Posté le 19 décembre
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Malgré l'absence de projet de loi de finances pour l'an prochain, l'Agence France Trésor en charge de la gestion de la dette doit lever 300 milliards d'euros en 2025 pour financer les dépenses de l'Etat. Ce montant pourrait toutefois évoluer.

Les montants annoncés donnent le tournis. La France s'apprête à emprunter la somme colossale de 300 milliards d'euros en 2025 nette de rachats, après un précédent record de 284 milliards d'euros en 2024. Là encore, il s'agit d'un bond impressionnant en seulement un an.

Dans le collimateur des agences de notation, l'Hexagone - sanctionné récemment par Moody's - avait prévu de stabiliser sa dette actuellement à 112,8% du PIB à l'horizon 2027. Mais les déficits bien plus importants que prévus et la crise politique actuelle complique sérieusement la tâche du Premier ministre, François Bayrou, qui doit affronter un « himalaya » budgétaire.

Mercredi soir, les sénateurs ont voté pour la loi spéciale, permettant ainsi d'éviter la paralysie administrative au 1er janvier. Pour rappel, cette loi minimaliste autorise l'Etat et les administrations de Sécurité sociale à emprunter sur les marchés en 2025. Dans ces conditions, l'Agence France Trésor pilotée par Antoine Deruennes a repris le montant du programme de financement inscrit dans le budget 2025 préparé par Michel Barnier à l'automne. Mais ce montant pourrait bien être provisoire compte tenu du brouillard budgétaire.

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« Le besoin de financement est susceptible d'être ajusté, si nécessaire »,

précise justement le communiqué de Bercy.

La prochaine adjudication pour les BTF (bons du trésor français à court terme) est prévue le 6 janvier et celle pour les obligations à long terme devrait avoir lieu le 9 janvier.

Un besoin de financement globalement stable

Rapporté au produit intérieur brut (PIB), les besoins de financement de l'Etat sont globalement stables depuis 2021, autour de 10%. L'éclatement de la crise sanitaire en 2020 avait fait bondir les besoins de financement de l'Etat passant de 8,2% de la richesse nationale à 11,2%. A l'époque, l'Etat avait levé plusieurs dizaines de milliards d'euros pour financer le « quoi qu'il en coûte ».

Puis est arrivée à la guerre en Ukraine qui a poussé l'exécutif a déployé des mesures budgétaires (bouclier tarifaire) importantes pour limiter l'impact du conflit sur l'économie. Résultat, les besoins de financement sont restés à un niveau bien plus élevés que lors de la décennie 2010. Sur 20 ans, les montants rapportés au PIB ont même doublé pour passer de 5% à 10%.

Les crises ont fait bondir les besoins de financement de l'Etat français

L'extinction progressive des mesures temporaires liée à la pandémie et la guerre en Ukraine aurait dû faire baisser les besoins en financement de l'Etat. Mais les recettes fiscales ont été bien inférieures à ce qui était attendu dans les budgets 2023 et 2024. En 2024 par exemple, la croissance a été principalement tirée par le commerce extérieur et la dépense publique. Or, ces leviers ne rapportent pas autant de recettes fiscales que la consommation atrophiée par l'inflation. En cause, la sous-estimation de l'envolée des prix de l'alimentaire sur le pouvoir d'achat des ménages, comme le rappelle une étude du Trésor dévoilée ce jeudi.

Secousses sur les marchés

Jusqu'à présent, la France n'a pas rencontré de difficultés à emprunter sur les marchés financiers. En moyenne, et toutes durées d'emprunt confondues, la France a emprunté en 2024 à 3,06% (-0,1 point par rapport à 2023). Ce taux était de 3,16% en 2023, un plus haut depuis 2008. Réputée pour la liquidité de sa dette, l'Hexagone continue d'attirer l'appétit des investisseurs. Mais depuis l'annonce fracassante de la dissolution en juin et la débâche des finances publiques, l'onde de choc s'est propagée sur les marchés. Le « spread », c'est-à-dire l'écart de taux entre la France et l'Allemagne évolue désormais autour de 80 points de base alors, qu'il était plutôt autour de 50 points de base avant les législatives anticipées de juin.

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« C'est grave au regard de la situation de la France en zone euro »,

alerte un ancien ponte de Bercy et ex-directeur de cabinet de ministre.

« La loi spéciale est une bonne nouvelle, car elle permet d'éviter un shutdown, mais elle ne règle rien. Avec la poursuite de la loi spéciale, le déficit sera autour de 6% l'année prochaine. Il faut revenir rapidement dans la zone des 5%. Au-delà de 5%, la France se met en grand risque », juge cette source. Avec des perspectives de croissance morose en 2025, les tensions sur les marchés pourraient perdurer. Dans son malheur, la France pourrait cependant profiter de l'assouplissement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE).

Changement à venir chez les spécialistes (SVT)

L'année 2025 devrait marquer quelques changement dans les 15 spécialistes en valeur du trésor sélectionnées par un comité piloté par l'ancien président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet. La banque espagnole Santander devrait rejoindre le groupe de ces acteurs tandis que Commerzbank pourrait partir à partir l'année prochaine.

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