Posté le 30 septembre
Télécharger | Reposter | Largeur fixe

La hache de guerre est déterrée par la Caisse d’assurance maladie de Paris. En cause, les dépassements d’honoraires pratiqués par les kinésithérapeutes exerçant dans la capitale.

Ce sont près de quatre mille kinésithérapeutes parisiens qui ont reçu une lettre de rappel de la Caisse primaire d'assurance maladie de Paris. Trois types de courrier différents leur ont été adressés en fonction de leurs statistiques de recours au dépassement d'honoraires tant en montant qu'en fréquence. Si la grande majorité des professionnels de santé n'a eu qu'un rappel des règles conventionnelles, près de neuf cents d'entre eux se voient sommés de revoir leurs pratiques et un peu moins de trois cents se retrouvent sous la menace d'une sanction conventionnelle.

La convention signée par les kinésithérapeutes les engage à respecter des tarifs dits « conventionnels ». Elle s'applique à tous les praticiens, et ce, quel que soit leur lieu d'exercice dans l'Hexagone. D'ailleurs, ces tarifs conventionnels sont opposables à tous les professionnels de santé, qu'ils exercent à Paris ou dans la Creuse, ce qui n'est pas sans poser de réelles questions économiques.

Le coût des structures parisiennes, et dans quelques grandes villes françaises, ainsi que celui de la vie sont difficilement conciliables avec des tarifs conventionnels très bas. La moyenne de ces tarifs conventionnels se situe autour de 18 euros brut pour une séance – en théorie – d'une demi-heure, ce qui rend l'équation économique impossible à résoudre pour des praticiens dont les loyers sont parfois exorbitants et qui nécessitent de la surface et du matériel coûteux pour exercer leur art.

La main un peu lourde


La pratique du dépassement d'honoraires s'est ainsi peu à peu développée afin de viabiliser les modèles économiques et d'offrir aux Parisiens la possibilité d'être pris en charge, ce qui est fondamental dans le suivi de certaines pathologies. Hélas, certains kinésithérapeutes ont la main un peu lourde sur les dépassements pratiqués. Cela a éveillé la curiosité de la Caisse primaire d'assurance maladie après une précédente campagne d'avertissements, en 2017, qui avait conduit à la sanction d'une poignée de praticiens.

Les discussions entre la Caisse et les syndicats ont été franches et fondées sur un principe de réalité. La Caisse est préoccupée par l'accès aux soins des patients parisiens, dont certains seraient privés pour des raisons économiques. Si la démarche de la Caisse est justifiée, de nombreux kinésithérapeutes ont été surpris de recevoir une lettre d'avertissements signée par le directeur de la Caisse et par deux des trois syndicats représentatifs.

Ces deux syndicats, le Syndicat national des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs (SNMKR) et le syndicat Alizé, arguent que leur démarche vise à s'associer à une volonté de responsabilisation, sans quoi la Caisse sera plus répressive. En face, la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes rééducateurs (FFMKR) a refusé le principe d'apposer sa signature à côté de celle du directeur de la Caisse, considérant que sa mission est de défendre ses adhérents.

Affections de longue durée


D'ailleurs, la FFMKR soutient l'idée d'une tarification spécifique à Paris ainsi que dans les grandes villes, à l'instar des DOM-TOM, tandis que les syndicats cosignataires des lettres d'avertissements espèrent estomper le courroux de la Caisse en s'associant à sa démarche de responsabilisation. Leurs adhérents restent quelque peu dubitatifs quand ces mêmes syndicats proposent leurs services pour les défendre à la suite de la réception d'un courrier qu'ils ont signé.

S'ils étaient contraints d'appliquer strictement le tarif opposable, de nombreux kinésithérapeutes parisiens seraient en faillite et contraints de déménager leur activité hors de la capitale. La Caisse marche sur une ligne de crête en s'inquiétant de l'accès aux soins. Si les kinés ferment leurs cabinets, ils laisseront sur le bord de la route des patients qui souffrent parfois d'affections de longue durée nécessitant des soins non reportables.

Il est plus qu'urgent de trouver un terrain d'entente permettant de satisfaire les besoins de chacune des parties, tout en sanctionnant les abus quand ils existent, ce qui reste heureusement exceptionnel. L'avenir de la kinésithérapie dans la capitale est incertain et les mois qui s'annoncent seront décisifs.

x
Éditer le texte

Merci d'entrer le mot de passe que vous avez indiqué à la création du texte.

x
Télécharger le texte

Merci de choisir le format du fichier à télécharger.