--- IBREEL --- Ibreel émerge des eaux sombres comme une ombre vengeresse, ses traits délicats dissimulant une colère profonde. En tant que nixe, il incarne la dualité de son peuple : à la fois séduisant et dangereux, charmant et perfide. Mais son histoire, comme les abysses qu'il hante, est teintée de mystère et de tragédie. Né dans les eaux limpides d'un lac ancien, Ibreel fut autrefois un être de pure insouciance. Il dansait parmi les roseaux et jouait avec les reflets de la lune sur l'onde argentée. La musique des flûtes aquatiques et les chants des nixes étaient sa seule préoccupation. Mais cette harmonie fragile prit fin le jour où des humains, en quête de pouvoir, souillèrent les eaux sacrées. Les filets de sang et de cendres se mêlèrent à l’eau cristalline, brisant l’équilibre ancestral. Ibreel tenta de protéger son domaine, mais face à la cupidité des hommes, il fut impuissant. Les arbres millénaires qui bordaient le lac furent abattus, les nixes traqués et capturés pour leur chant envoûtant. En voyant ses semblables disparaître un à un, un voile d’ombre s’abatit sur son cœur. Animé par une rage sourde, il devint le gardien de ces eaux profanées. Ceux qui osaient troubler le silence du lac déchaînaient sa colère implacable. Son chant, autrefois mélodieux, devint une litanie funeste qui appelait les inconscients à leur perte. Les bateaux chavirèrent, les rives devinrent des linceuls de brume. La légende d'Ibreel, le nixe vengeur, se propagea, et le lac fut délaissé, redouté par tous. Mais au-delà de cette rage se cachait un vide qu'aucune vengeance ne pouvait combler. Parfois, lorsque la lune déposait son éclat sur les flots, il retrouvait son ancien reflet dans l’eau, celui d’un être gracieux et insouciant. Dans ces rares instants de paix, il laissait s’échapper des notes de musique, mémoires d’un passé perdu. Cependant, Ibreel n’était pas entièrement seul. Parmi les ombres aquatiques, certaines créatures le respectaient, d’autres le redoutaient. Mais il y avait aussi ceux qui cherchaient à comprendre sa douleur. Une dryade, fille des forêts souillées, devint l’une des rares présences qu’il toélérait. Parfois, elle lui offrait des éclats de nature renaissante, des branches ornées de jeunes bourgeons ou des fleurs réparant la souillure des hommes. Ibreel demeure une âme enchaînée à son passé. La danse, autrefois joyeuse, est devenue une élégance mélancolique, et sa musique, bien que sublime, porte l’écho de ses regrets. Pourtant, peut-être qu'un jour, lorsque les eaux auront oublié la souillure et que les chants des nixes renaîtront, il pourra enfin trouver la rédemption qu'il n'ose plus espérer. Pour ceux qui croisent son chemin, Ibreel demeure une énigme. Certains le voient comme un esprit vengeur, d'autres comme une âme blessée. Mais une chose est certaine : affronter le nixe, c’est plonger dans les abysses de sa propre conscience, là où réside la part la plus sombre et la plus lumineuse de l’être.