[Aller à la cafeteria]

– Rien ne vaut les crêpes sucrées !
– Hm, souffla négligemment Nelly.
– N'est-ce pas, bondit soudainement Ilyana. Rien n'a d'égale à douceur des crêpes au chocolat, l'onctuosité des crêpes à la confiture, la finesse des crêpes au sucre glace ! Je savais que même un crétin comme toi serait d'accord avec moi !
– … hahaha...

Contrairement à Nelly, Ilyana était maintenant vraiment de très bonne humeur, elle se permit même le luxe de sourire joyeusement. S'il en avait le courage, Sofian en aurait pris une photo illoco. Un sourire sincère d'Ilyana était bien plus improbable que de trouver un Taupiqueur parcourant la voûte céleste !

– Fufufu, pouffa Ilyana. Prends ça dans la gueule, la grande asperge !
– …, la fixa très gentiment Nelly.
– Hmpf, siffla la délinquante. C'est ça reste silencieuse...

Ilyana frappa soudainement dans les mains et se tourna vers Sofian.

– Hé crétin, tu remontes dans mon estime. Pour l'occasion, partagerais même mes crêpes !

La petite délinquante désigna la table derrière elle, sa table réservée, bien au fond de la cafeteria. Sofian se frotta les yeux, stupéfié. Jamais au grand jamais il n'avait vu autant de crêpes de sa vie. Il devait en avoir plus d'un million et encore, au minimum ! Comment est-ce que cette gloutonne avait réussi à s'en être autant procuré ?


– Hem...
– Après tout, siffla Ilyana en baissant les yeux, je n'ai toujours pas repayer pour le... cadeau de la dernière fois.

Par là, Ilyana entendait le festin que Sofian et Nelly lui avait préparé peu après son enrôlement forcé dans le club. Sofian sourit nerveusement. Certes une telle intention était touchante, surtout venant d'Ilyana mais... Sofian loucha vers la montagne de crêpes. Non seulement il y en avait des tonnes, mais en plus chacune d'entre elles étaient garnies d'une telle quantité de sucres, confitures, ou chocolat dégoulinants que le brun en eut un haut le cœur.

– C-c'est gentil, tenta Sofian, m-mais...

Ilyana aussi un sourcil.

– … quoi ? grogna t'elle. T'as quelque chose à dire ? Tu n'aimes pas les crêpes sucrées ?!
– … gloup... j-je... je ne voudrais pas déranger...
– Hmpf, tu ne chercherais pas à te dérober par hasard ?
– N-non ! Haha...
– Dans ce cas, arrête de gaspiller ta salive et viens bouffer ces crêpes ! cria presque Ilyana.
– G-gasp !

Le front moite, Sofian tentant de trouver une issue de secours. Son regard croisa celui de Nelly qui détourna rapidement la tête dans un « Hm. » très évocateur.

– Oooh...

***

– Beeuuh...

Sofian sorti des toilettes, livide.

– J-j'ai pris ma dose de sucre pour les trois cent prochaine années... beuurh...

Ilyana s'était montrée impitoyable, forçant Sofian à avaler au moins un quart de la montagne de crêpes spéciales diabète. Enfin, malgré la tournure des événements il fallait avouer que voir Ilyana partager ses précieuses sucreries était assez étonnant, sans doute tenait-elle vraiment à « payer sa dette ». Sofian aurait juste espéré un peu plus de finesse dans l'acte... soudain, le brun se crispa.

– ... !! L-la confiture tente de s'échapper !

Et Sofian retourna dans les toilettes, aussi vert qu'un Miasmax.

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– Les crêtes salées domineront le monde !
– … qu'est-ce que ça veut dire ça ?! grogna Ilyana.
– Ça veut dire que j'ai raison, sourit Nelly. Les crêpes salés sont les meilleurs.
– Gnn ! Im-impossible !!

Ilyana Manyula recula, frapper par l'implacable vérité.

– Graah ! grogna la délinquante. Bande d'imbécile !! Vous comprenez rien à rien !!

Et la petite délinquante se désengagea, plus ronchonne que jamais. Elle se dirigea vers sa table réservée, bien au fond de la cafeteria où une montagne de crêpe dégoulinante de garniture sucré l'attendait.

– E-elle va vraiment manger tout ça ? geignit Sofian.
– Elle est stupide, statua impitoyablement Nelly.
– Haha..., ria nerveusement le brun. Tu es dure aujourd'hui Nelly...
– Elle n'a que ce qu'elle mérite.
– … hem... s-sinon, tenta Sofian de changer de sujet. Je ne savais pas que tu aimais autant les crêpes salées !
– Pas tellement, souffla posément la grande brune.

Sofian haussa un sourcil étonné.

– … pardon ? Pourquoi cette dispute alors ?
– … parce qu'elle est stupide.
– Ehm...

Devant le regard perplexe du brun, Nelly soupira.

– Elle proclamait que seules les crêpes sucrés valait le coup, je lui aie simplement dit que je préférais les salées. C'est elle qui s'est enflammé après ça.

Nelly s'arrêta un moment. Elle n'était décidément pas habituée de faire des phrases aussi longues.

– Elle continuait de dire que les salées étaient des hérésies, soupira Nelly. Je voulais simplement lui faire comprendre que les salées était aussi bonnes. C'est elle qui est resté bornée.
– W-waouh ! s'étonna Sofian. J-je ne t'avais vu aussi expressive !
– Hm, plissa Nelly des yeux.

Sofian eut un petit ricanement. Pour tenter de faire entendre raison à Ilyana, et avec autant de vigueur, il fallait être un peu bornée aussi, surtout sur un sujet aussi... futile !

– … un problème ? souffla Nelly.
– Haha, non, non, s'amusa Sofian. Je me disais juste que j'ai découvert un nouveau pan de ta personnalité !
– Hm.

Nelly tourna la tête, un peu gênée. Peut-être s'était-elle rendue compte de son erreur ? En tout cas, elle n'allait certainement pas l'admettre, c'est qu'elle avait sa petite fierté la Nelly.
Voyant qu'elle n'avait plus l'avantage, la grande brune sortie de la cafeteria, en essayant de rester le plus digne possible. Ce qui arracha irrésistiblement un autre sourire à Sofian.

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– Voyons, Ilyana, Nelly, stoppez cette dispute abjecte ! Qu'une crêpe soit sucrée ou salée, qu'est-ce que cela change ?! Absolument rien, un crêpe reste une crêpe ! Alors certes, certaine préfère être baignée sans du sucre, et d'autre sablée de sel, mais est-ce une raison les discriminer ?! Devons-nous rejeter les crêpes en raisons de leur préférence ?! Assistante N°2, assistante N°3, je ne vous ai élevé dans le raciste crêpiastique !
Au fond de leur cœur de farine, chaque crêpe partage la même âme, ne l'oubliez pas ! Ce sont toutes des sœurs de jaune d’œuf ! Dîtes non au racisme, assistantes, non à la discrimination, et rassemblez-vous plutôt ! Tous ensemble pour un monde de tolérance !


Sofian ponctua son discours en levant puissamment son poing vers le ciel. Un long silence s'installa dans la cafetaria, personne n'osant dire mot. Jusqu'à ce que soudain...

– I-Il a raison !
– Oui !
– Vive les crêpes quelle qu'elle soit !!

La foule d'étudiants, jusqu'alors juste spectatrice, s'enflamma chantant des louanges à la gloire des crêpes.

– Mes amis ! pleura presque Sofian en se retournant vers la foule. Je suis si heureux d'avoir pu vous ouvrir les yeux !
– Pendant tout ce temps... nous vivions dans l'erreur ! larmoya un lycéen.
– J'ai honte, geignit une autre lycéenne, mais désormais nos cœurs se sont éveillés !
– Oui ! Les crêpes sont nos amis !
– Respectons-les !

La larme à l’œil, Sofian observa son œuvre : des dizaines de lycéens gonflés à bloc bien décidés d'enrailler à tout jamais la discrimination des crêpes.

– Je compte sur vous, mes amis ! N'abandonnez pas, et allez propager la bonne nouvelle ! POUR L'AMOUR DES CRÊPES !
– POUR L'AMOUR DES CRÊPES !! exultèrent les lycéens comme un seul homme.

Dans toute cette folie, Nelly et Ilyana se regardèrent, pas trop sûres de savoir exactement ce qu'il venait de se passer.
Finalement les nouveaux croisés sortirent de la cafeteria, prêt à occire toutes traces de racisme sur cette terre.

– Mmh..., réfléchit soudain Sofian en voyant la masse d'élèves fulminante. Je suis peut-être allé un peu trop loin... bah, tant pis !

Et Sofian sortit à son tour, oubliant complètement les deux demoiselles qui soupirèrent, plus blasées que jamais.

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