Ren Takahashi est né dans une famille modeste à Osaka, où les épreuves ont fait partie intégrante de sa vie dès son plus jeune âge. Son père, un homme strict et parfois violent, l’a forgé dans un environnement où la force et la résilience étaient essentielles pour survivre. Très tôt, Ren a compris que pour avancer, il devait se battre pour tout. Il n’a jamais eu l’opportunité de poursuivre de longues études, se retrouvant à travailler dans des emplois peu rémunérés dès l’âge de 16 ans. Cependant, la boxe a été un véritable exutoire pour lui. Ce sport, où il a trouvé une manière de canaliser sa colère et son besoin de prouver sa valeur, est rapidement devenu un pilier dans sa vie.
À 20 ans, alors que Ren pensait avoir trouvé un équilibre fragile dans sa vie, la tragédie est venue bouleverser son monde. Sa sœur cadette, Emi, âgée de seulement 14 ans avec qui il avait une relation profondément fusionnelle, a été diagnostiquée avec la fibrose cystique, une maladie génétique rare et incurable qui dégrade lentement les poumons. Emi était plus qu’une simple sœur pour lui, elle était son soutien émotionnel, son unique véritable famille après des années d'absence affective de la part de leur père. Son dévouement à sa sœur et sa volonté de l'aider à surmonter cette épreuve étaient sans limites.
Les deux années qui ont suivi ont été un combat permanent. Ren se battait, non seulement pour subvenir aux besoins de la famille, mais aussi pour apporter un peu de lumière dans la vie d'Emi, en la soutenant autant qu’il le pouvait, même si à l’intérieur, il se sentait de plus en plus impuissant. Le moment où Emi est décédée, à seulement 16 ans, a été un coup de poignard dans le cœur de Ren. La douleur de la perdre a été accablante, et il s’en voulait de ne pas avoir pu la sauver, de ne pas avoir pas trouvé de solution pour la guérir. Cette culpabilité l’a marqué profondément, et il n’a jamais pu vraiment s’en défaire.
Après la mort d’Emi, Ren a dû assumer seul la responsabilité de sa mère, qui était tombée dans une dépression sévère, perdue dans sa propre douleur. Ren, quant à lui, s’est enfermé dans une forme de solitude protectrice, cherchant à masquer sa souffrance derrière une façade de stoïcisme et de calme. Il a trouvé un emploi de gérant dans un club appelé le Velvet, un établissement ayant des liens avec des activités douteuses, mais il s’en est toujours tenu à son rôle, évitant de se mêler des affaires plus sombres. Travailler dans ce milieu lui offrait une certaine autonomie et une stabilité financière, mais chaque jour passait dans un état de torpeur, Ren n’arrivant plus à se réjouir de quoi que ce soit.
Sa douleur restait présente, mais cachée sous une couche de silence. Chaque mois, il faisait un don discret à l’association "Vaincre la Mucoviscidose", luttant ainsi contre la maladie qui avait emporté sa sœur, dans un dernier hommage à Emi. Ce geste, silencieux et intime, était la seule manière pour lui d'exprimer son amour pour elle et de garder un lien avec sa mémoire. Mais il ne se permettait pas de s'attarder sur le passé. Pour lui, avancer signifiait faire abstraction de la souffrance, la refouler pour ne pas se laisser engloutir par elle.
Ren est un homme de peu de mots, calme, réfléchi, souvent perçu comme distant. Derrière son regard sombre et ses traits marqués par le temps, on pourrait voir un homme marqué par des cicatrices invisibles. Il a appris à lire les gens sans qu’ils aient besoin de parler, à percevoir la souffrance cachée derrière les sourires forcés. Il est pragmatique, ne s’impliquant pas dans les problèmes des autres, mais toujours prêt à tendre la main à ceux qui en ont besoin, sans jamais en faire étalage. Il préfère agir dans l’ombre, loin des projecteurs, tout en s’assurant de toujours garder une distance émotionnelle.
Il s’est fait tatoué une épée brisée, un symbole de ce qu’il est devenu. La lame, bien que cassée, reste fonctionnelle, tout comme lui. Marquée, fissurée par les épreuves de la vie, mais toujours capable de couper. Cette épée est une représentation de sa résilience, de sa capacité à continuer d’avancer malgré la douleur, mais aussi de la fragilité qu’il cache profondément en lui. Il sait que tout ce qu’il a traversé l’a changé à jamais, mais au fond de lui, il se refuse à s’effondrer complètement. Il préfère rester debout, même si c’est difficile.
Ren n’a jamais trouvé la paix, mais il a appris à vivre avec ses démons. Il garde pour lui la douleur de la perte, mais il la transforme en quelque chose de plus grand, en un moteur pour avancer. Il sait que la vie continue, que le temps ne s’arrête pas, mais il n’oubliera jamais Emi. Ses actions, ses choix, son silence, tout cela est fait en son hommage. Chaque jour, il porte le poids de sa perte, mais d’une manière silencieuse et inébranlable.