Auteur : Florie BERT
Posté le 3 décembre 2014
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Lettre au président de l'AVH

Il y a quelques jours, on m'a fait suivre un mail de publipostage de l'association Valentin Haüy, que vous avez peut-être vous-mêmes reçu, informant l'honnête citoyen et la brave ménagère que l'AVH organisait un nouveau défi pour secourir les non-voyants : réunir en un mois la somme de 20000 euros. Il s'agissait donc tout simplement d'un appel au don, dans lequel on pouvait lire des propos certes en aucun cas choquants, mais ayant pour but évident et non dissimulé d'attendrir le lecteur sur le sort misérable de l'aveugle non-voyant, pour reprendre l'expression d'un certain potcasteur au nom chocolaté. Ces propos allaient jusqu'à dire, je cite : "Nous nous devons de les aider à continuer à vivre, tout simplement." En d'autres termes, madame, monsieur, si vous ne nous donnez pas d'argent, vous serez responsables de la mort de ces pauvres aveugles qui sans vous, ne peuvent pas continuer à vivre.

Légèrement contrariée par cette façon d'aborder le handicap, pour une association dont le but premier devrait être l'intégration et non la stygmatisation, je me suis permise d'écrire un mail au président de l'AVH, m. Patrice Legrand. Un ami, ayant lu mon message, m'a alors conseillé de le rendre public car, selon lui, il pourrait peut-être trouver écho chez pas mal de monde qui pourraient alors joindre leur voix à la mienne.

Avant de vous laisser lire et pour éviter tout malentendu, je tiens à dire que je suis intimement convaincue que l'AVH a apporté et apporte énormément aux non-voyants, que je ne remets pas en cause ce qu'elle fait pour les personnes handicapées visuelles. Ce que je remets en question, c'est une vision des choses, l'image que cette association donne du handicap, une image ancienne de cinquante ans qui doit changer, si l'on veut que le monde change.

Voici donc pour vous, non-voyants, malvoyants et amis sensibles à la cause, ce message adressé au président de l'association Valentin Haüy. Bonne lecture.


Citation

Monsieur le président,



Je viens de recevoir votre petit mail, annonçant le lancement d’un défi visant à récolter 20000 euros en un mois.
Je ne suis pas, je le sais, la première à réagir à votre publipostage, mais je le fais en espérant qu’à plusieurs nous pourrons faire bouger les choses.

Je suppose que ce procédé vieux de milliers d’années, celui qui consiste à présenter le handicap dans tout ce qu’il a de plus triste et larmoyant, avant de présenter une corbeille pour faire la quête, est rudement efficace, puisqu’il perdure encore aujourd’hui.
Mais sincèrement, allez-vous me faire croire que c’est d’argent que l’AVH a besoin ? De l’argent, elle en a, au point qu’elle pourrait bien en rougir face à d’autres associations bien moins bien loties et pourtant beaucoup plus actives.
Le rôle d’une association aussi connue et influente qu’est l’AVH ne devrait pas être de récolter des fonds, il y a bien d’autres institutions faites pour cela, mais au contraire d’utiliser son influence pour faire avancer les choses, progresser les mentalités, plutôt que de nous ramener à l’époque où l’on faisait s’assoir les petits aveugles sur le trottoir pour apitoyer l’honnête citoyen.

Faire évoluer les mentalités, c’est expliquer aux gens, jeunes comme vieux, que le handicap n’est qu’une différence, pas une barrière. C’est faire comprendre à tout un chacun qu’avec quelques petites adaptations, notre vie est aussi heureuse, aussi palpitante et aussi agréable que celle de n’importe qui. Faire évoluer les mentalités, c’est démontrer aux voyants que nous pouvons être amis sans souci, que nous pouvons les inviter à manger parce que nous pouvons cuisiner, que nous pouvons aller tous ensemble au cinéma, faire du sport, danser en boîte de nuit, que nous pouvons avoir des enfants, construire une famille, que nos enfants peuvent jouer ensemble, que nous aimons rire, nous amuser ! Changer les choses c’est justement faire comprendre aux gens que notre vie n’est pas triste, morne et épouvantable au point que nous avons besoin d’argent, pauvres petits malheureux ! Et vous, vous faites quoi ? Mais vous faites tout l’inverse, purement et simplement. Tout ça pour quoi ? Pour réunir des pièces sonnantes et trébuchantes. Vous avez conscience que c’est grave ? Vous avez conscience que votre association, dont le but est d’aider les personnes mal et non-voyantes, fait tout au contraire pour les enfoncer dans leur isolement ? Cela ne vous paraît-il pas criminel ?

Réalisez-vous le pouvoir que vous avez ? Oh, oui, je suis certaine que vous le réalisez et que vous en jouissez suffisamment pour en avoir conscience. Vous rendez-vous compte de ce qui pourrait se passer, si vous mettiez réellement ce pouvoir au service des handicapés visuels ? Mais bon sang, vous pourriez déplacer des montagnes !

Bien sûr, ce que vous pointez du doigt est vrai, bien sûr il y a des non-voyants complètement isolés, qui ne sont pas autonomes ou qui n’ont pas d’amis ou de vie sociale. Mais croyez-vous que c’est les aider que vous servir de leur souffrance pour récolter de l’argent ? Non, et je vais vous expliquer pourquoi, même si je vous crois suffisamment intelligent pour le comprendre tout seul :
On ne peut pas se sentir l’égal de celui que l’on prend en pitié. On ne peut pas être l’ami de celui envers lequel on fait sa bonne action parce qu’on a bien conscience qu’il est bien inférieur à nous. Tout simplement, parce qu’on ne considère même pas cette personne comme une personne, mais comme une cause pour laquelle on desserre les cordons de sa bourse. Quand je lis votre mail d’appel à la pitié… au don, pardon, je n’ai aucune envie d’accepter dans ma vie ces gens que vous décrivez, des gens qui ne savent rien faire seuls, des boulets de la société ! J’ai juste envie de donner trois sous pour avoir bonne conscience et pour les oublier bien vite.

Non, si vous voulez vraiment, comme vous le prétendez, aider ces non-voyants exclus de la société, eh bien il faut lui donner envie, à la société, d’inclure ces personnes ! Racontez-leur la vérité ! Racontez-leur que ces gens leur ressemblent, aiment la vie et font tout comme eux ! J’ai bien conscience que c’est moins vendeur, mais quoi ? Vous voulez récolter de l’argent pour récolter de l’argent, ou bien aider les non-voyants, même si ça ne rapporte rien ? Ce n’est pas ça, le but premier d’une association ?

Je suis non-voyante et je travaille en tant que musicothérapeute dans une clinique. Lorsque je suis arrivée, j’ai senti, comme toujours, une appréhension, une distance, une mise à l’écart de la part de certains collègues. Vous savez ce qui a fait qu’aujourd’hui je suis intégrée parmi eux et que je ne vois plus aucune différence entre eux et moi ? Ce n’est pas parce que je leur ai raconté que ma vie était difficile, que je souffrais et que j’avais besoin d’aide pour toutes les tâches de la vie quotidienne, non, ça ça leur aurait encore plus fait peur. C’est simplement que je suis allée avec eux boire un verre, que je leur ai raconté mes vacances pendant lesquelles j’ai piloté un avion et fait du ski nautique, qu’on est allé faire du shopping avec les filles et qu’elles ont vu que comme elles j’aimais les jolies choses, qu’on a parlé films tous ensemble et que, quand ils ont compris que oui, je pouvais être cinéphile, on est allés au cinéma, que je leur ai expliqué comment je pouvais naviguer sur internet et qu’ils m’ont ajoutée à leurs amis facebook…
Voilà ce qu’elle devrait raconter, votre association.

Puisque j’en suis à vous écrire, et même si cela ne concerne pas directement notre sujet, je vais vous parler de deux expériences personnelles que j’ai eues avec votre association, car je trouve qu’elles mettent assez bien en lumière quelques autres points qui me posent un sérieux problème.

J’ai été à plusieurs reprises bénévole pour une association de Massy, Espace Singulier. Cette association fait d’ailleurs partie de ces associations bien moins bien loties financièrement que l’AVH et pourtant beaucoup plus ouverte et active. L’un des grands axes d’action de cette association est de mettre en relation les personnes handicapées ou leur famille et toutes les structures, associations, institutions dont elles pourront avoir besoin, ainsi que de les soutenir dans leurs diverses démarches. Cette association fait aussi occasionnellement des sensibilisations au handicap dans les écoles/collèges et c’est dans ce cadre que je suis intervenue plusieurs fois. Lors de ma première sensibilisation avec eux, je n’avais aucun matériel, notamment des cannes blanches, du papier braille, quelques petites babioles bien utiles pour faire des mises en situation. J’ai contacté l’AVH pour demander un prêt de matériel, présentant le projet, bref une demande sérieuse et parfaitement désintéressée. Malgré mon insistance, il m’a été répondu que l’AVH ne prêtait aucun matériel, que si je voulais bénéficier du matériel de l’AVH, il fallait que ce soit du personnel de l’AVH qui organise la sensibilisation. Résultat, j’ai fait marcher mon réseau et j’ai récupéré ce dont j’avais besoin grâce à la bonne volonté de quelques-uns. Mais qu’est-ce que ça signifie, cette espèce de volonté absurde de tirer la couverture à soi ? Dites-moi, monsieur le président, qu’est-ce qui est important, pour une association qui a pour vocation d’aider les personnes handicapées, la réussite d’un projet utile et intéressant, ou l’apparition du nom de votre fichue association dans tout ce qui touche au handicap visuel ? Si vous étiez réellement désintéressés et aviez pour seul désir de venir en aide aux personnes en situation de handicap, vous n’auriez que faire de savoir si c’est l’AVH ou Espace Singulier qui organise un événement de sensibilisation. Vous auriez juste envie d’aider tout projet potentiellement bénéfique aux non-voyants.

Deuxième expérience, maintenant, ensuite je vous laisse tranquille :
Il y a quelques années, fidèle cliente d’une crêperie excellente à Maisons-Alfort, j’ai proposé au patron de transcrire sa carte en braille. Très intéressé, il a tout de suite accepté. Un après-midi, j’ai pris une heure et demie de mon temps, gratuitement évidemment, pour taper à l’ordinateur sa carte. Ce monsieur, pourtant ayant un commerce à faire tourner, a pris lui aussi une heure et demie de son temps pour me dicter sa carte, ce qui ne lui rapportait absolument rien.
Savez-vous où cela a coincé ? Oh, allez, c’est facile à deviner. J’ai contacté le service de transcription de l’AVH pour demander s’il était possible de transcrire en braille ma petite carte de restaurant, 4 pages en noir, 21 en braille. On m’a demandé d’envoyer mon texte et d’attendre que l’on m’envoie un devis. Pour ces 4 misérables pages, le devis s’élevait à 119 euros. Et il semble que, pour rendre les menus accessibles, il n’y ait aucune possibilité de récupérer une centaine d’euros dans les milliers que vous réclamez aux honnêtes citoyens en les faisant s’apitoyer sur le sort des pauvres aveugles. Non, c’était moi de ma poche ou le restaurant qui n’avait rien demandé, qui aurions dû sortir cet argent. Oh, j’imagine que, si j’avais proposé de faire écrire en gros Association Valentin Haüy sur la couverture, on aurait pu s’arranger, vous aimez bien la publicité.
Le plus amusant c’est que, lorsque je me suis exclamée de surprise face au montant exorbitant, la gentille dame du service m’a expliqué que « vous comprenez, il faut faire de la mise en forme, ça prend du temps. »
Bref, j’ai récupéré mon texte, je suis allée chez un ami qui a une embosseuse. Le temps de faire un peu de mise en page avec le logiciel DBT car, comme me l’a expliqué cette gentille dame, il est vrai que la mise en page ne sera pas la même en braille qu’en noir et qu’il faut adapter deux trois choses, le temps d’embosser deux exemplaires du menu, j’y ai passé à peine plus d’une heure. J’ai payé le papier, j’ai dû donner quelque chose comme 2 euros, je me suis rendue dans une papetterie et j’ai fait relier mes deux menus, j’ai dû m’en tirer pour 5 euros, et j’ai rapporté deux jolis menus tout beaux au patron de la crêperie qui, soyez-en sûrs, ne fera jamais appel à votre association pour quoi que ce soit vu la publicité que je lui ai faite.

Mais vous êtes quoi, au juste, une association d’utilité publique ou une entreprise à but hautement lucratif ? J’étais totalement désintéressée, dans cette histoire, je n’avais pour but que de rendre un établissement accessible, je croyais que c’était un but commun avec l’AVH et que je trouverais un soutien, une aide à mon projet. Au lieu de quoi, on me demande 120 euros ! Et à côté de ça, je vous vois tenter de tirer les larmes de la ménagère en lui disant que l’aveugle est une pauvre créature isolée, exclue et qu’il a besoin d’elle pour survivre, pour pouvoir empocher 20000 euros en un temps record. J’avoue qu’il y a une contradiction qui me dépasse.

Je vous remercie de m’avoir lue et j’espère sincèrement que vous ne prendrez pas mon message comme une agression gratuite, mais comme un mail réfléchi de quelqu’un qui aimerait que les choses changent. J’espère que vous tiendrez compte de mes remarques et qu’un jour, je pourrai arrêter de me récrier que je ne veux pas en entendre parler, quand on me demandera si je vais parfois à l’AVH.

Je vous prie d’accepter l’expression de mes sincères salutations.

Florie BERT



Cet article ayant été publié sur FaceBook en mai 2014, voici à présent les commentaires les plus importants qui ont suivi, permettant de connaître les suites qu'ont entraînée cette lettre, si on peut parler de suites... J'espère que vous serez nombreux, soutiens comme opposants aux idées présentées ici, à continuer de vous exprimer sur cette page.

Christian Volle, le 3 juin 2014 :
@Florie Bert
Bonjour,
J’ai lu attentivement votre message.
En tant que bénévole, engagé au sein de l’AVH depuis sept ans il me touche tout particulièrement.
J’ai transmis votre message à l'ensemble de la direction de l’AVH qui entend et comprend votre attachement à la cause des personnes aveugles ou malvoyantes et souhaite échanger avec vous.
Nous avons des réponses à vous fournir et nous vous invitons au dialogue, n’hésitez pas à me contacter par message privé sur mon compte.
Bien cordialement
Christian Volle

Florie Bert, le 4 juin 2014 :
Bonjour, J'ai été très heureuse en trouvant votre message. Je suis ravie de savoir que la direction de l'AVH est ouverte au dialogue, car je le suis également, c'est pour moi la meilleure façon de faire avancer les choses, je serai donc heureuse d'avoir des réponses à mes questions. D'ailleurs, j'avais commencé par contacter directement le président de l'AVH, je ne suis pas une amoureuse des étalages publics et autres joyeusetés proposées par les réseaux sociaux. Ce n'est que parce que je n'ai pas obtenu de réponse que je me suis résolue à publier cet article. Je ne le regrette pas du tout en fin de compte puisque vous venez de me prouver que mes remarques ont ainsi pu être entendues. Au plaisir donc d'échanger et de faire avancer ensemble la cause des handicapés visuel dans le bon sens.

Florie Bert, le 9 juin 2014 :
Voici un petit résumé de la conversation téléphonique que j'ai eue samedi avec Christian Volle:
Face à une incompréhension manifeste de mes propos, j'ai reconnu que certains d'entre eux étaient excessifs, notamment lorsque je dis que l'AVH a de l'argent et que le rôle d'une association aussi influente ne devrait pas être de récolter des fonds, car il y a d'autres institutions pour cela. J'ai bien conscience que toute association est basée sur le don et que face à toutes ses activités,'l'AVH avait besoin d'appeler au don. J'ai expliqué que ce que je voulais dire par ces propos, c'était que je connaissais nombre d'associations bien moins bien loties que l'AVH qui n'avaient pas recours à ces procédés d'apitoiement pour récolter des fonds, que donc à fortiori l'AVH qui est si influente devrait utiliser cette influence pour faire passer les bons messages plutôt que de faire de la mendicité.
Nous avons parlé du contenu des messages, m. Volle ayant beaucoup de mal à comprendre ce qui nous gêne, dans ces propos. J'ai essayé de clarifier les choses, d'expliquer que ce qui nous dérange, c'est que tous les non-voyants soient rangés dans le même panier et que ce soit uniquement ce panier-là qui soit utilisé pour sensibiliser les gens à la souffrance des non-voyants sans leur aide. J'ai expliqué que le problème de ce procédé était l'image que cela donnait du non-voyant en général au grand public qui déjà à la base nous considère comme des gens différents, à aider mais surtout pas à ajouter à ses amis, avec lesquels c'est cool de s'afficher pour les aider à traverser une rue, mais surtout pas lors d'une soirée patinoire. Quand il m'a demandé comment je verrais les choses différemment, j'ai suggéré un message présentant un non-voyant qui aurait un métier ordinaire, qui ne serait ni kiné ni masseur ni standardiste, qui aurait des enfants et irait les chercher à l'école, qui sortirait le soir avec ses potes voyants et qui dirait que tout ça, c'est parfaitement normal et le quotidien de la plupart des non-voyants. Toutefois, il y a malheureusement des personnes qui perdent la vue tardivement et qui ont vraiment besoin d'apprentissages spécifiques, pour pouvoir retrouver cette vie ordinaire. Et là, lancer l'appel au don sur cette base. Il semble pourtant que nous ne soyons là encore pas parfaitement parvenus à nous comprendre, car m. Volle m'a alors dit que ce genre de choses existait déjà, en évoquant le spot publicitaire de l'an dernier sur les victoires. Ce spot est justement l'exemple type de tout ce que nous reprochons. L'image donnée est très très efficace pour donner envie de donner, ça, je ne peux pas le nier. Mais c'est ce genre de pub qui fait que les voyants nous demandent le matin comment on fait pour s'habiller et qui s'est qui nous a maquillé. Parce que ça semble tellement une victoire incroyable que le grand public, qui en était déjà convaincu, est conforté dans l'idée que l'aveugle vit vraiment dans un monde à part, où se faire cuire un oeuf est vraiment une épreuve qui le préoccupera durant des mois et des mois, bref, l'aveugle, c'est un gars qu'il faut absolument prendre en pitié, mais certainement pas dans son entreprise et encore moins dans son cercle d'amis. Je le répète même si je sors du résumé de cette conversation, je suis convaincue que l'on intègre dans son cercle social des gens si l'on pense qu'ils sont comme nous et peuvent faire les mêmes choses, mais on n'aura jamais un rapport d'égalité avec quelqu'un dont on a pitié.
M. Volle avait aussi du mal à croire que nous étions nombreux à penser les propos écrits dans ma lettre ; je lui ai répondu que je n'étais pas du genre à lancer des petites croisades personnelles, que j'estimais que critiquer pour rien ne servait à rien et que mon but n'était pas de descendre l'AVH mais de traduire un sentiment général pour faire ensemble avancer les choses. Je pense que si vous êtes nombreux à corroborer mes propos, ce sera la meilleure preuve aux yeux de cette association qu'il s'agit d'un sentiment très largement partagé.
Pour finir par du positif car bien heureusement il y en a eu dans cette conversation, il m'a été proposé, dans l'avenir, d'être consultée pour la rédaction de ce type de messages, pour qu'ils soient plus conformes aux valeurs que je défends. J'ai bien entendu accepté. Allons-nous enfin tous marcher ensemble dans le bon sens ? Seul l'avenir nous le dira.

Madjid Guitoune, le 9 juin 2014 :
fais-toi payer Florie pour l'aide à la rédaction d'argumentaires commerciaux, l'avh salarie 3 personnes pour la com. cela ne serait que justice.

Florie Bert, le 9 juin 2014 :
T'es pas sérieux ? 3 personnes pour la com ? Au téléphone on m'a expliqué que les dons servaient justement pour payer les salariés de l'association. Donc, les gens donnent de l'argent pour qu'on puisse leur en réclammer. J'adoooore le concept !!! Mais pourquoi pas, un poste de salariée en communication à l'AVH, ça peut être intéressant.
Moi je voulais vous mettre ici le lien du spot publicitaire dont je parle dans mon précédent commentaire, pour ceux qui ne le connaîtraient pas.
https://www.youtube.com/watch?v=qwcrHJ8vGzg

Christian Volle, le 9 juin 2014 :
Ci-dessous quelques précisions et compléments à propos de mon échange téléphonique avec Florie.

Tout d’abord, puisque le point de départ est un courriel d’appel à dons publiposté par l’AVH, ci-joint le texte de ce courriel pour que chacun puisse juger sur pièces :
*** début du courriel publiposté par l’AVH ***
AIDEZ CEUX QUI N'ONT PAS LA CHANCE DE VOIR, À VIVRE COMME TOUT LE MONDE

Cher XXX,

Pour les personnes aveugles ou malvoyantes, chaque geste du quotidien est une épreuve supplémentaire à surmonter. Comment se déplacer, se préparer à manger, échanger avec des amis… quand on ne peut pas compter sur ses yeux ?
Face à ce handicap, certaines personnes se coupent petit à petit du monde et de la société… Nous nous devons de les aider à continuer à vivre… tout simplement !
C'est pourquoi je donne aujourd'hui le coup d'envoi de notre défi « 30 jours pour aider les personnes aveugles ou malvoyantes ». À travers ce défi, notre objectif est de réunir 20 000 € afin de poursuivre nos actions au plus vite.
Grâce à votre soutien, nous pourrons aider les personnes déficientes visuelles !
<<<photo d’une personne aveugle apprenant à se servir de sa canne blanche avec les conseils d’une instructrice en locomotion>>>
Nous faisons appel à votre générosité pour aider toujours plus efficacement les personnes déficientes visuelles. N'attendez pas pour relever ce défi à nos côtés !
Je vous invite également à visiter la page web de notre défi (http://bit.ly/1o1F4mw) pour découvrir comment notre association accompagne concrètement les personnes aveugles ou malvoyantes dans leur vie sociale et professionnelle.
Un grand merci pour votre soutien !

Patrice Legrand
Président de l'Association Valentin Haüy
*** fin du courriel publiposté par l’AVH ***

Si l’on clique sur le lien contenu dans le message, on constate que les exemples d’actions cités concernent notamment l’enseignement du braille, la locomotion, la formation à l’informatique adaptée.

Comme je l’ai indiqué à Florie, plusieurs catégories d’actions menées par l’AVH ont pour but de permettre à des personnes déficientes visuelles d’être autonomes et donc intégrées à la vie sociale et professionnelle. D’autres catégories d’actions (accessibilité, mise à disposition de livres audio, audiovision, défense des droits….) concernent tous les déficients visuels, y compris qui maîtrisent depuis longtemps les techniques d’autonomie. La démarche de l’AVH n’est en rien stigmatisante ou misérabiliste ; elle ne relève nullement d’un quelconque « procédé d’apitoiement ». Parmi les 3200 bénévoles de l’AVH, environ 600 sont déficients visuels. Par ailleurs, le conseil d'administration et le bureau de l’AVH, composés exclusivement de bénévoles, respectent une stricte parité déficients visuels/voyants. Pour les côtoyer au quotidien, sachez que ces responsables déficients visuels de l’association sont très sourcilleux sur la manière dont est abordé le handicap visuel et ils auraient réagi vivement s’ils avaient considéré que la tonalité de nos messages était, ne serait-ce que légèrement, marquée du sceau du misérabilisme ou de l’appel à la pitié. Le message est donc bien perçu par nombre de personnes déficientes visuelles.

Cela étant, je ne peux que constater, à travers ces réactions sur Facebook, que notre message a suscité un certain de réactions négatives.
Un des points que je retiens de mon entretien avec Florie, mais aussi de celui que j’ai eu avec Pierre Réfuveille sur le même sujet, c’est que diverses personnes aveugles, maîtrisant toutes les techniques d’autonomie et parfaitement intégrées à la vie sociale et professionnelle, considèrent que ce message est une négation de leur bonne intégration et de leur autonomie, ce qui n’est évidemment pas l’intention. Pour éviter ce type de malentendu, nous reverrons les termes de nos messages et je suis heureux que tant Florie que Pierre Réfuveille acceptent de nous prêter leur concours.

S’agissant du spot « Les Victoires » (http://bit.ly/1klOpS9), la volonté de l’AVH est la même : montrer que moyennant les apprentissages nécessaires, les personnes déficientes visuelles peuvent « vivre…tout simplement », c'est-à-dire être parfaitement intégrées. Cette campagne avait été lancée à l’automne 2012 et elle a été très bien reçue tant par les personnes déficientes visuelles que par les voyants, ce qui fait que nous l’avons reconduite à l’automne 2013 quand des chaînes TV nous ont à nouveau accordé des passages gratuits. Comme dans toutes nos actions, les personnes représentées sont d’authentiques déficients visuels et elles interviennent à titre strictement bénévole parce qu’elles partagent les valeurs véhiculées. Elles auraient refusé de donner une image dévalorisante du handicap visuel.

Lors de notre entretien téléphonique avec Florie, j’avais omis de lui signaler que sa demande d’un « message présentant un non-voyant qui aurait un métier ordinaire, qui ne serait ni kiné ni masseur ni standardiste, qui aurait des enfants et irait les chercher à l'école, qui sortirait le soir avec ses potes voyants » était satisfaite par nos messages. Pour la sensibilisation du grand public à la déficience visuelle nous avons réalisé une vidéo « Un regard pour deux » (http://bit.ly/1hEMwQV) que toutes les associations peuvent utiliser gratuitement pour leurs propres actions (toutes les bonnes volontés sont les bienvenues !) on voit d’une part un manager aveugle travaillant avec son assistante et conduisant une réunion, d’autre part une jeune femme aveugle allant au concert puis au restaurant avec un ami voyant. Dans le spot « Les Victoires », ce n’est pas à l’école que la jeune femme aveugle va chercher ses enfants, mais à la crèche.

Je pense que ces diverses précisions permettront aux lecteurs du post et de ses commentaires de se faire une meilleure idée de la démarche de l’AVH centrée sur l’autonomie et l’intégration des personnes déficientes visuelles. Le concours de Florie et Pierre sera apprécié pour améliorer la portée de nos messages.

Florie Bert, le 9 juin 2014 :
Merci beaucoup pour ces précisions, ainsi que pour avoir copié le texte du mail à l'origine de la discussion. Je ne l'avais plus pour ma part. À mon tour de vous redire qu'à aucun moment je ne remets en cause les actions de l'AVH ni le fait qu'elles s'adressent bien à tous types de non-voyants quelles que soient leurs difficultés. C'est le message transmis, l'image donnée qui me pose souci, ainsi je crois qu'aux personnes qui réagissent ici et sur twitter. Comme je vous l'avais ddit au téléphone, les personnes non-voyantes travaillant ou membres de l'AVH ne représentent pas la population non-voyante. Ce sont des personnes qui ont choisi justement de rester dans un milieu spécialisé, partageant les points de vue de ce milieu et qui ne vont donc pas avoir l'avis de personnes extérieures, de personnes qui justement veulent être intégrées à un milieu ordinaire et ne pas rester dans le milieu des non-voyants. C'est la raison pour laquelle vos messaes d'appel au don ne les font pas sourciller. Espérons que le fait de faire appel à des personnes extérieures fera progresser les choses.

Christian Volle, le 9 juin 2014 :
@Florie : précision complémentaire en ce qui concerne les déficients visuels de l’AVH.
À l’Association Valentin Haüy, il y a d’une part des bénévoles (environ 3200) et des salariés (environ 480). Dans ces deux catégories se trouvent d’une part des voyants, d’autre part des déficients visuels. Étant donné que l’AVH agit pour que les entreprises et les administrations emploient des déficients visuels, elle se doit de montrer l’exemple en la matière. C’est ainsi que sur les 481 salariés, il y a 108 personnes handicapées (51 relevant du milieu ordinaire et 57 travaillant dans les deux entreprises adaptées crées par l’AVH). Ces salariés handicapés ont logiquement des carrières assez longues au sein de l’AVH. Pour les bénévoles, les choses sont différentes : le bénévolat nécessitant du temps, une proportion importante de ces bénévoles est constituée de retraités venant du monde extérieur et rejoignant l’AVH parce qu’ils adhèrent à son projet et à sa démarche. Ils n’ont pas choisi de rester dans un milieu spécialisé, mais de venir dans une association se consacrant à l’autonomie et à l’intégration des personnes déficientes visuelles. Pour les bénévoles déficients visuels, les origines sont très diverses et les parcours professionnels très variés. Je ne dispose pas d’éléments détaillés pour les 600, mais je vous invite à consulter les parcours des quatre déficients visuels membres du bureau http://bit.ly/1qig4ZG ; vous constaterez qu’ils ont travaillé en milieu « ordinaire » et qu’ils ont un profil qui ne les prédispose guère à cautionner des messages qui seraient misérabilistes ou larmoyants. L’AVH ne prétend évidemment pas à représenter à elle toute seule l'ensemble des déficients visuels de France, mais les points de vue de ses membres déficients visuels ne sauraient non plus être écartés de manière abrupte.

Florie Bert, le 3 décembre 2014 :
Petit bilan 8 mois plus tard : à aucun moment nous n'avons ni Pierre ni moi été contactés pour le moindre avis ou conseil concernant la communication au grand public de l'AVH.
Et voilà que cette chère association publie un nouvel appel au don que voici :
A Noël, offrez aux personnes aveugles ou malvoyantes une vie où tout redevient possible !
Suis-je la seule à trouver qu'il n'y a absolument aucun changement ? Faut-il se faire une raison et estimer que si l'AVH tient si peu compte de nos avis pourtant nombreux, c'est qu'elle y a sans doute ses propres intérêts... qui ne sont peut-être pas ceux des personnes non-voyantes ?

Pauline Arnould, le 3 décembre 2014 :
C'est triste qu'une telle association donne une telle image... Je suis dépitée de voir cette nouvelle vidéo, celle pour Noël, et d'apprendre que ni Florie ni Pierre n'ont été contactés par l'AVH suite au brillant message de la première. Pourquoi tant de misérabilisme ? Est-ce nécessaire de nous prendre en pitié pour obtenir de l'argent ? Après on se demande pourquoi j'ai choisi de m'exiler en Angleterre... Je ne connais pas les associations ici, je ne connais rien à leur fonctionnement ou quoi que ce soit, mais ici je ne suis pas prise en pitié; les gens n'ont pas peur de moi; ils proposent spontanément de m'aider, et son curieux et non effrayés. Oui, tout ça contraste avec la France. Mais si les français se retrouvent face à des campagnes comme celles de l'AVH, je comprends mieux leur manière de nous voir et de nous traiter... Attention, je ne dis pas que tout le monde est adorable en Angleterre et a peur et pitié de nous en France; je dis simplement que si en seulement un peu plus d'un an en Angleterre et en 24 ans en France c'est ce que j'ai remarqué, c'est que ça ne vient pas non plus de nulle part.

Commentaires

#5
de Sowilo
le 22/02/2015

Je fais court, parce que vous avez déjà dit beaucoup de choses, merci! Merci merci merci merci pour ce petit débat et ce que vous avez soulevé! Ca fait du bien à lire, et à savoir. On peut se révolter contre ça sans être des empêcheur de tourner en rond, sans vouloir saborder une assos, juste pour le bien de tous, parce que cette com nous fait du mal, du vrai. Merci!!!

#4
de Firnennh
le 04/12/2014

Commentaire Je suis moi meme aveugle et surment dans Les plus jeune volontaire de lavh en effet a 16 ans ca fait deja plus de 3 ans que jaide l avh sur le sujet de l informatique dans la rejion du jura Parcontre jamais notre directrice n a utiliser la pitier Bien au contraire notre rejion a pour reputation detre fetarde et chaleureuse Pour coller a letiquette notre branche De l association A toujours fait la fete et vendue des craipe au voyants cuisiner sous leurs yeux par des aveugles et moi je tient un stande informatique et jeu vidéos les gens de tous ages viennent se defier et reparte avec le sourire et une craipe encore chaude un porte clé de l école de chien guide et le sourire au levres se qui est dsans doute le mieu
Champ de texte Touchez deux fois l’écran rapidement pour modifier.

#3
de Firnenneh
le 04/12/2014

Je suis moi meme aveugle et surment dans Les plus jeune volontaire de lavh en effet a 16 ans ca fait deja plus de 3 ans que jaide l avh sur le sujet de l informatique dans la rejion du jura Parcontre jamais notre directrice n a utiliser la pitier Bien au contraire notre rejion a pour reputation detre fetarde et chaleureuse Pour coller a letiquette notre branche De l association A toujours fait la fete et vendue des craipe au voyants cuisiner sous leurs yeux par des aveugles et moi je tient un stande informatique et jeu vidéos les gens de tous ages viennent se defier et reparte avec le sourire et une craipe encore chaude un porte clé de l école de chien guide et le sourire au levres se qui est dsans doute le mieu
Champ de texte Touchez deux fois l’écran rapidement pour modifier. Un ami et moi sommes meme devlopeure dun jeu video

#2
de lequadeur
le 03/12/2014

Bonjour,
Je tenais juste à dire que j'étais entièrement d'accord avec les propos sur ces spots publicitaires, je suis totalement contre de faire passer le déficient visuel comme une personne incapable de s'en sortir par lui-même, en 2005 quand je suis entré au lycée, on m'a proposé de devenir kiné et faire mes études à l'AVH, j'ai tout simplement refusé. J'ai préféré passer mon bac comme tout le monde au lycée en intégration totale ne pas rester enfermer dans le monde des non voyants, sortir avec mes amis, et jamais on m'a pris en pitié j'ai toujours fait comprendre que j'avais horreur de ça, et aujourd'hui mes meilleurs amis sont ceux du lycée et j'en suis bien content.
c'est dommage qu'une association fasse passer les déficients visuel comme des gens qu'il faut aider absolument.
Enfin bref j'aimerai bien savoir les bénéfices qu'une asso peut faire sur un bloc-note braille ou sur un simple micro-honde vocal par exemple.

Si on veut combattre les clichets du grand publique, arrêtons de dire qu'un handicapé est différent d'eux mais bien une personne comme tout le monde et que de ne pas voir n'empêche pas de vivre normalement.

#1
de fa1ckg
le 03/12/2014

Quand on pense qu'on se bat tout les jours pour que les gens autour de nous ne nous prennent pas en pitié ! Et qu'une association qui est sensé promouvoir l'intégration des aveugles dans notre société puisse faire des spots publicitaires larmoyant à ce point, y a de quoi être écoeuré. Le problème c'est qu'on vit dans une vieille france qui à un regard vieux et pleins de préjugés et cela est transmit par nos chers politiciens ou par des associations de ce genre.

Personnellement je n'ai jamais voulu entendre parler de cette association car ce que j'avais découvert à l'époque ou j'avais fait sa découverte ne me correspondait pas, j'avais eu l'impression d'entrer dans une maison de retraite alors que je n'avais que 19 ans et j'ai vite fuit en me démerdant seul à l'époque avec les potes que j'avais autour de moi.

Il y a 3 ans j'ai donné des cours d'informatique dans cet association qui existe dans ma région. Je me suis dis que peut être plus jeune je m'étais révolté contre je ne sais quoi et que peut être l'image que j'en avais était peut être erronée. (Oui j'ai la fâcheuse habitude de me remettre toujours en question :D). J'ai fini quelques mois plus tard par raccrocher au nez de la personne responsable qui gérait l'organisme pour incompatibilité de caractère.

Non rassurez vous, je n'ai pas mauvais caractère, ceux qui me connaissent savent que je suis quelqu'un qui a beaucoup de patience et qu'il faut un bon moment avant que je sorte de mes gongs, donc je ne détaillerai pas le litige que j'ai rencontré avec cet personne car ça serait trop long, mais en gros ça correspond bien à ceux qui est écrit dans l'article sus-dit.

Aujourd'hui l'association à changé de président, et la personne qui la gère à le même regard que je porte sur le handicap, et croyez moi ça fait du bien au coeur ! et ça me donne espoir de pouvoir transmettre enfin une image plus correcte de qui on est quand on a un handicap et que les déboire qu'on traverse peuvent être similaire à quelqu'un de soit disant normal qui va perdre son travail, sa femme ou se retrouver à la rue, ce n'est ni pire, ni meilleur, juste un aléa de la vie qu'il faut surmonter. Certains seront anéantie et d'autres se relèveront et continueront à avancer, c'est une question de caractère pas d'handicap !

Je n'ai pas pour habitude de témoigner sur tout ce qui pourrait paraitre intimiste, mais j'avais envie de soutenir et de dire que oui, moi aussi ça me fait sortir de mes gongs pour rester dans le politiquement correcte.

Donc STOP à l'appel au don avec des spots publicitaire larmoyant !

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