--- LULIAN --- Lulian est le benjamin de la fratrie, le dernier né des dragons, mais également celui dont l’âme porte l'équilibre fragile entre les idéaux opposés qui déchirent sa famille. Issu d’une lignée de dragons puissants et déterminés, il n’a jamais été fait pour se conformer aux ambitions rigides de ses aînés. Tandis qu’Iasad, Zammos et Arvo poursuivent des rêves de grandeur et de domination, Lulian s’est toujours retrouvé dans l’ombre de leurs conflits, un spectateur qui, pourtant, cherche plus que tout à apporter la paix là où d’autres ne verraient que lutte et division. Élevé à l’écart des autres créatures, loin des intrigues de la cour des dragons et des combats de pouvoir qui déchiraient son peuple, Lulian a grandi dans un environnement de calme et de solitude. Il a développé très tôt une curiosité insatiable envers le monde extérieur. Tandis que ses frères étaient absorbés par leur héritage et leurs quêtes personnelles, Lulian passait son temps à observer, à écouter et à comprendre tout ce qui l’entourait. Ce monde, il ne le voyait pas comme un terrain de guerre ou de conquête, mais comme une vaste toile pleine de nuances et de mystères. La nature, les peuples lointains, les créatures d’autres races, tout l’intéressait. Il se sentait comme un étranger dans le royaume de son propre peuple, cherchant à tisser des liens avec des êtres qu’il n’avait jamais connus et à comprendre leur manière de vivre. Au fil des ans, cette fascination pour les autres peuples s’est intensifiée. Lulian a commencé à s’aventurer hors des terres draconiques, voyageant à travers des forêts ombragées, des montagnes inaccessibles, des océans immenses et des cités où le bruit de la vie humaine semblait lui parler. Là, dans ces rencontres et ces échanges, il a trouvé une forme de paix qui lui était propre. Contrairement à ses frères, qui cherchaient à imposer leur volonté aux autres, Lulian voulait comprendre. Il voulait être ce pont invisible entre les dragons et les autres peuples, un médiateur silencieux qui, par la simple écoute et la réflexion, pourrait semer les graines de la compréhension et de la tolérance. Lulian n’était pas comme les autres dragons. Ses écailles, d’un argent pur et lumineux, semblaient capter chaque rayon de lumière, tandis que ses yeux, d’un bleu limpide, reflétaient une profondeur que seuls les sages pouvaient comprendre. Il ne portait jamais de couronne ni de marque de pouvoir, mais ses gestes étaient empreints d’une majesté tranquille. Ses ailes, larges mais d’une légèreté presque irréelle, se déployaient dans l’air avec la grâce d’un souffle. Là où d’autres dragons se battaient pour s’imposer, Lulian s’élevait sans bruit, comme une brise douce, parfois invisible, mais toujours présente. Cependant, cette tranquillité n’était pas sans coût. Son idéal de paix le rendait vulnérable. Lulian, dans sa quête de comprendre et d’aider, se laissait parfois prendre dans les pièges tendus par ceux qui cherchaient à exploiter sa gentillesse. Les trahisons, les manipulations et les duperies étaient des réalités qu’il avait apprises à connaître à ses dépens. Malgré ses dons de clairvoyance, il était toujours prêt à voir le meilleur en chacun, et cette naïveté faisait de lui une cible facile pour ceux qui savaient jouer sur ses faiblesses. Ses blessures, bien que souvent invisibles, étaient profondes, et il portait les cicatrices de chaque trahison comme une lourde pierre sur son cœur. Mais malgré ses souffrances, Lulian ne renonça jamais à sa croyance en l’équilibre. Il se considérait comme un protecteur des âmes perdues, une sorte de guide pour ceux qui s’égaraient sur le chemin de la vertu. Ses capacités uniques à discerner les véritables intentions des autres l’amenaient à intervenir discrètement, à essayer de redresser les torts, souvent au prix de son propre bien-être. Il savait que la paix ne viendrait pas facilement, mais il croyait fermement que l’âme de chaque être vivait dans un équilibre précaire, et que ce fragile équilibre pouvait être préservé par la sagesse et la compréhension. En parallèle, le poids des prophéties qui entouraient ses frères et lui ne le laissait pas indifférent. Lulian connaissait les secrets qui se cachaient derrière les destins croisés de ses aînés, ainsi que l’importance de la prophétie qui les liait tous. Il détenait des informations cruciales, des vérités qui pouvaient changer le cours des événements, mais ces connaissances lui étaient à la fois un fardeau et une bénédiction. La position qu’il occupait, celle du médiateur et du fils cadet, le plaçait dans une situation délicate. Il se retrouvait souvent pris entre des forces opposées, celles de ses frères, aux ambitions radicales, et celles des autres peuples, qui attendaient de lui qu’il incarne le modèle de la paix draconique. Lulian ne voulait pas se laisser entraîner dans des conflits qu’il ne comprenait pas entièrement, mais il savait que sa propre intégrité et ses idéaux étaient désormais des pièces maîtresses dans un jeu qui le dépassait. Sa vie était un équilibre constant, entre la loyauté à sa famille et son désir de voir un monde plus juste. Lulian, tout en cherchant à tempérer les ambitions et les rivalités de ses frères, ne pouvait échapper à la réalité : sa quête de paix et de compréhension était une mission solitaire, une voie semée d’embûches et de sacrifices. Mais il ne renonçait jamais à sa vision du monde, à cette conviction que l’on peut changer le monde, non par la force ou la domination, mais par l’écoute, la sagesse et la patience. Là où d’autres voyaient des ennemis ou des rivaux, Lulian voyait des alliés potentiels, des âmes en quête de lumière. Ainsi, Lulian vivait dans l’ombre de la grandeur de ses frères, mais il savait que, dans ce monde en constante évolution, son rôle était tout aussi crucial. Il n’était pas celui qui allait dominer ou régner, mais celui qui, par sa simple présence et sa volonté de comprendre, allait, peut-être, sauver ce qui restait d’humanité, de bonté et d’espoir dans ce monde déchiré.