Hae-Jin naquit dans un petit village coréen, caché au cœur des montagnes, un endroit à la fois magnifique et isolé. Le village vivait selon des traditions séculaires, loin du monde moderne. Son enfance était marquée par l’innocence des premières années de vie, mais cette innocence fut brisée dans un bain de sang.
À l’âge de huit ans, Hae-Jin fut témoin du massacre de sa famille. Des créatures monstrueuses, mi-hommes, mi-bêtes, attaquèrent son village sans avertissement, tuant sans pitié. Dans la panique et la confusion, Hae-Jin se cacha dans la cave de sa maison, restant là, pétrifié, écoutant les cris de ses proches. Lorsque le calme revint, il sortit pour découvrir la scène de carnage : des corps déchiquetés, des ruines fumantes, et une absence effrayante de vie.
Il n’éprouva ni peur ni douleur, seulement un vide absolu. Aucun cri ne sortit de sa gorge, aucun lamento ne franchit ses lèvres. C’était comme si, au fond de lui, quelque chose avait été coupé. La perte de sa famille ne semblait pas plus importante que la perte d’un simple objet, une abstraction. Il erra alors dans les montagnes, seul et sans but, pendant des jours, jusqu’à ce qu’il croise un groupe de chasseurs, emportés par une mission. Parmi eux, il y avait Harlan Van Arden, un patriarche respecté de la lignée des chasseurs de créatures surnaturelles.
Harlan, bien qu'il fût un homme dur et pragmatique, perçut rapidement quelque chose de différent chez ce garçon. Loin de l’apparente vulnérabilité d’un enfant qui venait de perdre sa famille, Hae-Jin semblait animé d’une calme inquiétant. Il se mouvait avec une précision dérangeante, presque trop parfaite, comme un être qui avait vu des choses que personne ne pouvait comprendre. Mais ce n’était pas son apparence physique qui frappait Harlan. C’était sa manière d’être. Un froid intérieur, une distance émotionnelle qui ne pouvait être expliquée par la simple tragédie.
Harlan décida de l’adopter, le prenant sous son aile comme un fils, mais leur relation ne fut jamais celle d’un père et de son enfant. Hae-Jin ne chercha jamais à s’intégrer à la famille Van Arden. Il respectait Harlan, mais il ne lui vouait aucune gratitude ni aucune affection. Il n’était pas comme les autres enfants de la maison. Tandis que les autres membres de la famille cherchaient à tisser des liens, à prouver leur valeur, Hae-Jin se contentait de se faire une place par sa seule présence, par son efficacité.
Il surpassa tous les autres chasseurs en peu de temps. Il n’avait pas besoin de s’entraîner des heures pour devenir plus fort, plus rapide, plus intelligent. C’était comme si ses capacités étaient innées, comme si son corps et son esprit avaient été façonnés pour la guerre, pour tuer. Il utilisait une épée légère et rapide, mais son véritable pouvoir ne résidait pas dans ses armes. Non, c’était quelque chose de plus insidieux. Une sorte d’instinct supérieur, une capacité surnaturelle à ressentir la présence des créatures, à savoir où et comment frapper. Il n’avait jamais raté une cible. Et ça, c’était ce qui effrayait et fascinait Harlan en même temps.
Mais ce pouvoir avait un prix. Hae-Jin n’était pas comme les autres membres de la famille. Il était un spectre parmi des vivants. Aucun d’eux ne comprenait ses motivations, ses attentes. Les autres le craignaient, mais aussi l’admiraient. Il était le plus grand chasseur, mais il n’en avait que faire. À ses yeux, il n’était rien de plus qu’un outil, une arme qui devait remplir une mission, sans questions, sans sentiments. Il ne recherchait pas la gloire, ni la reconnaissance. Il ne voulait ni être aimé ni être admiré. Tout ce qu’il désirait, c’était une vérité qu’il ne pouvait atteindre : comprendre ce qui le rendait si différent.
À chaque créature qu’il éliminait, une partie de lui se sentait vidée, comme si un morceau de son âme était arraché à chaque combat. Mais il n’arrivait pas à s’arrêter. Quelque chose l’appelait, quelque chose dans les ténèbres qui l’entouraient et qu’il ne pouvait comprendre. Il savait que cette faim, ce vide en lui, venait de quelque chose d’autre, quelque chose qu’il avait du mal à accepter. Il n’était pas humain, pas tout à fait.
Un soir, Harlan, en voyant les fissures dans le masque de son fils adoptif, l’amena dans un coin isolé de la maison. Ce n’était pas un secret que Harlan avait l’intention de confier, mais une vérité qu’il pressentait, qu’il ressentait au plus profond de lui : Hae-Jin n’était pas simplement un enfant adopté. Il n’était pas seulement un survivant. Il y avait quelque chose de bien plus ancien, de plus ancien que le sang des Van Arden, qui résidait en lui. Harlan en avait vu des signes, mais il n’était pas prêt à tout révéler. Pas encore.
Hae-Jin, toujours aussi distant, n’avait jamais posé de questions. Il savait qu’il y avait une vérité cachée en lui, mais il n’avait pas l’intention de la chercher. Il vivait avec ce poids, une étrangeté qu’il dissimulait sous sa froideur, sa maîtrise apparente. Les autres membres de la famille, particulièrement Elias, commençaient à ressentir une jalousie grandissante. Pourquoi Hae-Jin était-il toujours plus performant, plus rapide, plus précis qu’eux ? Pourquoi était-il toujours celui qui surpassait les autres sans même chercher à prouver quoi que ce soit ?
Cette jalousie, cependant, ne dérangeait pas Hae-Jin. Il ne cherchait pas à gagner l’affection de ses frères et sœurs adoptifs. Pour lui, les liens familiaux étaient insignifiants. Mais une partie de lui ressentait une frustration inavouée. Pourquoi n’arrivait-il pas à comprendre qui il était vraiment ? Qu’est-ce qui l’avait façonné ? Pourquoi la solitude, le vide, étaient-ils si familiers ?
Le secret de sa véritable nature restait enfoui, dissimulé sous des couches de contrôle et de retenue. Mais chaque chasse, chaque mission, chaque cible abattue le rapprochait un peu plus de la vérité. Et plus il traquait les créatures, plus il se sentait devenir une créature lui-même, un monstre dissimulé sous une peau humaine. Il savait que son secret ne pourrait pas rester caché éternellement. Mais il n’était pas prêt à faire face à la vérité. Pas encore.
Dans cette version, l’histoire de Hae-Jin est enrichie de ses luttes intérieures et de ses questionnements. Il se sent de plus en plus détaché des autres, tout en ayant une compréhension profonde de son propre isolement. L’histoire de son passé et de sa survie est explorée de manière plus émotionnelle, avec un accent sur sa quête de réponses et son incapacité à comprendre ce qui fait de lui un être à part. La relation avec Harlan, son père adoptif, reste centrale, mais toujours teintée de mystère et de non-dits. Les tensions avec les autres membres de la famille Van Arden sont aussi explorées, donnant une dimension supplémentaire à son isolement au sein de cette famille.