Après une année noire en 2023, et un début d'année 2024 poussif, les courtiers croient en la reprise de la demande. Alors que les défaillances dans le secteur affichent une hausse de 18 % à fin août, la période pourrait profiter aux grands réseaux.

Une longue pente à remonter. Après avoir vu la production de crédit immobilier dégringoler de près de 40 % sur l'année 2023, les courtiers croient de nouveau à l'embellie. En juillet, la bonne nouvelle que ces spécialistes du secteur attendaient depuis de longs mois est enfin venue se concrétiser dans les chiffres de la Banque de France : la production de prêts à l'habitat s'est nettement redressée, à 11,4 milliards d'euros, après 8,6 milliards en juin.

Baisse des taux de la BCE, reflux de l'inflation, banques volontaristes et acheteurs qui reviennent… les voyants sont au vert pour le marché du courtage, assurent-ils, sans toutefois crier victoire.
Un début d'année poussif

« Les mois qui viennent de s'écouler ont été très difficiles, quand les banques ont fermé le robinet du crédit, c'est notre matière première qui a été directement impactée », rappelle Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer. Et si la baisse des taux moyens s'est amorcée au début de l'année, la production de crédit, elle, a tardé à se relancer, et a même atteint, au premier semestre, un plus bas depuis dix ans.

« En 2024, le démarrage a été très poussif », confirme Caroline Arnould, directrice générale de Cafpi. Mais l'heure est aujourd'hui à l'optimisme. « Depuis mars avril, nous observons un frémissement, avec une hausse des demandes de plus de 35 % par rapport à l'année dernière », souligne celle qui est aussi présidente de l'APIC, l'association représentant les courtiers.

Dans le même temps, les banques, avides de boucler leurs objectifs de production avant la fin de l'année, se montrent enclines à prêter. « Il y a actuellement une concurrence assez saine entre les établissements bancaires », confirme Maël Bernier, porte-parole de MeilleurTaux.
Retour des embauches

Pour traverser les crises, les différents leaders du secteur misent depuis plusieurs années sur la diversification, à travers l'assurance-emprunteurs ou la prévoyance. Malgré leurs efforts, la période n'aura pas été sans effet pour le marché. Parmi les activités de services financiers liées à l'immobilier, qui comprennent notamment les courtiers en crédit, Altares dénombrait à fin août 2024, 187 défaillances d'entreprises, soit 17,6 % de plus qu'en 2023, et deux fois plus qu'en 2022. Et alors que beaucoup d'indépendants s'étaient lancés dans ce métier lors de la période faste des taux bas, nombreux sont ceux qui n'ont pas résisté à un environnement moins favorable.

La donne semble aujourd'hui s'inverser. « Il y a de la place pour reprendre des parts de marché », estime Sandrine Allonier, qui constate également l'arrivée d'une « nouvelle phase d'embauche ». Les grandes enseignes pourraient être avantagées. « Les grandes structures attirent aujourd'hui beaucoup de courtiers », assure Caroline Arnould pour qui « il va y avoir de moins en moins de marques, qui cohabiteront avec des courtiers indépendants ». La consolidation du secteur pourrait donc s'accélérer.

Si elle se confirmait, cette prévision pourrait rassurer les fonds d'investissement comme BlackFin, Silver Lake ou encore Bridgepoint, derrière les gros courtiers français, respectivement Cafpi, MeilleurTaux et Empruntis. Après les avoir rachetés à prix d'or - avant la baisse des taux et la chute brutale de la production de crédit - ces fonds, lourdement endettés, ont pu craindre d'avoir parié sur un cheval moins performant que prévu. Leur soutien est cependant jugé essentiel. « La crise était plus dure pour les sociétés qui n'avaient pas ce genre d'actionnaire », souligne Caroline Arnould, directrice générale de Cafpi.

Dans un contexte difficile, plusieurs départs à la tête de ces réseaux ont néanmoins marqué la profession. En juillet 2023, deux ans après sa nomination à la tête de Cafpi, Olivier Lendrevie avait annoncé son départ de l'entreprise pour raisons personnelles. Plus récemment, le groupe MeilleurTaux, propriété du fonds américain Silver Lake, a annoncé le départ de son PDG, Guillaume Autier, en poste depuis quatre ans.