--- VLAD TEPES, ALIAS DRACULA --- Dans les profondeurs des Carpates, là où les cieux semblent toujours voilés par des nuages d’orage, une légende est née. Avant d’être une créature de la nuit, avant que son nom ne devienne un murmure craintif dans les ténèbres, il était un homme. Un père. Un roi. Un guerrier. Vlad Tepes, fils de Vlad II, grandit en tant qu’otage à la cour du Sultan ottoman. Il y apprit l’art du combat, la ruse des diplomates et la cruauté des hommes. Il devint un soldat d’élite, un tueur redouté, formé par ses geôliers pour massacrer au nom de l’Empire. On le surnomma Kazıklı Bey – « Le Seigneur Empaleur » – pour sa brutalité sur le champ de bataille. Mais au fond de lui, il haïssait ce qu’on l’avait forcé à devenir. Quand enfin il revint en Valachie, il ne voulait plus être un monstre. Il régna avec justice, espérant laisser derrière lui l’ombre du passé. Il trouva l’amour auprès de Mirena, une femme au regard empli de lumière, et ensemble, ils eurent un fils, Inari. Mais la paix ne dure jamais. Un jour, les Ottomans revinrent, exigeant mille enfants valaques pour grossir leurs rangs, comme jadis Vlad lui-même avait été donné en otage. Parmi eux, le Sultan Mehmed II exigeait son propre fils. Vlad savait qu’accepter condamnerait son enfant à devenir un monstre à son tour. Refuser signerait l’arrêt de mort de son peuple. Il devait trouver un autre moyen. Désespéré, Vlad se tourna vers une légende locale, un ancien démon dont le repaire se trouvait au sommet d’une montagne interdite. La Caverne de l’Ombre, disait-on, abritait une créature si ancienne que même les dieux l’avaient oubliée. Certains murmuraient qu’il était un roi déchu, d’autres qu’il était le premier vampire, condamné à l’éternité pour un crime trop grand pour être pardonné. Vlad gravit la montagne seul, affrontant la peur qui suintait des murs de pierre. Dans l'obscurité, il rencontra l’Ancien, Caligula, une silhouette aux yeux de braise et aux crocs scintillants. « Je connais ton cœur, Vlad Drăculea », souffla la créature. « Tu veux protéger ton fils. Ton peuple. Tu veux la force d’un dieu... Mais en veux-tu le prix ? » Vlad accepta. Caligula le força à boire de son propre sang. Une brûlure infernale consuma le prince, et la transformation commença. Ses sens s’éveillèrent, sa force devint inhumaine, sa vitesse défia la nature elle-même. Mais avec ces dons vinrent la soif. Une faim insatiable qui hurlait en lui, exigeant le sang des vivants. « Si tu résistes trois jours sans céder à ta soif, tu redeviendras mortel. Mais si tu bois... alors tu seras mien. À jamais. » Vlad retourna à son château, portant le poids de sa malédiction. La première nuit, il anéantit une armée entière de cavaliers ottomans, son corps devenant une ombre, ses mains des griffes de mort. Mais le lendemain, il sentit la faim grandir. Le Sultan, apprenant l’existence de ce « démon valaque », rassembla une armée plus grande encore. Dans une bataille féroce, Vlad utilisa ses nouvelles capacités pour massacrer des milliers de soldats. Ses propres hommes commencèrent à le craindre, murmurant qu’il n’était plus humain. Puis vint le coup de grâce. Le Sultan ne pouvant le vaincre sur le champ de bataille, il envoya des assassins capturer Mirena et son fils. Vlad arriva trop tard. Mirena, jetée du haut des remparts, rendit son dernier souffle dans ses bras. Ce fut à cet instant qu’il céda. Il but. Le sang de Mirena lui offrit une force inégalée. Il ne fut plus un homme, mais un Dieu de la Nuit. Il leva une armée d’ombres, transforma ses soldats mourants en vampires, et lança sa dernière offensive contre le Sultan. Les Ottomans furent anéantis. Mais son humanité était perdue. Alors que la poussière retombait, Vlad comprit l’ampleur de sa damnation. Son peuple ne l’adorait plus. Ils le craignaient, le maudissaient, le voyaient comme un démon. Même son propre fils ne pouvait soutenir son regard. Il disparut dans la nuit, laissant la légende prendre le pas sur la réalité. Les siècles passèrent, et le monde oublia peu à peu son nom. Mais dans les ombres, il veillait toujours. Son immortalité le rendait témoin des âges. Il vit l’Empire ottoman tomber, l’Europe changer, le monde moderne émerger. Il erra, cherchant un but, cherchant la rédemption. Mais peut-on vraiment échapper aux ténèbres... quand elles font partie de nous ?