec la réserve, Coudert a conquis son monde. Au point que le club décide de le promouvoir au rang supérieur l’été dernier. Séduit par ses qualités techniques et humaines. « C’est une bonne personnalité et un gardien complet, décrypte Christophe Revel, l’entraîneur des gardiens cette saison au Stade Brestois. Les axes de progression existent dans chaque secteur de son jeu du fait de son jeune âge, de sa jeune expérience. Mais si on l’a mis numéro 2 cette saison, c’est qu’on est déjà persuadé qu’il est capable de suppléer Marco. »
Le natif de Rodez l’a démontré lors de ses trois premières titularisations sous le maillot finistérien en Coupe de France au début de l’année, avec des prestations plutôt abouties contre Angers, Trélissac et le PSG. « À Trélissac, dans un match compliqué, il a été décisif deux ou trois fois. Ça confirme sa progression », note son entraîneur Eric Roy. Le grand public a aussi découvert à cette occasion ce gardien au visage juvénile et au physique imposant. Les épaules larges et la barre du double mètre de hauteur largement dépassée sur la pointe des pieds.
« Il revenait s’entraîner l’après-midi »
Des qualités athlétiques qui lui ont permis de se faire repérer assez tôt. « Il vient d’une région de rugby, donc il avait un gabarit de rugbyman, plus que de footballeur à la base », sourit Nourredine El Ouardani, qui a entraîné Coudert en U17 et U19 au Tours FC, avec lequel il a atteint la finale de la Coupe Gambardella en 2018, avant de l’intégrer progressivement au groupe professionnel tourangeau en National.
C’est là que Steeve Elana a croisé sa route. L’ancien portier du Stade Brestois avait 38 ans. Il se souvient très bien de ce jeune gardien « curieux » dont il a continué à suivre avec intérêt la progression depuis. « Il était puissant, brut sur plein de choses, mais j’ai bien aimé son approche car c’était un bosseur. Il n’est jamais fatigué de travailler quand il sait pourquoi il travaille et quand on lui explique ce qu’il fait. »
La description d’un gamin déterminé qui revient dans la bouche de tous ceux qui l’ont croisé. Haris Belkebla en fait partie. Si l’international algérien n’a pas oublié le côté bon camarade de son ancien coéquipier à Brest (2021-2023) - « on allait souvent se faire une petite sortie, un cinéma, un restaurant avec notre bande. Il y avait Hugo Magnetti et quelques autres qui se greffaient. On avait nos petites habitudes » - il se rappelle surtout de la motivation de son jeune coéquipier quand il l’a côtoyé pour la première fois à Tours en Ligue 2 (2016-2018). « Il faisait beaucoup de travail en dehors des entraînements. Des fois, il revenait l’après-midi, rembobine-t-il. Il était très demandeur de séances spécifiques avec les entraîneurs des gardiens. Et quand ils n’étaient pas disponibles, il allait en salle de musculation. »
Reparti sous licence amateur en 2019
L’ancien gardien professionnel Olivier Blondel non plus n’a pas oublié « cette machine de travail ». Mais l’actuel entraîneur des gardiens de la réserve de l’Olympique Lyonnais a surtout été marqué par la capacité de résilience du Brestois. Car tout aurait pu s’arrêter assez vite pour lui. Alors qu’il venait de faire ses premiers pas en Ligue 2 (4 matches), Grégoire Coudert s’est retrouvé au chômage à 20 ans, après les déboires administratifs du Tours FC en 2019. Et les propositions ne se bousculaient pas.
Il a alors accepté la proposition d’Olivier Blondel de rejoindre la réserve d’Amiens, en National 3, sous licence amateur. « Son choix a été courageux. Il avait touché le monde pro, mais il a accepté de repartir d’en bas. »
Il a été récompensé un an après en signant son premier contrat professionnel en Picardie. Avec la suite que l’on connaît. À bientôt 25 ans, il s’apprête à débuter son premier match de Ligue 1. Une nouvelle étape à franchir, mais qui n’inquiète pas Julien Lachuer. « Grégoire est déjà rentré sur les dernières minutes du match contre Clermont. Il était préparé, les matches de Coupe de France l’ont aussi aidé. On a aucun doute sur ses capacités. »