Ce vendredi, la plateforme de vidéo en ligne de Google fête ses 20 ans. L'occasion de revenir en cinq dates sur l'histoire du petit carré rouge qui a su plusieurs fois se réinventer en deux décennies.
Entre 800 millions et un milliard. C'est l'estimation du nombre de vidéos sur YouTube. Un chiffre en perpétuelle croissance, la plateforme proposant tout à la fois des contenus aussi bien en musique, en « gaming » - l'art de se filmer en train de jouer au jeu vidéo - , des vidéos de créateurs de contenu ou de l'information.
YouTube célèbre ses vingt années ce vendredi et est loin d'être en perte de vitesse. D'après les données de Reech, une entreprise experte du marketing d'influence, 61 % des Français l'utilisent chaque semaine, et il est le troisième réseau social derrière Facebook et Instagram.
L'occasion pour « Les Echos » de parcourir en cinq dates clés les moments les plus marquants de l'histoire de la plateforme, entre ses milliers de tendances, ses millions de vues et ses algorithmes.
YouTube est né un 14 février : la date n'est pas sans importance. A l'origine, les trois fondateurs de la plateforme, des anciens de PayPal, souhaitaient créer un site de rencontre en ligne permettant aux célibataires de se présenter en vidéo.
« Nous avons toujours pensé qu'il y avait quelque chose à faire avec la vidéo, mais quelle pourrait en être la principale application ? Nous pensions que les rencontres étaient un choix évident », expliquait le cofondateur Steven Chen, en 2016 lors du festival South by Southwest.
Le pari ne prend pas : au bout de cinq jours, aucun célibataire ne s'est lancé. Le site pivote et propose la mise en ligne de vidéos : deux mois après, la vidéo « Me at the zoo » est partagée. Il s'agit du premier contenu de la plateforme : on y voit Jawed Karim, l'un des co-fondateurs du service, au zoo de San Diego devant l'enclos des éléphants. Ces 18 secondes capturées cumulent aujourd'hui 348 millions de vues. La machine est lancée.
Et la magie prend : seulement un an après sa création, YouTube est acheté par le géant du web pour 1,65 milliard de dollars. A l'époque, plus de 100 millions de vidéos sont mises en ligne sur le site par jour. La plateforme concentre 46 % du marché des vidéos en ligne, selon les estimations.
Et le groupe californien ne vient pas les mains vides : il apporte ses algorithmes de recherche en ligne et ses outils publicitaires. Google signe aussi des accords avec les studios de production et chaînes de télévision afin d'éviter les procès pour violations de droits d'auteur.
Dès 2007, YouTube se professionnalise. Les créateurs de contenu deviennent des « partenaires » de la plateforme. Ils ont le contrôle de la monétisation de leurs contenus, ils peuvent toucher la moitié des recettes publicitaires de leurs vidéos. Un système de détection automatique des contenus (Content ID) est mis en place pour gérer les droits d'auteur.
Au fur et à mesure, une « YouTube économie » se crée. Aux Etats-Unis, des youtubeurs fondent un empire en publiant des vidéos chaque jour. Ces « vlogs », des vidéos embarquées pour suivre le youtubeur dans son quotidien, nourrissent le spectateur et leur rapportent des millions de vues, de clics et donc de dollars.
Le YouTube cousu main, avec des vidéos dans la chambre à la maison, rapporte gros. En 2013, la chaîne de production d'un créateur de contenu suédois, PewDiePie, a récolté 7,4 millions d'euros.
En France, l'écosystème YouTube émerge à son tour un peu plus tard. Cyprien est le premier youtubeur à réussir sa percée et obtenir 10 millions d'abonnés en 2016.
Où étiez-vous quand la danse du clip « Gangnam Style » est devenue virale ? Ce clip vidéo présentant une chorégraphie insolite sur une musique pop sud-coréenne atteint un milliard de vues en 2012 : une première pour une vidéo YouTube.
La musique est une catégorie reine sur la plateforme : à l'heure actuelle, elle représente 25 % du temps total passé par les utilisateurs selon le « chief business officer » de YouTube, Robert Kyncl.
Une aubaine pour le géant, qui souhaite capitaliser sur cet axe en proposant un service de streaming musical premium. En 2014, il lance « Music Key » pour 9,99 dollars par mois. Mais le service ne convainc pas : il propose finalement à l'écoute des contenus déjà disponibles sur la plateforme. Après cet échec, YouTube refonde son offre musicale premium.
Aujourd'hui, le service d'abonnement musical de YouTube, YouTube Music, a plus progressé que ses rivaux pendant le Covid et possède plus de 50 millions d'abonnés dans 96 pays. La filiale de Google talonne le trio de tête composé de Spotify (172 millions d'abonnés) , Apple Music (plus de 80 millions) et Amazon Music (Prime Music + Amazon Music Unlimited, plus de 65 millions).
En 2015, face à l'essor de Twitch, YouTube, qui abrite une importante communauté de joueurs de jeu vidéo en ligne, tente de lancer un espace à part sur le site pour héberger exclusivement du gaming. Mais les utilisateurs ne sont pas habitués à aller sur une autre interface et ne mordent pas. En 2019, YouTube Gaming est contraint de fermer. Désormais, une simple section « jeux vidéo » sur le site est accessible.
Si Twitch décline quelque peu ces derniers temps , un autre concurrent de taille émerge : TikTok. Le réseau social créé en 2016 propose des vidéos courtes, bien mieux monétisées pour les créateurs de contenu et connaît un succès grandissant depuis le confinement.
En mars 2024, une étude de l'agence « We are social » estimait que les Français passaient en moyenne 40 heures par semaine sur TikTok contre 17 heures pour YouTube, historiquement la plateforme où l'utilisateur passe le plus de temps.
Pour y pallier, YouTube a lancé les « YouTube shorts » dès 2020 : des vidéos courtes, qui reprennent le principe de l'application chinoise. Début 2024, le PDG de YouTube, Neal Mohan, a indiqué que « les 'shorts' engrangeaient en moyenne plus de 70 milliards de vues par jour », et que « le nombre de chaînes publiant des 'shorts' avait augmenté de 50 % en un an ».