Juliette Roussel
Une bien meilleure copie pour l'Italie. Le déficit public italien s'est réduit davantage que prévu en 2024 : il représente désormais 3,4 % de produit intérieur brut (PIB), a annoncé ce lundi l'Institut national des statistiques (Istat). Ce ratio est inférieur aux prévisions du gouvernement de Giorgia Meloni, qui tablait sur un déficit de 3,8 % de PIB et à celles de la Commission européenne qui l'estimaient encore à 4,3 % à l'automne.
Une amélioration d'autant plus notable que celui-ci s'était établi à 7,2 % en 2023. Et qui contraste avec le résultat attendu pour la France, à savoir un déficit autour de 6 % de PIB en 2024 (l'Insee publiera les résultats à la fin du mois), après 5,5 % en 2023. Selon les prévisions de la Commission européenne, la France aurait ainsi le déficit public le plus élevé des 20 pays de la zone euro (devant la Slovaquie), dont le déficit en moyenne serait ramené à 3 %. Parmi les 27 membres de l'UE, seule la Roumanie ferait pire.
Pendant longtemps, la France a pu se réfugier derrière la comparaison avec son voisin italien, dont le déficit oscillait entre 7 % et 9 % de PIB entre 2021 et 2023. Désormais, c'est donc la France qui est le mauvais élève de l'Union européenne, avec deux années de dérapage incontrôlé du déficit. L'agence S&P vient de placer le pays sous perspective négative, et la France doit impérativement respecter cette année la cible de déficit de 5,4 % de PIB. Mais même à ce niveau-là, l'Hexagone restera en queue de peloton.
Comment expliquer cet inversement des positions entre les deux pays ? L'année dernière, le déficit italien pâtissait des coûts de son dispositif de « superbonus » à la rénovation énergétique, mal pensé. Ce dispositif prenait la forme d'un crédit d'impôt s'étalant sur cinq ans. Il était égal à 110 % du montant de l'investissement et était transférable. « Comme les incitations fiscales étaient très généreuses, la révision du déficit public 2020-2022 s'est avérée extrêmement importante, s'élevant au total à environ 80 milliards d'euros, soit 4,3 % du PIB en cumulé », indiquait Nicola Nobile, économiste chez Oxford Economics, aux « Echos » en mars 2023.
Au total, le dispositif aurait coûté quelque 200 milliards d'euros à l'Italie ! Maintenant que ses effets commencent à se dissiper, sa disparition révèle une économie italienne qui tient mieux la route, même si la situation reste fragile. La hausse du taux d'activité et la lutte contre l'évitement fiscal, renforcée sous Giorgia Meloni ont contribué à faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'Etat.
De quoi entrevoir un avenir plus radieux : le gouvernement italien affirme pouvoir ramener son déficit dans les clous d'ici à 2026, à 2,8 %. Légèrement en dessous du plafond de 3 % fixé par le pacte de stabilité européen, alors que la France estime ne pas pouvoir le faire avant 2029.
En termes de croissance, la position italienne est moins favorable. Selon l'Istat, la croissance économique italienne a certes été revue légèrement à la hausse à 0,7 % en 2024, mais c'est inférieur à la progression de l'économie française. Pour 2025, le gouvernement de Giorgia Meloni prévoit une croissance de 1,2 %, contre 0,9 % en France, mais les experts jugent que ce niveau sera difficile à atteindre.
Visée par une procédure européenne pour déficit public excessif, l'Italie reste sous forte pression pour redresser ses comptes et baisser son énorme dette publique qui représente 137 % du PIB et frôle les 3.000 milliards d'euros - contre 3.300 milliards d'euros pour la France.