Posté le 18 juillet
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Stade Brestois. « On n’est pas dans l’obligation de vendre », lance Grégory Lorenzi

Marché complexe, quête d’attaquants, départ de Mounié, tarif trop élevé pour Doumbia… Grégory Lorenzi, le directeur sportif, fait le tour des questions.

Ouest-France Propos recueillis par David GUÉZENNEC et Alexis CZAJA.

Sports Ouest-France

Entretien

Grégory, la baisse des droits télé contraint-elle votre budget recrutement ?

Cette année, on n’est pas du tout dans l’obligation de vendre. Contrairement à beaucoup de clubs. On est plutôt dans une position de vouloir acheter. Maintenant, on aimerait acheter au juste prix. On n’a pas une enveloppe très importante par rapport au marché. Aujourd’hui, les prix sont très élevés. Il va falloir aussi prendre des risques, on a besoin de joueurs, de se renforcer, mais encore une fois tout en pensant à l’avenir. Aujourd’hui, investir sur un joueur et le faire signer quatre ou cinq ans avec un salaire très important, pendant deux ans on pourra peut-être l’assumer, mais après on ne pourra plus. Et si demain on doit faire venir un joueur sur du court terme, sur trois ans, ça veut dire qu’au bout d’un an, on est obligé de le revendre parce que sa valeur va baisser. On a une réflexion qui est à mener.

De quel budget disposez-vous ?

L’enveloppe est plus importante que l’année dernière. On aimerait se renforcer sur 5 ou 6 joueurs, mais aux prix qu’on nous demande aujourd’hui, on ne pourra pas faire 5 ou 6 joueurs. L’idée ce n’est pas non plus de faire “all-in” sur des joueurs pour que finalement dans quelques années on ne puisse les payer.

On sera peut-être obligé de composer avec des prêts, des options, sauf qu’aujourd’hui quand on se dirige vers des joueurs et qu’on propose cette solution, les clubs ne sont pas du tout enclins à faire ce montage, ils sont plutôt sur une vente. C’est pour ça qu’entre ce qu’on souhaiterait acheter qui est encore cher et ce qu’on peut proposer et que les clubs ne sont pas du tout disposés à faire pour le moment, ça bloque un petit peu notre marché. On a des accords avec des joueurs mais pas avec des clubs, et des accords avec des clubs mais pas avec des joueurs. Le marché est très compliqué. On va essayer de dénouer les situations petit à petit.

Quels postes sont ciblés durant ce mercato ?

Nos postes prioritaires sont les offensifs, ce qui est le plus cher aujourd’hui sur le marché. On reste aussi attentif sur des postes autres comme latéral gauche, un défenseur central supplémentaire, un milieu aussi axial supplémentaire.

Les prix sont élevés à l’image du cas Hountondji…

Je ne vais pas mettre 4 millions sur Hountondji (qui a signé hier à Burnley) alors que Satriano, ça peut coûter 5 ou 6. Je préfère mettre un prix important sur un joueur qu’on connaît que sur un joueur qui a fait une carrière en Ligue 2 et pour qui on demande un très gros salaire. Il nous a été proposé, on s’est posé la question et on a fait marche arrière. Sinon on te propose 4 ou 5 millions pour des étrangers de Suède, Norvège. Nous, ce n’est pas ce dont on a besoin. On veut des joueurs qui connaissent le championnat. Je ne veux pas internationaliser mon vestiaire. On est à Brest, il faut que 80 % des joueurs connaissent le championnat. On est un club familial, l’idée n’est pas d’ouvrir le vestiaire n’importe comment, de prendre des joueurs d’Arsenal pour un an juste pour jouer la Ligue des champions. Garder notre identité, ce qu’on a toujours fait depuis des années, on s’y attache.

Pour avoir deux attaquants, vous êtes presque obligés d’en faire un en prêt…

Les clubs, aujourd’hui, ne le veulent pas et comme le marché est rare demandent des prix exorbitants. Je n’ai pas envie de prendre un joueur pour dire : “Ça y est, on a fait un attaquant, on l’a payé 4, 5 millions d’euros et on va voir ce que ça va donner”. Nous, quand on va acheter un joueur à 5 millions, il faut qu’on sache ce qu’il va nous apporter.

Nous aussi on cherche des solutions, Arconte, on ne va pas le prêter. Camblan, on ne va pas le prêter pour l’instant. Pourquoi on le prêterait alors qu’on n’a pas d’attaquant ?


Avez-vous fait une offre pour le jeune belge Delorge ?

Non. C’est un joueur qui fait partie de nos listes, un joueur qu’on connaît depuis un an, qu’on a suivi. On va regarder même si ce n’est pas le poste prioritaire. Les postes offensifs sont les plus urgents pour nous, mais après on essayera au fur et à mesure, dans d’autres positions, d’apporter des touches supplémentaires. Mais ce n’est pas simple. Je donne un exemple, Kamory Doumbia c’est 6 millions d’euros pour un joueur qui a fait quatre titularisations chez nous. On ne peut pas mettre 6 millions d’euros sur Kamory Doumbia. On a proposé entre 3 et 4. Et en salaire, on nous demande un montant qu’on ne peut pas donner.

Avez-vous des regrets suite au départ de Steve Mounié ?

Non pas forcément, parce qu’on a été très clair avec lui. La décision lui appartenait. On a toujours dit à Steve qu’on souhaitait le conserver, qu’on pouvait faire certaines choses et que d’autres n’étaient pas accessibles pour nous. Il voulait signer pour pouvoir être libre derrière. Je lui ai dit que s’il signait dans un projet ce n’est pas pour être libre un an après. Quand on a fait signer Romain Del Castillo qui était aussi en fin de contrat, ou Marco Bizot, on a fait la même chose. Tu entres dans un projet avec nous et il n’y a pas de problème. Je lui ai dit : “Je peux comprendre qu’à ton âge tu puisses avoir une réflexion. Mais dans ces cas-là tu prends position pour ce que tu as envie de faire toi”.

La seule chose que je lui ai proposée, c’est de partir libre au bout d’un an mais dans des pays du Golfe qu’il pouvait se laisser l’opportunité de choisir lui-même. Je lui ai même dit : ’’À la rigueur, si tu veux faire la Ligue des champions et que tu veux faire un an à Brest, tu ne resignes qu’un an’’. Il m’a dit non. Il m’a dit : “Si je me blesse”. Je lui ai dit : “Steve, tu ne peux pas tout avoir. Tu ne peux pas avoir un bon salaire, ne signer qu’un an et dire qu’à un moment donné tu pars quand tu veux. Le club doit se défendre. On ne peut pas accéder à tout ce que tu souhaites”. Il a pris sa décision en son âme et conscience. Quand il est venu me voir, il n’avait signé nulle part, il avait des propositions, il était en réflexion. Il ne peut pas dire que si on était venu plus tôt…

Appréhendez-vous d’autres possibles départs ?

Aujourd’hui, c’est vrai qu’on a fait une saison extraordinaire, des joueurs se sont mis en avant. Si des joueurs sont sollicités, c’est juste logique. Après, ce n’est pas pour autant qu’on va brader des joueurs, qu’on va se laisser démunir. Le seul bon de sortie qu’on pouvait accorder, c’était à Lilian (Brassier). Si un joueur veut partir, d’une il faudra qu’il le dise ouvertement et clairement, et de deux il faudra qu’il parte au prix auquel on estimera la valeur du joueur. Il y a un marché, on ne nous fait pas de cadeau, donc on ne fera de cadeau à personne.

S’il y a une belle somme qui arrive, pour Locko par exemple ?

Vouloir vendre Bradley Locko n’est pas l’idée. Après, si demain le président estime qu’il y a une belle somme et que bien sûr c’est quelque chose qui ne serait pas refusable, on y réfléchira. Vendre Bradley Locko à 10 ou 15 millions, pour quoi faire ? On n’a pas d’intérêt à le faire à ces tarifs-là.

Les difficultés financières de certains clubs vous inquiètent-elles ?

Quand on voit la vitesse ou ça va, à deux ans, on voit aujourd’hui Bordeaux. Brest n’est pas plus à l’abri. En Ligue 1, il y a 14 clubs sous fonds d’investissement étrangers, peut-être que chaque année ça ne les embête pas de mettre 15 ou 20 millions à la poche pour pouvoir combler. Mais tu regardes des clubs comme Angers, comme le Havre, comme Montpellier qui commencent à tiquer. Les gens ne se rendent pas compte. Est-ce qu’on est capable de survivre ? Ce sont des interrogations que j’ai, parce que j’ai conscience. Si demain je ne l’ai pas et je me dis : ’’De toute façon, j’ai un budget, je fais des contrats sur 4 ans ou 5 ans, si ça se trouve je m’en vais et puis terminé’’. Je suis salarié mais je le vois comme si c’était mon entreprise. J’ai toujours eu une vision club et pas une vision individualiste. J’essaye toujours de voir sur le long terme. Aujourd’hui, les droits TV on te dit que c’est 5 ans avec une possibilité au bout de 2 ans de partir. Ce que je lis à travers ça c’est que la visibilité est sur 2 ans. C’est toutes ces problématiques que je prends en considération.

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