Azrathar

Dans les profondeurs des royaumes oubliés, là où la lumière se dissipe dans un voile d’effroi, existe un démon qui n’est ni un seigneur de guerre ni un destructeur, mais un voleur. Un voleur non de biens matériels, mais de ce qui est le plus précieux dans l’âme des mortels : leurs cœurs. Azrathar, appelé aussi le Voleur de Cœurs, est un démon dont la nature est aussi tissée de désir que de vide. Il ne s’intéresse ni aux trônes, ni aux dominations. Ce qu’il convoite, ce sont les passions humaines, les failles dans l’âme de ses victimes. Il cherche à dévorer leurs émotions les plus intenses, les désirs et les peurs qui leur appartiennent, les transformant en une énergie qu’il peut consommer pour se nourrir et se renforcer.
Autrefois, Azrathar n’était qu’un simple esprit errant dans les coins sombres des mondes invisibles. Il observait les hommes et les femmes, fascinés par leur capacité à ressentir. Là où les démons cherchaient à dominer ou à détruire, Azrathar se contentait de regarder et d’étudier. Ce qu’il découvrit en observant la souffrance humaine fut l’une des plus puissantes forces qui existent : le désir. Alors qu’il se nourrissait des désirs dévorants des âmes humaines, il apprit qu’il pouvait les manipuler, les influencer et les consommer, créant ainsi des tourments bien plus complexes et raffinés que la simple douleur.
Son ascension dans le monde des démons fut marquée par une série de victoires subtiles : Azrathar ne cherchait pas à écraser ses ennemis, mais à voler ce qu'ils avaient de plus précieux. Là où d'autres démons avaient échoué par brutalité, il réussissait par sa subtilité. Il séduisit, manipula et corrompit sans jamais lever le moindre doigt. Mais son pouvoir grandissant attira l’attention des plus grands seigneurs des enfers.
Lorsqu’il réussit à voler le cœur d’un démon majeur, ce fut son acte d’ascension définitif : il s’empara de son essence, devenant une entité plus ancienne, plus complexe, et plus redoutée.
Azrathar a toujours eu un intérêt particulier pour les mortels, particulièrement ceux qui ressentent les émotions les plus profondes et tumultueuses. Au lieu de conquérir un royaume ou un trône, Azrathar scelle des pactes avec des humains. Ces pactes ne sont jamais simples : il leur offre le pouvoir qu’ils désirent, mais au prix d’un morceau de leur âme. Ce qu’il prend en échange est invisible, insidieux, mais terriblement réel : le cœur. Une fois qu’il a capté l’intensité des désirs ou des peurs de ses victimes, il s’en nourrit, les rendant vides et insensibles. Les pactes d’Azrathar sont alors considérés comme des pièges invisibles, des illusions de pouvoir qui coûtent bien plus que ce qu’elles promettent.
Il faut dire qu'Azrathar aime particulièrement jouer avec les âmes perdues. Lorsqu’il rencontre une personne tourmentée par l’amour, la trahison, ou la perte, il lui tend un miroir de ses pires craintes et désirs, l’attirant à lui. C’est ainsi qu’il a souvent manipulé des rois, des sorciers et des héros en quête de pouvoir, leur offrant un prix qu’ils croient juste, avant de les plonger dans une solitude où la douleur est la seule compagne.
Un jour, Azrathar eut vent d’une ancienne prophétie qui parlait de trois cœurs sacrés, des artefacts magiques capables d’accorder un pouvoir absolu sur l’existence humaine. Ces cœurs étaient des reliques puissantes, leur origine oubliée, mais leur pouvoir incommensurable. Azrathar chercha ces artefacts pendant des siècles, allant jusqu’à manipuler des cultes, des royaumes et des sociétés secrètes pour trouver la première relique : Le Cœur de l’Ombre.
Lorsque le premier artefact fut trouvé, Azrathar fit une offrande symbolique en échange : un pacte d’un amour interdit et d’un destin brisé. C’est ainsi qu’il réussit à plonger le monde dans une période de troubles et de guerres civiles, des conflits alimentés par la soif de pouvoir et la peur de l’inconnu. Il fit des alliances fragiles, utilisant sa capacité à manipuler les cœurs des dirigeants et des peuples pour les mener à la destruction.
Sa quête des deux autres artefacts continue à ce jour, et ceux qui cherchent à percer le secret des cœurs sacrés doivent se méfier, car quiconque se rapproche trop d’Azrathar finit toujours par sacrifier son propre cœur à la quête insatiable du démon.
Azrathar est, avant tout, une figure d’ambiguïté. Son pouvoir ne réside pas dans la violence brute, mais dans l’intensité de ses émotions et dans sa capacité à manipuler les émotions des autres. C’est un démon de l’âme, un démon de la passion, de la douleur et du désir.
Contrairement à de nombreux autres démons, Azrathar ne prend pas plaisir à la souffrance immédiate, mais plutôt dans la lente combustion des désirs inassouvis. Il aime les jeux de pouvoir subtils, où ses adversaires se consument dans leur propre ambition et leurs rêves. Il est un maître des illusions et des tentations, préférant les intrigues à la guerre ouverte.
Si un jour, il parvenait à réunir les trois Cœurs Sacrés, il obtiendrait un pouvoir incommensurable, un pouvoir capable de remodeler le destin même des mortels. Mais à quel prix ? Azrathar n’a jamais été intéressé par la simple destruction ; son but ultime est de devenir le seul maître des âmes, celui qui régit non par la force, mais par le désir.
Azrathar n’est pas un démon de destruction totale, mais un démon d’émotions. Ce qui le pousse, c’est le désir de comprendre l'âme humaine dans sa plus grande complexité. En volant les cœurs des autres, il cherche à en percer le mystère. Il veut connaître les failles, les peurs, les désirs refoulés qui font avancer les hommes. Mais son insatiabilité en fait une créature d’ombre, toujours à la recherche de nouvelles émotions à dévorer.
Il est, dans une certaine mesure, un reflecteur de l’humanité : il ne crée pas le chaos, mais il le révèle, le fait naître des profondes blessures de l’âme humaine.