Christine Kelly :
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Alors que voulez-vous dire par là ? Quel sujet faudrait-il s'attarder ?
Charlotte d'Ornellas :
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On se laisse impressionner par des militants qui expliquent que le fait d'avoir un enfant ne regarde que soi. C'est évidemment vrai individuellement, mais collectivement, c'est absolument faux. C'est-à-dire que l'enfant déjà, les enfants qui naissent dans un pays, c'est juste, accessoirement, l'avenir de ce pays-là ! Donc évidemment que ça regarde un peu tout le monde
Et en 2012, la question avait été posée dans un sondage : "Qu'est-ce qu'un enfant ? Pourquoi est-ce que vous voudriez un enfant ?
Et alors 42% des sondés répondaient qu'il s'agissait d'un épanouissement personnel (42% c'est assez peu finalement) et 68% que ça permettait d'aimer et d'être aimé. C'était un apprentissage pour aimer et
être aimé - je pense que dans un pays à ce point déprimé comme le nôtre, c'est pas anecdotique de voir - ça vous allez me dire "c'est pas beaucoup plus politique, en tout cas, c'est difficile d'y répondre. C'est vrai, mais plus largement, le fait qu'un pays ait ou non des enfants change tout.
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Ça change la question du modèle économique, ça change la question du modèle social, ça change évidemment la question de l'avenir du pays.
Et ces dernières semaines on voulait absolument réarmer - alors cette fois-ci c'était le vrai réarmement du pays... parce qu'on a eu beaucoup de réarmements, on l'avait dit : il y a eu le réarmement démographique - mais se réarmer pour les guerres à venir ça nécessite aussi d'avoir des enfants !
Qui demain seront des jeunes, parce qu'on ne fait pas la guerre avec des octogénaires, tout le respect que je leur dois.
Il y a une question qui déserte les études scientifiques, les débats, les analyses et, les travaux des sociologues, c'est "De quoi auriez-vous besoin pour avoir le nombre d'enfants que vous souhaitez ?"
C'est quand même une question. Il n'y a pas de scandale dans cette question. C'est-à-dire que vous faites savoir dans les études que vous voudriez plus d'enfants que ce que vous avez : de quoi auriez-vous besoin ?Et cette question a été posée la dernière fois en 2016, en tout cas dans ce que j'ai trouvé par cette même union des associations familiales, et les gens répondent dans l'ordre :
• un logement adapté
• ensuite la question de la stabilité du couple
• arrive puis un travail stable
• et assez d'argent pour élever cet enfant.
Il y a donc une omniprésence - je mets de côté la question de la stabilité du couple, et encore - une omniprésence du poids des raisons matérielles qui pousse aussi à repousser la première grossesse qui entre en compte dans la question de l'infertilité. Plus vous avez des enfants tard, évidemment plus cette question se pose. Toutes ces questions sont évidemment importantes aux yeux du politique
Et sur la question du développement personnel, on parle souvent d'éducation, d'instruction, du retour en grâce de l'autorité, de la question de l'effort, du dépassement de soi, du bonheur comme un peu plus qu'une jouissance personnelle (c'est-à-dire le fait que la frustration nous insupporte de manière générale).
Et sur la question du sujet du couple, ça n'est pas anecdotique, ces sujets-là.
Dans l'éducation, il existe aujourd'hui des mairies qui mettent en place des accompagnements. Des couples qui les proposent, évidemment. Personne n'est obligé. C'est pas votre mairie qui vous dit "Alors à partir de demain, vous allez venir pointer pour savoir où on est votre couple."
Beaucoup ont trouvé ça ridicule, réac, atroce. Personne n'y est obligé, mais il y a des personnes qui en rêvent de cet accompagnement ! Et si on peut les aider à le faire, qu'est-ce qu'il y a de ridicule à chercher une stabilité affective, familiale ? et donc potentiellement avec beaucoup d'implications budgétaires ?
S'il faut parler extrêmement trivialement, et il y a évidemment la question des politiques familiales. Il y a eu une augmentation, un peu circonstancielle, des naissances entre 94 et 2008 ; et ça correspond à une période où il y avait des politiques familiales volontaires et qui, parfois, se déploient aux endroits où on les attend pas.
Évidemment la question du logement, la conciliation entre vie pro et la vie de famille, les conditions du travail, la baisse du chômage. Évidemment les années suivantes ont été l'inverse : la politique familiale a été détricotée, voire méprisé, en plus d'une crise du logement évidemment gravissime aujourd'hui.