Revenus, âge, sexe, région… L’Insee dresse le portrait-robot des propriétaires d’au moins deux logements.
La moitié des multipropriétaires sont des femmes (49 %) mais elles ne représentent que 40% de ceux détenant au moins 10 logements.
Encadrement des loyers, interdiction de location des passoires thermiques, permis de louer, avantages fiscaux supprimés… «Les investisseurs locatifs sont massacrés», a regretté Jordan Frarier, président de Foncia Transaction, lors de la présentation de son point de conjoncture trimestriel, mardi 1er avril. Il faisait écho à son confrère Xavier Belvaux, directeur général de We Invest France, qui déplorait, dans l’émission Le Grand rendez-vous de l’immobilier (Capital/Radio Immo) du 28 mars, de «ne plus voir» la clientèle des investisseurs locatifs, que «l’Etat semble considérer comme des rentiers». Or «ce n’est pas le cas, la plupart des investisseurs locatifs achètent un ou deux biens seulement, pour s’assurer un complément de revenus à la retraite», souligne Jordan Frarier.
Qui sont précisément les multipropriétaires, détenteurs d’au moins deux logements, selon la définition retenue par l’Insee dans une étude publiée ce mercredi 2 avril ? D’abord, il y a les «petits» multipropriétaires et les «gros». Les premiers sont ultra-majoritaires, 60% des multipropriétaires possédant seulement deux logements. Les détenteurs d’au moins 10 logements ne représentent, eux, que 3% des multipropriétaires. Par ailleurs, la moitié des multipropriétaires sont des femmes (49 %) mais elles ne représentent que 40% de ceux détenant au moins 10 logements.
Ensuite, les multipropriétaires sont plus âgés et aisés que les propriétaires d'un seul logement. En règle générale, «l’accession à la propriété se fait au fil du temps», rappelle l’Insee, si bien que la part de propriétaires est «très faible» en deçà de 25 ans. Entre 35 et 90 ans, la part de propriétaires d’un seul logement, en général leur résidence principale, demeure relativement stable, autour de 40%. En revanche, celle des multipropriétaires augmente progressivement, pour atteindre un pic autour de la soixantaine, avec trois personnes sur dix âgées de 55 à 65 ans qui sont multipropriétaires.
Au-delà de 65 ans, la multipropriété diminue, pour ne plus concerner qu’une personne de 90 ans ou plus sur dix. «Après avoir accumulé du patrimoine au cours de leur vie, les plus âgés tendent à s’en séparer, par exemple pour faire des donations à leurs descendants ou pour payer leurs dépenses liées à la perte d’autonomie», décrypte l’Insee.
Evalué par ce dernier à 30 700 euros par an, le niveau de vie médian des multipropriétaires, qui prend en compte tous les revenus de leur ménage, est supérieur d’un quart à celui des propriétaires d’un seul logement (25 000 euros) et de moitié à celui des personnes non propriétaires (19 900 euros). Plus le nombre de biens détenus augmente, plus le niveau de vie est élevé. Ainsi, à 41 500 euros, le niveau de vie médian des détenteurs d’au moins 10 logements est supérieur de 43% à celui des détenteurs de deux logements (28 900 euros). «Les personnes plus aisées disposent d’une capacité d’épargne plus élevée, qu’elles peuvent utiliser pour se constituer un patrimoine immobilier», selon l’Insee.
Sur le plan géographique, les résidents des départements alpins, allant de la Haute-Savoie aux Alpes-de-Haute-Provence, et des départements ruraux, du sud du Massif central à l’Ardèche, sont plus souvent multipropriétaires que la moyenne : ils représentent un quart des personnes âgées de 25 ans ou plus. La multipropriété augmente par ailleurs selon un axe nord-sud. Ainsi, les départements du Nord, du Pas-de-Calais et de l’Aisne comptent moins de 16% de multipropriétaires. La multipropriété est logiquement la plus faible, à 12 ou 13%, dans les départements aux niveaux de vie parmi les plus faibles, tels que la Seine-Saint-Denis et les départements d’outre-Mer.
Que font les multipropriétaires de tous ces logements ? En dehors de la résidence principale, six logements de multipropriétaires sur dix sont loués. Le solde se partage à parts presque égales entre résidences secondaires (23%) et logements vacants (20%). Dans cette dernière catégorie, 55% des biens sont vides depuis plus d’un an. Il s’agit notamment de biens reçus en héritage et dont le sort - vente ou location - attend le règlement de la succession.