Auteur : Cafard sur Lapino
Posté le 1 janvier
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Psychée

C’est un bruit sifflant et une douleur foudroyante qui pourrait me donner le tournis. Ce doit être la première fois que l’on pose ainsi la main sur moi.
- Qu’as-tu dit, espèce d’insolente ?
Père semble hors-de-lui. Sa colère est si vive que sa respiration en devient saccadée. L’idée de pleurer ne me déplairait pas, mais je refuse de céder.
- Je l’ai dit et je me répète : il est hors de question que j’épouse cet homme.
Père se lève d’un bond et les coups recommencent à pleuvoir. Coups de poing, coups de pied… Coups de pied ou coups de poing ? Je finis par ne plus les distinguer.
- Réfléchis, idiote ! me crache mon père. As-tu conscience de la situation de notre famille ? Les Gardecouronne connaissent actuellement leur âge d’or, alors que nous connaissons notre déclin !
J’ai mal. J’ai horriblement mal et j’entends Père continuer de crier. Crier que nous, Gardetrône, avons absolument besoin de cette alliance. Crier que sans la magie de cette famille sortie de nulle part, nous serons bientôt sur la ruine de notre illustre lignée. Les coups continuent de déferler sur mon corps. J’en aurai certainement pour plusieurs jours au lit. Je n’en serais pas là si j’acceptais ce pauvre mariage. Les larmes montent malgré moi et je sens qu’il ne risque de pas de se calmer de sitôt. Fichue pour fichue, autant lui dire clairement ce que j’en pense.
Tout le monde dans le salon semble surpris lorsque mon corps se relève. Père s’arrête, méfiant, tandis que je m’agrippe à l’accoudoir du canapé en velours. Ce point stable me permet de me ressaisir un peu.
- Pourquoi devrais-je épouser ce type, hein ? Son corps peut régénérer un membre perdu, et alors ?
Père commence à crier des insultes mais je ne le laisse pas le temps de finir car je hurle à mon tour, les yeux pleins de rage.
- Père ! Pourquoi devrais-je être envoyée en pâture à cette famille dont on connait si peu de choses ? Pourquoi serait-ce à moi de me sacrifier pour la famille quand vous laissez Isabeau choisir son épouse comme bon lui semble ?
C’est un flot de paroles que je lui vomis. J’ai toujours été considérée comme une fille ingrate, avec des idées dangereuses et un caractère de garçon manqué. J’ai toujours subi leur tour de passe-passe pour tenter de me couper les ailes et me forcer à rester au sol. Pour quel crime, exactement ? J’aurais simplement souhaité vivre ma vie telle que je l’entends.
- Jeune maîtresse, fait une petite voix suppliante. S’il-vous-plaît, arrêtez.
Je me tourne vers Séraphin. Je vois sa terreur et ses tremblements. Il pense qu’après avoir entendu cela, la colère de Père ne connaîtra plus de limites… Et il a raison.
Père prend une grande inspiration, expire lentement. Je ne le quitte pas des yeux et le défie du regard. Je pense avoir peur de ce qui se passerait si je me détournais. De ce qui pourrait m’arriver, sans que je ne le voie. Il fait quelques pas vers moi et, toujours, je ne bouge pas. Plutôt, je refuse de montrer la moindre faiblesse d’âme qui lui prouverait que je le crains. Il s’approche lentement de moi quand Séraphin n’ose regarder autre chose que le plancher. Moi seule vois Père me mettre un tel coup que je ne peux faire autrement que me cacher dans mes rêves.

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