Une fois la situation professionnelle stabilisée, avec un peu d’argent de côté, tout un chacun peut investir dans l’immobilier. Le Parisien a recueilli le témoignage de trois jeunes qui ont acheté un ou plusieurs appartements afin de les louer. 65 % des 18-24 ans et 63 % des 25-34 ans considèrent l’investissement immobilier comme essentiel à leur stratégie patrimoniale selon une étude réalisée par Ag2r La Mondiale, Amphitéa et le Cercle de l’Épargne. Lisa (le prénom a été modifié), 29 ans, est sur le point d’acheter un deuxième appartement, à Rouen (Seine-Maritime) cette fois, après un précédent achat il y a deux ans au Mans (Sarthe). « Je ne me suis jamais imaginé travailler toute ma vie à temps complet », explique-t-elle. Son ambition ? « Diminuer mon temps de travail une fois que j’aurai remboursé ces prêts immobiliers » et rêver à une nouvelle vie, plus libre. Les « jeunes », à la manière de Lisa, sont de plus en plus nombreux à se lancer dans l’aventure immobilière. À vouloir s’ancrer pour faire face aux retournements économiques et disposer d’un toit, « une poire pour la soif » en cas de besoin… Une fois dans une situation professionnelle stable, avec un peu d’argent de côté, l’envie est bien là de demander un prêt à la banque afin de financer son projet — parfois même avant d’acheter sa résidence principale. « On m’a toujours dit qu’on ne pouvait que très rarement se tromper dans l’immobilier », veut croire Lisa, citant ses proches. Cette Parisienne, qui travaille dans la communication, a investi dans un studio au Mans, à l’été 2023, et va donc en faire de même à Rouen. Elle doit signer dans quelques jours chez le notaire. L’enveloppe pour chaque projet (achat, frais et travaux) se situe à moins de 100 000 euros. Pour elle, ce n’est que du positif : elle ne doit dépenser que quelques dizaines d’euros chaque mois, une fois la mensualité de prêt payée et le loyer encaissé. Lisa envisage maintenant d’investir près de chez ses parents, comme son petit frère, dans une petite ville de campagne « de la diagonale du vide », où les prix de l’immobilier sont relativement bas. « Je crains d’être bloquée dans mes investissements car j’arrive au maximum de mes capacités d’endettement », explique-t-elle. Et la jeune femme de relever : « Il faut que mon salaire augmente si je veux continuer. » - UNE MANIèRE POUR EUX DE « SéCURISER » L’AVENIR - Noël, 29 ans, a lui signé en début d’année pour un trois-pièces à Amiens (Somme), « dans le but de diversifier (ses) investissements et de ne pas être dépendant d’une seule source de revenus » (il a un PEA qu’il alimente chaque mois). Il a transformé son appartement en T4 afin de louer chaque chambre, individuellement, en colocation. « C’est quelque chose que j’ai toujours voulu faire, mais je n’avais pas l’apport », explique ce commercial qui loue un appartement à Paris. Grâce à « un prix au mètre carré pas très élevé » par rapport aux loyers qu’il peut en tirer, il est en « cash-flow » positif : c’est-à-dire qu’il gagne chaque mois de l’argent, une fois la mensualité du prêt et les charges payées. « Mon objectif n’est pas d’arrêter de travailler, dit-il tout de suite. Mais c’est de sécuriser ma situation et utiliser mon temps futur sur des projets sur lesquels j’ai envie de m’investir. » C’est aussi l’aspiration de Tristan et de sa compagne, tous deux salariés en CDI. Ils ont commencé à investir voilà sept ans, à l’âge de 29 et 27 ans « pour se constituer un complément de revenus pour la retraite ». Pourquoi s’être tourné vers la pierre ? « Parce que vous pouvez le tourner dans tous les sens, c’est le seul moyen de s’enrichir en partant de rien, à partir d’argent prêté par une banque, sourit-il. En France, contrairement à d’autres pays, on a la chance d’avoir des taux d’emprunt fixes et abordables avec des banques qui ne demandent pas, ou peu, d’apport personnel, environ 10 % pour nous. » - « LA PREMIèRE FOIS, C’EST LA PLUS DIFFICILE » - Ces jeunes actifs sont aujourd’hui propriétaires de quatre studios dans les Hauts-de-Seine, deux à Nanterre et deux autres à Rueil-Malmaison. « C’est l’emplacement qui prime dans l’immobilier, le bien doit être proche de futurs transports par exemple, conseille-t-il. Il faut viser un bien avec travaux dont le prix peut être négocié. Le but, c’est qu’il s’autofinance : le loyer doit couvrir la mensualité de crédit, les charges de copropriété et la taxe foncière », insiste-t-il. Tous ces investissements ne sont pas sans risque et restent très prenants, prévient Tristan. « C’est un vrai travail d’entrepreneur, à temps plein, entre le choix du bien, le démarchage des banques, le suivi des travaux et la gestion au quotidien des fuites et imprévus. » À chaque fois, le couple prend son temps pour dénicher sa perle rare, jamais à plus d’une heure de leur domicile, et peaufine son dossier pour convaincre la banque de les financer à 100 %. « La première fois, c’est la plus difficile, et parce que ça marche, on a envie de continuer », raconte le jeune homme, prêt à s’y remettre si son niveau d’endettement le lui permet.