Posté le 17 février
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« On n’a pas peur d’aller chercher un joueur de National » : Lorenzi décrypte le mercato brestois
Deux jours avant le barrage retour de Ligue des champions contre le PSG, mercredi 19 février, le directeur sportif du Stade Brestois, Grégory Lorenzi, revient sur sa stratégie de recrutement tout sauf « bling-bling, » mais qui a permis de réaliser cette campagne européenne historique.

Ouest-France
Recueilli par David GUÉZENNEC.
Publié le 17/02/2025 à 17h00


À deux jours du barrage retour de Ligue des champions face au PSG, mercredi (21 h), Grégory Lorenzi, le directeur sportif du Stade Brestois, a pris le temps d’expliquer à Ouest-France sa stratégie de recrutement. Celle qui est à la base des deux saisons historiques que vit le club.



Vous aviez été surpris l’été dernier par la difficulté d’attirer certains joueurs, malgré votre nouveau statut ?

On pensait qu’on allait être attractifs en faisant une compétition européenne, mais on s’est aperçus qu’il y avait un énorme décalage entre ce qu’on pouvait proposer sur la partie salariale et la réalité. C’est pour ça qu’on a pris le parti de rester sur des joueurs qui pouvaient nous apporter un plus en Ligue 1. Parce qu’encore une fois, le plus important, c’était de performer en championnat, et non pas en priorité sur la Coupe d’Europe. Mais les joueurs ont plutôt bien appréhendé cette compétition, le groupe a été compétitif sur la campagne européenne et arrive à être aussi compétitif sur le championnat et sur la Coupe de France.

Il faut que les gens comprennent qu’on peut recruter des bons joueurs, mais ça ne veut pas dire que l’alchimie va se faire. On essaie de créer un contexte qui fait qu’on arrive à être performant à la fois en championnat et sur la Coupe d’Europe. Je ne vais pas dire qu’on a fait un meilleur recrutement que les saisons précédentes. L’année dernière, on a recruté très peu de joueurs, et on a terminé troisième du championnat. Le recrutement, c’est la continuité d’un travail depuis des années et pas celui d’une semaine sur le marché des transferts.


Cette Ligue des Champions change-t-elle quelque chose dans le regard des joueurs que vous allez être amené à solliciter l’été prochain ?

C’est encore trop tôt pour connaître l’impact de notre campagne en Ligue des Champions sur le recrutement. Il faudra voir l’été prochain, quand on se positionnera sur des profils sur lesquels on a commencé à se pencher. Avant, on n’avait peut-être pas forcément l’attractivité. Donc oui, ça attire. On aura une oreille beaucoup plus attentive. Mais est-ce que ces joueurs pourront venir à Brest ? C’est encore trop tôt pour le dire. D’autant plus que je ne vais jamais dire, aujourd’hui, que le projet du club, c’est de faire l’Europe. C’est pour ça qu’il ne faut pas non plus se tromper.



L’arrivée de Justin Bourgault, c’est un peu l’exemple de ce que vous voulez faire à l’avenir : développer des jeunes à potentiel et les amener à maturité ?

Il y a toujours deux sortes d’investissements. Un investissement sur des joueurs de valeur reconnue, c’était le cas de Steve Mounié ou celui cet été de Ludovic Ajorque, qui vont nous apporter un plus. Et après, il est aussi indispensable de créer de la valeur sur des joueurs qui ont un potentiel à développer pour que le club puisse survivre financièrement. Ça fait partie du modèle économique du club. Depuis maintenant 6 ans qu’on est en Ligue 1, on est capable de vendre un joueur par an, et c’est ce qui nous permet d’équilibrer nos comptes à chaque bilan de fin de saison.


Vous avez aussi des joueurs qui n’ont pas toujours des parcours linéaires…

Aujourd’hui, les gens, dans le recrutement, se rassurent en prenant des joueurs qui sont dans des gros clubs ou qui ont un CV un peu costaud, ou qui viennent d’un championnat un peu plus important. C’est très français de dire : « Voilà, on a pris tel joueur, pour faire plaisir aux supporters ». On n’est pas là pour faire plaisir aux supporters, on est dans une réflexion pour construire un effectif. Aujourd’hui, moi, je n’ai pas peur d’aller chercher des joueurs de National. Peut-être qu’aujourd’hui, quand on est dans un club qui est un peu plus’’bling-bling’’, aller chercher un joueur de National, ça ne fait pas vendre des abonnements, ça ne fait pas écrire du papier.

Aujourd’hui, il y a des clubs qui ont beaucoup plus de moyens que nous sur le mercato, et ce n’est pas pour autant que ça fonctionne mieux sur le terrain. Et ça, c’est la peur du regard des autres. Moi, j’ai toujours été dans la même lignée : s’il fallait chercher un joueur de CFA ou de National, j’allais le chercher. On est un club qui doit faire évoluer des jeunes de division inférieure qui pourront devenir des très bons joueurs de Ligue 1. On l’a déjà montré, et il faut continuer ainsi.



Et peut-être passer un cap sur la formation interne ?

Bien évidemment, c’est un sujet qui est important pour nous, et ça l’a toujours été. On n’a pas délaissé le centre de formation, loin de là. Mais il y avait des choses qu’on n’était pas capable de pouvoir faire. On a la volonté d’améliorer certaines choses, parce que ce n’est pas suffisant en termes d’équilibre, alors que chez les pros ça fonctionne très bien. La formation, c’est être capable de pouvoir alimenter l’équipe professionnelle par des jeunes quand il y en a besoin, tout simplement.


Après avoir été mis en lumière, ne craignez-vous d’avoir beaucoup de joueurs très sollicités ?

C’est la loi du foot, des résultats. Forcément, il y a des joueurs qui seront peut-être sollicités, d’autres moins. Chaque année, on me dit que ça va être difficile. L’année dernière où on a fini 3es, on m’avait dit : ’les joueurs vont être sollicités, vous n’aurez plus d’équipe, ça va être compliqué, la Coupe d’Europe’. Et puis cette année, comme par hasard, ça se passe bien, on a des résultats.

C’est un éternel recommencement. Ce sera à nous de faire les bons choix, les bonnes analyses, parce qu’il ne faut pas oublier qu’il y a des gros problèmes financiers, en termes de droits télé. Il faut s’en inquiéter, il y a peut-être des clubs qui, aujourd’hui, sont en cessation de paiements. Ça sera peut-être difficile pour continuer à assumer les salaires. On est dans un vrai questionnement sur l’industrie du football. Aujourd’hui, à Brest, il y a des résultats. Le projet sportif est important, mais après, il y a le projet club, qui est de continuer à évoluer dans le monde professionnel, parce qu’aujourd’hui, ça peut devenir de plus en plus compliqué.

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