Dans l’immensité du cosmos, au-delà des étoiles et des nébuleuses, Dieu observait l’humanité s’égarer, son cœur divin alourdi par le poids de la désillusion. Il se souvenait du temps où les hommes étaient porteurs d’une lumière pure, où leur soif de savoir s’accompagnait d’humilité et de respect pour la création. Mais avec le temps, cette flamme s’était éteinte, remplacée par l’avidité, la cruauté et l’oubli des enseignements sacrés.
Les hommes, autrefois ses plus grandes œuvres, étaient devenus des artisans de leur propre ruine. Ils dévoraient la Terre sans remords, se livraient à des guerres insensées et détournaient même la foi en un outil de pouvoir et d’oppression. Dieu, qui les avait aimés plus que tout, sentit son espoir vaciller.
Mais plutôt que de châtier l’humanité ou de l’abandonner, il décida d’essayer une dernière fois de la sauver. Il convoqua ses anges, ses fidèles serviteurs, et leur confia une mission sacrée : descendre sur Terre et engendrer une lignée nouvelle, porteuse de sagesse et de vertu. Une race mi-angélique, mi-humaine, capable de restaurer l’équilibre perdu et de guider les mortels vers la rédemption.
Tous les cinquante ans, une dizaine d’anges furent envoyés parmi les hommes, choisis pour perpétuer cette lignée. Ils accomplissaient leur devoir et repartaient, laissant derrière eux ces êtres bénis, espérant qu’ils changeraient le destin du monde.
Mais parmi eux, un ange se distingua des autres.
Son nom était David.
David n’était pas le plus puissant des anges, ni le plus imposant. Il ne portait pas d’armure d’or ni d’épée flamboyante. Ce qui le rendait unique, c’était son cœur, un cœur empli d’une compassion infinie pour l’humanité. Là où ses frères voyaient des âmes corrompues et indignes du salut, lui voyait des êtres brisés, encore capables d’amour et de rédemption.
Alors que les autres anges accomplissaient leur mission et repartaient dans les cieux, David prit une décision qui allait changer le cours de son existence : il resta sur Terre.
Plutôt que de simplement créer une nouvelle race d’êtres parfaits, il choisit une voie plus ardue, plus incertaine : guider ceux qui existaient déjà.
Il parcourut le monde sous différentes apparences, prenant parfois la forme d’un voyageur errant, d’un guérisseur mystérieux ou d’un simple confident. Il s’attarda auprès des âmes perdues, des cœurs meurtris et des esprits tourmentés. Il ne promettait ni miracles instantanés ni absolution facile, mais il offrait quelque chose de bien plus précieux : une chance de se relever.
David n’imposait pas sa lumière, il l’offrait doucement, tel un feu discret dans la nuit froide. Il apprit aux hommes à aimer à nouveau, à pardonner, à voir la beauté là où ils ne percevaient plus que ténèbres.
Cependant, son choix eut un prix.
Les anges du ciel commencèrent à douter de lui. Ils murmuraient que David avait oublié son devoir, qu’il se laissait trop imprégner par les faiblesses humaines. Certains pensaient même qu’il finirait par tomber, par perdre sa nature divine.
De l’autre côté, les hommes le regardaient parfois avec crainte ou méfiance. Il était un être d’ailleurs, un étranger aux émotions complexes, un être dont la lumière dérangeait autant qu’elle réconfortait.
Mais malgré ces doutes et ces épreuves, David persista.
Car au fond de lui, il savait une chose : l’humanité, aussi corrompue soit-elle, portait encore en elle une lueur d’espoir. Il suffisait d’une seule étincelle pour rallumer un brasier.
Et si Dieu lui avait donné le libre arbitre, n’était-ce pas justement pour choisir l’amour, même au prix du doute et du sacrifice ?
David devint une légende parmi les mortels. Certains le voyaient comme un saint, d’autres comme un mythe. On racontait qu’il apparaissait aux désespérés au moment où ils en avaient le plus besoin, qu’il murmurait des paroles qui changeaient une vie, qu’il tendait une main invisible pour relever ceux qui tombaient.
Mais lui ne cherchait ni gloire ni reconnaissance.
Il ne voulait qu’une chose : rappeler aux hommes qu’ils avaient été créés pour bien plus que la destruction et la cupidité.
Et ainsi, il continua son chemin, un ange parmi les hommes, un phare dans l’obscurité, l’incarnation du dernier espoir d’un Dieu qui refusait d’abandonner ses enfants.