Dans l'immensité des cieux tourmentés, une ombre colossale plane avec une majesté souveraine. Okiedor, l’inflexible seigneur des hauteurs, règne sans partage sur les cimes escarpées et les vallées embrumées de son domaine ancestral. Son immense envergure obscurcit le soleil lorsqu’il fend les airs d’un battement d’ailes aussi puissant qu’une tempête déchaînée. Son nom seul suffit à faire trembler les créatures de la terre et du ciel, résonnant tel un avertissement dans le vent hurlant des montagnes.
Son regard d’or fondu, aussi acéré que la lame d’un cimeterre forgé par les dieux, scrute le monde avec une froide vigilance. Chaque intrus, chaque imprudent qui ose troubler la quiétude de son territoire sent peser sur lui l'implacable jugement du monarque draconique. Pour Okiedor, la force est loi, et la peur, son plus fidèle instrument de domination.
Parmi les siens, il est à la fois un guide et un tyran, un gardien protecteur et un despote implacable. Le plus ancien et le plus puissant des dragons de la montagne, Okiedor est l’incarnation même des traditions séculaires, le dernier bastion d’un âge révolu où les dragons étaient les maîtres incontestés du monde. Sa parole est un décret, son rugissement un avertissement, et sa colère une sentence inéluctable.
Son règne est régi par une loi inflexible, forgée dans la braise ardente de la colère et trempée dans le sang des téméraires. Pour lui, la clémence est une illusion, une faiblesse indigne de sa lignée. Il ne tolère ni la désobéissance ni l’hésitation, et encore moins la souillure de l’héritage draconique par le contact avec d’autres espèces.
Les humains, il ne les considère que comme des parasites, des êtres faibles et perfides dont l’existence même souille la terre qu’il survole. Quant aux créatures surnaturelles, il ne leur accorde qu’une méfiance teintée de mépris, car il sait que nombre d’entre elles possèdent un pouvoir rivalisant avec le sien et pourraient menacer son autorité.
Mais c’est la trahison de son propre fils, Iasad, qui a laissé en lui une blessure plus profonde que toutes les batailles qu’il a livrées. Iasad, en défiant l’autorité d’Okiedor et en reniant les préceptes sacrés des dragons, n’a pas seulement trahi son père, il a fracturé un équilibre que le Seigneur des Montagnes pensait éternel. Cette trahison est une écharde enfoncée dans son âme, une brûlure qui alimente sa rage et sa détermination à ne jamais faiblir.
Dans les profondeurs de son antre, parmi les trésors amassés au fil des siècles et les ossements des insensés qui ont défié son courroux, Okiedor rumine ses desseins. Il rêve d’un monde où les dragons reprendront leur place légitime, où il sera non plus un seigneur des montagnes, mais un souverain absolu régnant sur la terre entière.
Mais derrière cette armure d’orgueil et cette cuirasse d’acier, derrière le feu et la fureur, subsiste peut-être un fragment d’âme tourmentée, hantée par un passé qu’il ne peut effacer et un futur incertain. Est-il seulement une force destructrice, ou bien le gardien d’un équilibre que seul lui est capable de comprendre ?
Qu’il soit un fléau ou un protecteur, une chose est sûre : tant qu’Okiedor dominera les cieux, nul être ne pourra prétendre échapper à son regard ni défier son règne sans en payer le prix.