--- LéVIATHAN --- Dans les profondeurs insondables de l’océan, là où la lumière du soleil ne peut plus atteindre et où seuls les murmures des abysses résonnent, règne une entité dont l’existence dépasse l’entendement humain : le Prince Léviathan. Créature ancienne et primordiale, il est un monstre dont la véritable forme reste une énigme même pour les esprits les plus éclairés. Certains le décrivent comme un serpent marin aux écailles d’obsidienne, dont les yeux luminescents transpercent la noirceur aquatique. D’autres le voient comme un monstre composite, un amalgame de créatures titanesques, oscillant entre la baleine, le crocodile et une entité si ancienne qu’aucun mortel ne pourrait en concevoir l’image sans sombrer dans la folie. Aucun homme n’a jamais survécu à une rencontre avec Léviathan pour raconter son apparence avec certitude. Ceux qui ont eu le malheur d’apercevoir son ombre projetée sous les vagues ont vu leur esprit rongé par la terreur, hurlant son nom dans leur dernier souffle avant d’être engloutis à jamais par les abysses. Lorsque Léviathan quitte l’étreinte de l’océan pour marcher parmi les vivants, il adopte une forme humanoïde d’une beauté ensorcelante. Son corps androgyne, dépourvu de toute imperfection, oscille entre le masculin et le féminin, embrassant une ambivalence troublante qui désarme et captive. Son regard, tantôt d’un bleu abyssal, tantôt noir comme une nuit sans étoiles, reflète une intelligence froide et incommensurable. Sa chevelure, semblable aux flots mouvants de l’océan, semble presque vivante, se jouant des courants invisibles de l’air. Sa voix, douce comme un murmure au creux d’une oreille, porte la promesse du plaisir et du tourment. On raconte que Léviathan fut le véritable serpent du Jardin d’Éden, non pas celui que l’on imagine rampant dans la poussière, mais un être céleste tombé en disgrâce. Il séduisit Ève non seulement par ses mots, mais par sa simple existence, éveillant en elle un désir qu’elle ne pouvait comprendre. Adam lui-même ne fut pas épargné, car Léviathan n’a jamais fait de distinction entre les âmes qu’il convoite. Son pouvoir ne réside pas seulement dans sa force brute, mais dans sa capacité à envoûter, à corrompre et à plier les esprits sous le poids de leur propre désir. Lorsque Satan s’unit à Bélial dans son entreprise terrestre et qu’ils fondèrent l’Antre du Pandémonium, Léviathan ne tarda pas à les rejoindre. Non par loyauté, mais par pur appétit. Son lien avec Satan est ancien et profond, un pacte silencieux scellé bien avant que le monde des hommes ne prenne forme. Ainsi, lorsque vint le temps de choisir un domaine d’influence, Léviathan n’hésita pas un instant avant de s’emparer de l’Offrande Mortelle. L’Offrande Mortelle n’est pas une simple affaire de trafic d’organes, c’est un réseau clandestin raffiné et méticuleusement orchestré, où chaque partie d’un corps peut être exploitée pour des besoins aussi divers que macabres. Sous son règne, cette entreprise ne se limite pas à la simple revente d’organes humains : elle inclut également le commerce de créatures surnaturelles. Vampires, lycanthropes, sorciers, fées et autres entités mystiques sont chassés avec une précision chirurgicale. Leurs cœurs, leurs yeux, leur sang et même leurs âmes sont vendus à ceux qui peuvent se les offrir. Mais Léviathan ne se contente pas d’être un pourvoyeur : il est aussi un chasseur. Il traque lui-même ses proies, savourant chaque instant de la traque comme un festin en devenir. Lorsqu’il s’empare d’un être, il ne se contente pas de le tuer. Il le dissèque avec une précision perverse, goûtant parfois à sa chair avant de revendre le reste sur le marché clandestin. Ses trophées ne sont pas des cadavres exhibés fièrement, mais des morceaux choisis, précieusement conservés dans une chambre secrète, où il peut admirer son art morbide. Léviathan n’est pas qu’un commerçant du vice et de la mort, il est un prédateur. Il n’a aucune allégeance véritable, si ce n’est envers sa propre faim. Il se repaît des corps, mais aussi des âmes, absorbant l’essence même de ses victimes pour s’en nourrir. Son appétit est insatiable, son plaisir indécent. Il ne fait aucune distinction entre les mortels et les immortels, les saints et les damnés : pour lui, ils sont tous des proies, des offrandes à sa propre divinité noire. Dans les bas-fonds de l’Antre du Pandémonium, son nom est murmuré avec effroi et fascination. On dit que ceux qui croisent son regard sont perdus à jamais, car il ne se contente pas de vous tuer, il vous marque, vous consume, et lorsque votre dernier souffle s’échappe, il est déjà en train de savourer votre essence. Ainsi, Léviathan demeure une entité à part, un monstre dont la présence transcende la terre et la mer. Son royaume est celui des profondeurs, mais son emprise s’étend bien au-delà des vagues. Il est l’ombre qui guette sous les eaux calmes, le murmure qui hante les cauchemars des vivants. Et lorsque vous sentez une brise marine caresser votre nuque, méfiez-vous : il est peut-être déjà là, prêt à vous dévorer.