--- THAROS --- Tharos était autrefois un phénix majestueux, une créature de flammes et de renouveau. Mais la douleur l’avait consumé plus profondément que n’importe quel incendie. Il portait le fardeau d'un destin tragique : lors d'un cycle de renaissance, les flammes qui auraient dû purifier et renouveler son existence avaient dévoré tout ce qui lui était cher. Son peuple, les siens, tous réduits en cendres dans un feu qu'il n'avait pas su contrôler. Ce désastre, conséquence d'un pouvoir qu'il n’avait pu maîtriser, le hanta jour et nuit. Accablé par la culpabilité et le chagrin, Tharos renonça à sa nature immortelle. Il abandonna ses ailes incandescentes et sa condition divine pour vivre comme un simple humain, espérant ainsi échapper au poids de son passé. Il trouva refuge dans un village isolé, au pied des montagnes, où le souvenir des phénix n’était qu’un mythe oublié. Là, Tharos bâtit une nouvelle vie. Il épousa une femme du nom de Lyenna, dont la douceur apaisait les cendres qui couvaient encore en lui. Ensemble, ils eurent un fils, Eron, un enfant au rire lumineux et à la curiosité sans fin. Pour la première fois, Tharos connut la sérénité. Il n’avait plus besoin de craindre les flammes qui dormaient en lui. Il était simplement un homme, un époux, un père. Mais la paix ne dure jamais éternellement. La guerre éclata. Des armées venues des plaines lointaines ravagèrent les terres, et bientôt les ombres de la destruction s’étendirent jusqu’à leur village. Tharos sentit la menace approcher, et avec elle, l’appel de ses anciennes flammes. Pourtant, il refusa d’y céder. Révéler sa nature, c’était risquer d’attirer l’attention sur sa famille, de devenir un monstre aux yeux des hommes. Lorsque les envahisseurs frappèrent, Tharos tenta de fuir avec les siens. Mais les flammes de la guerre étaient plus rapides. Lyenna tomba sous la lame d’un soldat, son regard s’accrochant une dernière fois à celui de Tharos. Il aurait voulu hurler, ravager le monde de ses flammes, mais il n’avait plus le droit à la vengeance. Il n’avait plus que son fils. Eron, terrifié, s’agrippa à son père. Le cœur brisé, Tharos n’eut d’autre choix que de fuir. Il dissimula son identité, voyageant à travers les terres dévastées, protégeant son fils de la faim, du froid, et des poursuivants. Mais chaque pas le rapprochait du dilemme qu’il redoutait : jusqu’où pourrait-il aller sans embraser à nouveau sa véritable nature ? Des braises invisibles le suivaient partout, témoins silencieux de son tourment. Parfois, lorsqu’Eron dormait paisiblement, ces étincelles dansaient autour d’eux, réchauffant l’air glacial. Tharos s’efforçait de les contenir, mais la rage et la douleur rendaient chaque jour plus difficile cette maîtrise fragile. Alors que les murmures de la guerre parlaient d’une bataille finale, Tharos sentit l’appel du destin. Il savait qu’il ne pourrait protéger Eron qu’en affrontant ce qu’il avait toujours fui. La flamme du phénix n’était pas seulement un feu de destruction. Elle était aussi celle de la renaissance. Tharos marcherait vers la guerre, non pour se venger, mais pour offrir un avenir à son fils. Et si les cendres du passé devaient s’élever à nouveau, il veillerait à ce qu’elles deviennent la lumière qui guiderait ceux qu’il aimait. Car même dans le silence, le feu de Tharos n’avait jamais cessé de brûler.