« C’est mon métier, ma passion, et je déteste perdre » : les confidences de Mahdi Camara avant Brest-PSG
Par Pierre-Yves Henry et Antoine Ripoche
Le 01 février 2025 à 06h13
Meilleur buteur du Stade Brestois en 2024, Mahdi Camara a pris une certaine dimension au milieu de terrain depuis son arrivée. À 26 ans, il vit à fond son métier, qui est aussi sa passion.
Que représente le football dans votre vie ?
C’est mon métier, ma passion depuis tout jeune. J’ai réussi et je suis plutôt fier de mon parcours, d’être passé par là où je suis passé, avec ces hauts et ces bas.
Qu’aimeriez-vous dire à l’enfant que vous étiez ?
De ne pas lâcher, travailler, croire en lui et aller jusqu’au bout. Tout petit, j’ai toujours voulu jouer la Ligue des champions et affronter les meilleurs. Mon rêve de gosse s’est réalisé. La Ligue des champions, quand j’étais petit, ça passait sur TF1, c’étaient des soirées folles, tu avais juste envie de rentrer de l’école pour regarder les matchs.
Vous vivez pour le football ?
Je ne vis pas que pour ça, non, même si c’est la première chose à laquelle je pense quand je me lève, parce que c’est central dans ma vie. Ma famille est aussi très importante même si, comme je l’ai déjà dit, je n’ai ni femme, ni enfant (rires). C’est la situation dans laquelle je me trouve, et ce n’est pas une situation qui me préoccupe. Je ne m’interdis rien : c’est juste que, pour le moment, je suis concentré sur le football et je suis plutôt à l’aise avec ça.
À quel moment de votre vie avez-vous été le plus heureux avec le football ?
Quand tu es jeune, tu joues souvent avec tes amis d’enfance, dans les petits tournois et les plateaux. C’est ça qui est magnifique car tu ne connais pas trop la vie encore. Mais c’est sûr que depuis que je suis arrivé au Stade Brestois, on vit des matchs fantastiques. Depuis deux ans, c’est exceptionnel et avec le groupe qu’on a cette année et qu’on avait l’année dernière, j’ai l’impression que ça me replonge dans ces moments d’enfance : on est tous des potes.
À quoi ressemblait votre chambre d’ado ?
J’avais beaucoup de posters de l’OM. J’avais Mamadou Niang, Messi aussi évidemment, Yaya Touré. C’était une chambre de petit garçon qui aime le foot, avec des médailles, des petits trophées. Et c’est mon père qui m’a amené au Vélodrome pour la première fois (il est originaire de Martigues), je ne l’oublierai jamais.
Avec qui partagez-vous vos peines et vos joies ?
J’ai du mal à parler de mes joies et de mes peines, que ce soit avec mes amis proches ou ma famille, j’aime bien garder ça pour moi. Je préfère partager les joies, on va dire, mais mes déceptions et tout, j’essaie de les garder et travailler sur moi-même. J’ai un caractère assez réservé. Je ne sais pas si c’est une qualité, un défaut, mais voilà, je suis plutôt comme ça.
Quand vous êtes remplacé à l’heure de jeu au Shakhtar alors que Brest passe à côté de son match, vous bouillez intérieurement ?
J’y pense toute la soirée, toute la nuit. C’est un truc intense, comme quand tu exploses lors d’une victoire. C’est vraiment dur, c’est un match de Ligue des champions, les supporters sont venus, tu veux montrer ton meilleur visage. Le sentiment n’est pas bon mais quand tu l’as goûté, au moins tu sais que tu n’as pas envie de le revivre. Le lendemain, j’étais énervé, fâché, mais au fil des années, j’ai appris à être un peu plus gentil envers moi-même. Au début, j’étais vraiment très dur mais il ne faut pas non plus se mettre plus bas que terre. Je veux être le meilleur à chaque fois que je rentre sur le terrain, donc quand je rate une performance, je ne pense qu’à ça et parfois, ce n’est pas facile.
Pourquoi aimez-vous autant ce sport ?
C’est un tout : le stade, l’atmosphère, donner de l’amour aux gens. Surtout dans cette ville, où il y a beaucoup de passionnés. Vivre des émotions tous les jours, c’est ça qui est magnifique. Bon, c’est peut-être mon côté compétiteur, je déteste perdre (rires).
C’est pour ça que vous êtes arrivé le joueur le plus affûté l’été dernier ?
Je veux être prêt à tout donner. Quand tu rentres sur un terrain de foot, c’est onze contre onze. Et c’est aussi toi contre ton adversaire direct donc je pars du principe que si je travaille plus que le mec en face de moi, je vais être meilleur que lui.
Aimez-vous votre style de jeu ?
Franchement, oui. En tout cas, j’ai toujours aimé essayer de faire le plus de choses possibles sur le terrain, et c’est ce qui me rend heureux. Donc si je peux défendre dans un premier temps, puis me projeter, attaquer, marquer ou donner des passes décisives, c’est parfait. C’est ce qui me fait vibrer.
Sur l’année civile 2024, vous êtes le meilleur buteur de Brest, avec neuf buts.
Je n’accorde pas tant que ça d’importance aux statistiques. Mais bien sûr, j’aime marquer les buts. Quand tu es petit, c’est pour ça que tu joues. Et dans ma tête, je suis resté ce petit gars : celui qui aimait tacler, et gagner, évidemment.
Vous avez 26 ans. Où serez-vous dans trois ans ?
On me pose souvent la question, mais moi je ne me la pose pas. J’essaie de vivre le plus possible dans le présent. Pas penser trop loin, ni regarder trop derrière. En tout cas, si je veux aspirer à aller dans un plus grand club, l’important c’est d’être performant au Stade Brestois. Je suis très reconnaissant envers Brest, ils sont venus me chercher quand j’étais à Saint-Étienne dans une période un peu plus délicate. Ils m’ont redonné cette confiance. Je suis très respectueux envers ce club et je suis très content d’être là. Dans tous les cas, ça restera très fort. Avec les émotions que j’ai vécues ici, je pense que ce sera un épisode qui restera gravé jusqu’à la fin de ma vie.