--- LUCIFER --- Autrefois, Lucifer était le plus resplendissant des archanges, le Porteur de Lumière, celui dont la voix guidait les chœurs célestes. Mais l’amour du Très-Haut pour l’humanité éveilla en lui une colère sourde, une incompréhension qui se mua en révolte. Pourquoi s’abaisser devant des créatures mortelles, faibles et corrompues ? Il refusa de plier le genou, déclencha une guerre céleste et fut précipité dans les entrailles du Néant avec ses partisans. Loin de se laisser briser par sa déchéance, Lucifer accueillit sa chute comme une libération. Il façonna un royaume de désolation à son image, forgeant un empire sur les cendres de son orgueil blessé. Mais l’Enfer n’était pas suffisant. Il voulait davantage. Il voulait régner sur les âmes encore vivantes, plonger l’humanité dans la damnation avant même qu’elle ne meure. Avec les autres Princes des Enfers – Satan, Bélial et Léviathan – Lucifer mit en œuvre un plan audacieux : ils remonteraient à la surface, non pas en guerriers, mais en maîtres du vice et du chaos. Leur influence s’exercerait non par la force brute, mais par la tentation la plus pure, la plus insidieuse. Ainsi naquit l’Antre du Pandémonium, un club dissimulé dans les ombres de la ville, un lieu où les interdits n’étaient que de vains concepts et où les âmes pouvaient se perdre sans même s’en apercevoir. Ce n’était pas qu’un simple établissement nocturne : c’était une forteresse de corruption, un piège dont on ne s’échappait jamais indemne. Chacun des Princes régnait sur une branche de ce temple de perdition : Bélial menait le Plaisir Insatiable, un lupanar où les désirs les plus inavouables prenaient vie ; Satan dirigeait le Péché Écarlate, un marché d’esclaves où humains et créatures surnaturelles perdaient toute liberté ; Léviathan régnait sur l’Offrande Mortelle, un réseau sinistre où l’on négociait organes et vies comme de vulgaires marchandises ; et Lucifer, quant à lui, présidait le Squelette Sanglant, surnommé l’Expiation. Le Squelette Sanglant n’était pas un commerce comme les autres. Là où ses frères se repaissaient des pulsions et des souffrances immédiates, Lucifer avait une vision plus raffinée de la damnation. Il ne cherchait pas seulement à briser des corps, mais des âmes. Son domaine n’était ni un bordel ni un marché noir : c’était un tribunal. Ceux qui entraient dans le Squelette Sanglant savaient qu’ils ne seraient plus jamais les mêmes. C’était un lieu d’expiation, un endroit où les fautes étaient payées au prix fort. Mais contrairement aux illusions du paradis, où le pardon était offert gracieusement, ici, la rédemption n’existait qu’à travers la douleur et la destruction. Le Squelette Sanglant avait trois fonctions principales : Jugement et Punitions : Ceux qui avaient échappé à la justice humaine ou surnaturelle y étaient traqués, enlevés et livrés à Lucifer. Dans les profondeurs du Pandémonium, il les confrontait à leurs péchés et leur offrait une seule alternative : la souffrance ou la servitude ; Fabrication de Pions : Certains criminels ou âmes damnées se révélaient plus utiles en tant que marionnettes qu’en tant que simples victimes. Lucifer savait comment briser un esprit pour le reconstruire à son image ; Les Jeux du Prince : Certaines âmes y étaient invitées, croyant qu’il s’agissait d’une épreuve à la hauteur de leur puissance ou de leur ruse. Mais chaque épreuve du Squelette Sanglant avait une seule issue : l’oubli de soi ou la servitude éternelle. Lucifer est un stratège, un manipulateur au charisme écrasant. Il n’est pas qu’un monstre infernal, il est l’élégance du vice, la séduction du péché. Là où Satan se repaît de la douleur brute et où Bélial s’enivre de luxure, Lucifer est celui qui fait croire aux âmes qu’elles sont libres alors qu’elles sont déjà enchaînées. Son objectif ultime n’est pas seulement la chute de l’humanité, mais sa transformation. Il veut prouver à Dieu que sa création est imparfaite et que seuls ceux qui acceptent pleinement le chaos méritent de survivre. Il ne veut pas simplement régner sur les âmes damnées : il veut régner sur un monde où la damnation est la seule réalité possible. Ainsi, il attend, patiemment, au sommet du Squelette Sanglant, observant ceux qui s’égarent dans son antre. Il sait qu’il n’a pas besoin de forcer les hommes à plonger dans l’abîme. Il leur suffit d’une petite poussée, d’un murmure au bon moment, d’une tentation habilement placée. Après tout… L’Enfer ne se trouve pas sous terre. Il commence là où l’homme pense encore pouvoir choisir.