Édité le 2 février 2014
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Le coeur de l'automne

Petite note de l'auteur : Petit texte écrit pour le concours de Kumfu, que je remercie pour avoir prolongé le délai de quelques jours. Cette histoire est, pour être honnête, d'un ennui total. Il n'y a rien de passionnant à lire, juste la beauté des sentiments et des mots que j'ai tenté de partager dans ce texte, un peu trop long. Oui, ce texte fait 2500 mots, ni plus, ni moins. C'est pour cette raison qu'il peut ne pas être intégré parmi les candidatures du concours, je l'accepterai. Mais je ne pouvais simplement pas en rester là, je devais continuer, car sinon, ç'aurait été de la censure, ce qui demeure très grave, n'est-ce pas ? Au-delà du simple concours, c'est toute une histoire, terriblement vraie, mais dissimulée sous d'autres noms, sans apparence ni description, pour que chacun puisse s'y retrouver, que je raconte ici. Beaucoup d'éléments, voire tous, ont un sens, ne serait-ce que pour moi, personnellement. J'ai abordé, aussi, une alternance un peu spéciale que vous découvrirez si le courage vous prend de tout lire. La mise en forme est importante. Mais ne réfléchissez pas trop aux sens. Prenez du plaisir avant tout. Le plaisir de lire, le plaisir des mots, mais avant tout, dans tout mon égoïsme, le plaisir d'écrire. J'ai pris un plaisir fou à retrouver cette passion de l'écriture. Cela rend plus humain, et plus vivant. Et c'est ainsi que l'on peut briller, pour au final, devenir le cœur de l'automne soi-même.



                  La première fois que cela s’est produit ? Il ne l’avait pas voulu. Quand donc ? Ah, oui, c’était lors d’une de ces ternes journées de l’automne ; le cœur de l’automne qui n’est pas doré par les feuilles déjà mortes, mais seulement par le ciel qui perd sa couleur claire. La fraîcheur des jours qui fait frémir la chair pâle, enfouie sous les foulards chauds, n’avait, ce jour-là, rien de revigorant : pas un soupçon d’inspiration dans cet air saturé. Et pourtant, en cette terne journée dans le cœur de l’automne, la chaleur d’un seul être brûlait.

         Adrien connaissait Alexandre depuis six mois, par internet. Cela s’était produit un peu par hasard, sans que ce ne fût tout à fait nécessaire, quoiqu’Adrien n’eût jamais cru au hasard complet. Il suggérait toujours qu’une part de bienfaisance – et non le destin – agitait sa cloche, sonnant irrémédiablement un coup du sort bien dessiné. Seulement, ici, ça n’avait aucune nécessité. Les deux garçons avaient engagé la conversation un jour, un peu innocemment, que quelques amis communs avaient pu réunir sans même le penser. Au fil des mots et des confessions, les deux en étaient venus à s’avouer leurs tendances. Chaque fois qu’Adrien évoquait le sujet, un soudain malaise l’envahissait ; comme un chat qui vous saute à la gorge, passant sa griffe d’ivoire sur la peau fragile, et puis, partant, agitant la queue, tout fier. Il n’avait jamais eu la prétention de se définir totalement par le biais de trois termes ; parce que pour lui, l’amour – et non le sexe – était bien plus que des mots ! C’était un mélange harmonieux, avec un soupçon de gêne bien méprisable, qui dormait dans le fond de l’être, l’agitant doucement d’un élan galant pour l’être aimé. Et alors, lorsqu’un imprudent demandait, bien gaillard, qui méritait son amour, il répondait, d’une voix maligne, dissimulant tout un terrible mystère, qu’il s’agissait « d’autre chose, et voilà tout ». Mais justement, Adrien, par-delà ses propres mots, refusait que cette partie de lui pour les hommes s’exprime. Alexandre, lui, bien que rien ne se soit jamais produit, semblait confiant. D’une certaine manière, cela les rassurait tous les deux, de pouvoir se dire des choses si étrangères pour l’un, si banales pour l’autre. De toute manière, Adrien ne risquait pas grand-chose : les deux garçons vivaient à quelques trois-cents kilomètres l’un de l’autre.

         Cependant, Alexandre proposa qu’ils se revoient, une fois. Même si elle n’en eut pas les apparences, cette sentence tomba nette sur sa tête, un peu assommante, dérangeante même. Adrien s’imagina alors ce jeune homme, là, devant lui, devenu si étranger soudainement, distant d’une formidable distance de trois-cents kilomètres, qui surgit des ombres devant lui comme une terrible nouvelle. Et puis, bêtement en effet, Adrien accepta volontiers, parce que c’était Alexandre, qu’après tout, ils étaient amis, et que ces petits cœurs ne voulaient rien dire, vraiment rien, juste de la flatterie maladroite. De toute manière, Adrien se plaisait dans les illusions, bien plus confortables que la réalité. Mais, s’il avait eu un couteau sous la gorge, alors, il aurait avoué que, oui, il savait, et qu’il n’avait pourtant rien fait. Rien.

         Une voix retentit, d’une clarté confuse, annonçant une entrée en gare, probablement. Pourtant, rien n’apparaissait dans la foule grouillant devant les quais. Adrien demeurait adossé contre le mur, patient et anxieux, baladant son regard parmi les différentes têtes sans jamais reconnaître celle d’Alex. D’un coup alors, surgissant des ombres devant lui comme une bonne nouvelle, il était là, maintenant. Chacun sourit, pour de vrai. La peur retomba doucement, telle une plume délicate sur l’eau qui l’emporte, au loin, pour que jamais on ne la revoie. Les deux filèrent, loin de tout ce vacarme résonnant, qui tenait la tête et la secouait, pour, au final, rendre fou, ou peut-être réchauffer, car il faisait très frais. Ils discutèrent, de choses un peu stupides en fait : les gens ; non pas que ces gens soient stupides, mais pour la bonne raison que les personnes basses d’esprit parlent de personnes, et que les plus malins préfèrent débattre sur des idées. Pendant toute la paisible balade, rien n’offrait de soupçon, d’idée, de certitude quant aux motivations d’Alexandre ; car il s’agissait d’un ami, agissant comme tel, qui riait, qui levait ses yeux vers les hauts bâtiments – et non pas le ciel – et qui n’était pas bien différent de l’image qu’il donnait à travers un écran.

         Un petit parc se trouvait non loin de la maison d’Adrien. Un paradis vert et paisible, que personne ne fréquentait, parce que justement, c’était bien trop paisible. Dans l’air flottait quelque chose d’un peu plus chaleureux qu’à l’aube de la journée ; elle était moins terne, plus ensoleillée, avec quelques rayons rosés tout à fait charmants. Alex, lui, brillait toujours par ses petites anecdotes innocentes, celles que l’on raconte parce qu’on est peut-être gêné, ou bien, que cela nous tient à cœur – beaucoup de choses qui nous tiennent à cœur sont tues, pensait Adrien. Son discours se ponctuait de grands gestes, de grands pas, comme dans les pièces de théâtre, ces acteurs avec une telle amplitude qui fait vibrer ; quoiqu’Alexandre n’eût rien d’une pièce de théâtre à lui seul, mais captivant dans la vacuité de ses propos qui prenait des dimensions gigantesques, parce que ses mots s’adressaient à lui, rien que pour lui. Soudain, d’un coup, sans être brusque pourtant, Alex tendit ses mains devant Adrien, assis par terre, sur le sol humide. D’abord, il ne saisit pas, et puis, il les saisit, sans trop comprendre. Et puis, un câlin. Le contact physique, si proche. La gêne qui prend les joues. Alors qu’aujourd’hui, Adrien n’y avait plus pensé. Alors qu’aujourd’hui, tout avait déjoué ses petites illusions. Là, tout de suite, Alexandre les brisait, comme un miroir, qui éclate en morceaux, qui s’éparpillent, et qui deviennent blessants. Et cruellement, dans ce câlin, quelque chose de chaleureux demeurait. C’était bien ça, le genre de chose qui crève le cœur d’Adrien, parce qu’il se rappelait, oui, il se rappelait, comme l’écho d’un enfant qui hurle, qui hurle, trop fort.

         L’étreinte avait duré quelques secondes, qui, à Adrien, lui avaient paru des heures entières. Immédiatement, ils étaient rentrés, avec un silence un peu plus pesant. Ce n’était pas le silence plat, où ni le vent, ni les feuilles, ni Alexandre, ne murmuraient plus aucun mot. C’était le silence d’un fantôme, quelqu’un qui entend ronronner la vie autour de lui, mais qui ne l’habite pas. Adrien était devenu sourd et transparent, presque un miroir qui renvoie ce qu’on lui offre – c’est d’ailleurs ce qui fait tout le charme du miroir : la sensation ; le délicieux plaisir de s’offrir, à la fois au monde, et à nous-même, tout entier, se sentir plein et ne plus vivre par fragments d’instants.

         Oui, il fallait vivre entièrement. Cesser de trop penser. Ne plus envisager le gâteau – Alexandre ?! – comme vingt-quatre petits morceaux, ou deux larges parts, mais seulement comme un cœur doré, entier. Une bonne nouvelle que nous offre la vie, que l’on se donne, dans toute la splendeur du théâtre, fantastique. Ressentir le goût, rien que le goût, sans penser à ce qui donne des caries, les caries qui rongent le cœur et toute l’existence. Oui, maintenant, il fallait cesser, et se laisser submerger.
         Une césure.


         Nous jouions à la console, tranquillement, dans la chambre. Nous profitions, doucement, de cette soirée, sous la quiétude d’une lumière chaleureuse. Je jouais, les yeux figés sur l’écran, à côté d’Alexandre, un peu affalé sur le lit, mon lit confortable. Peut-être s’ennuyait-il, ou alors… quoi d’autre ? Aucune idée, plus d’idée. Dehors, on sonna les huit coups. Puis, tout innocemment, je proposai à Alexandre de jouer. Jouer. Le mot de trop, celui qui tue. Alors, ses deux yeux s’enflammèrent, comme des bougies. « Oui, j’ai envie de jouer, mais un peu autrement. ». Alex se jeta sur moi, soudainement, non pas comme un chat de la nuit, mais comme une bête affamée. Il avait faim, je pouvais le lire sur ses lèvres déjà humides. Ses yeux langoureux tentaient vainement de m’hypnotiser, alors que la terreur s’en chargeait bien mieux. J’étais tétanisé, comprenant son désir brûlant – la chaleur d’un être... Non, non ! Il ne fallait plus penser, Adrien ne devait pas se perdre dans un fragment – qu’était le baiser. Son visage se rapprochait dangereusement du mien, bien trop près. Je détournai le visage, ressentant alors le contact humide sur ma joue. Quelle horreur. Un frisson, le dégoût lui-même, empoigna mon cœur devenu fou. Je songeai alors à tous ces cœurs qui – non. Sa main redressa mon visage, crispé je le devinais. Je gémissais quelques « Qu’est-ce que tu fais ? », « Arrête, s’il-te-plaît… », « Lâche-moi. ». Mais il ne m’écoutait pas. Seule son envie, son cœur, ou son sexe, dirigeaient ses doigts boudinés le long sur mon cou, un peu plus bas, sans jamais cesser de me baiser le coin des lèvres. Et puis, soudain, une sonnerie, qui retentit ! D’une force extraordinaire je repoussai le grossier personnage qui s’était positionné à quatre pattes au-dessus de mon corps allongé sur le matelas, accourant vers le four. Le repas était prêt, dieu merci. Comme si de rien était, je mettais la table – Adrien se noyait dans l’illusion, à nouveau ; il disposa la porcelaine, le plat fumant, et tout ce qu’il faut, joliment, délicatement, réfugiant toute sa crainte dans une présentation tout à fait pittoresque, avec l’espoir niais de créer un miroir, gigantesque, dans lequel son image ne se refléterait pas. Alex me rejoignit à table, et, étrangement, ne prononça pas un unique mot. Encore rougi par ces caresses et ces baisers, je tentais quelque chose de stupide, une phrase bateau qui ne veut rien dire, mais qui fait jacasser. Et il me raconta. Et nous discutions. J’oubliais alors ce qui venait de se produire, convaincu qu’il s’agissait d’une erreur. J’étais fier de moi, de cette distraction toute inventée.

         Adrien était encore parvenu à tisser un doux mensonge de ses propres mots. Et toujours demeurait le terrible spectre de la peur qui, durant ce repas de deux comédiens, flottait, menaçant, effroyable, qui fait frémir et qui crève les yeux, qui dégoulinent, qui dégoulinent, sans qu’aucun bandage ni pansement ne puisse gommer une telle vision d’horreur.

         Nous retournions dans ma chambre. J’étais serein. Reposé. Et pourtant. Pourtant. Je franchis le seuil de la porte de ma chambre, puis, un claquement, terrible, comme un tambour qui éclate sous la pression trop forte. On, je veux dire, Alex me poussa négligemment contre le lit, encore ce lit, devenu une table de sacrifice, celui de mon corps. Aussitôt, nous nous retrouvions dans cette même position, pour la deuxième fois, et moi, j’étais d’un pâle cadavérique. Vraiment, il aurait pu se laver les dents, le cochon. Encore, encore, ses yeux brillaient d’une flamme qui me brûlait la peau, gravant tel un fer chaud une marque rouge et douloureuse. Alexandre opta alors pour une approche plus… tendre ? – non, persuasive ; il allait atteindre son objectif final, celui qui fait briller le cœur, celui qui rend malheureux un autre. Toujours, toujours, je refusais, détournant le regard, bien que ses mots, jusqu’alors seulement virtuels, effleurait mes oreilles que je voulais sourdes à cet instant.

         Même au bout d’une heure, toute entière, qui ne m’était pas parue comme une seconde seulement, mon corps refusait, je refusais. Mais voilà. Dehors, au loin, on sonna les dix coups. C’est sûrement à cette heure irrévocable que sa volonté, que le temps et la fatigue avaient fragmentée, se fissura pour éclater, en des milliers de fragments de verre. Il m’embrassa. Il y parvint, dans un triomphe plein de ténèbres, car je n’avais plus la force de résister et de me soulever contre un « ami », et contre, je devais l’admettre, cette partie de moi que je poignarde, sur l’autel du sacrifice, avec la dague de la raison et de la terreur. Je sentais ce contact humide, que je n’avais que trop peu ressenti auparavant, qui était, je devais l’admettre, agréable. Alors, pourquoi Alexandre ? Pourquoi, Alexandre ? Soudain, tout s’emballa, si rapide. Je sentais que dans ce baiser résidait une clé, ouvrant des portes, jusqu’alors verrouillées. Sa main dégringola le long de mon corps alors pris d’un frisson glacial. Je me crispai. J’avais peur, je ne voulais pas de ça. Seulement, sa « volonté » était plus forte. Adrien se dit alors que c’était bien honteux que les pulsions soient plus fortes que la volonté, écrasée, piétinée, enfouie et enterrée sous la terre humide du petit paradis vert, où personne ne se balade jamais, parce qu’il y demeurent les volontés mortes. Oui, ses pulsions avaient enterrées ma volonté et ma pudeur, j’avais raison, je le savais. Alors, je tombais, je tombais, et ses mains descendaient, descendaient, j’étais incapable de résister davantage. Et, oui, je l’admettais, je ne disais plus non. Un non auquel il avait été sourd tout ce temps durant. Ah, oui, cette sensation, si agréable. Je comprenais pourquoi tous les hommes adoraient ça. Soudain, le retour à la réalité, terrible. Que venais-je de faire ? Qu’avait-il fait ? Quelle honte. S’il l’avait pu, Adrien aurait saisi cette dague, et sur l’autel du sacrifice, aurait poignardé cette part de lui, et puis, lui, tout entier, dans ce fragment d’instant, qui demeurait une heure entière.

         Quand je lui avais demandé pourquoi il faisait tout cela, il m’avait répondu, avec une sincérité absolue que je n’avais alors jamais pu discerner avant : « Parce que je suis amoureux, et qu’aujourd’hui encore, je suis tombé amoureux. ». Mais Adrien le détestait, maintenant.

         Adrien avait raccompagné Alexandre jusqu’à la gare, froide, silencieuse, en cette journée brumeuse, le brouillard qui rend aveugle. En revenant chez lui, le garçon eut alors une terrible vérité, surgissant des ombres comme une mauvaise nouvelle. Dans le train de la gare, Alexandre avait volé, oui, dérobé, son corps seulement ; il ne lui restait plus qu’un pantin qui ne lui appartenait plus, mais qu’il contrôlait, car l’esprit n’a, pour l’œil, aucune présence, et justement, Adrien songeait à cet attribut, qu’il pensait ne pas avoir : il demeurait d’une discrétion tantôt remarquable, s’éclipsant doucement des souvenirs, ce qui le tuait, encore un peu plus, à chaque seconde, qui craque en un éclat. Alexandre l’oublierait un jour, dieu merci. Et ce qui était terrible, vraiment, l’horreur qui coupe le souffle, qui fait pâlir, qui fait pleurer, n’était, ni plus, ni moins, la mémoire d’Adrien. Il devait l’admettre, et, à vrai dire, il l’admettait maintenant : ce démon était entré dans sa vie, définitivement, et aucune gomme n’effacerait cette coupure qu’il avait sur le cœur, et sur son corps qui n’était plus sien ; ce corps qu’il pensait loin, à quelques trois-cents kilomètres de là, dérobé, volé, et mort, simplement.

         La première fois que cela s’est produit, il ne l’avait pas voulu. Et pourtant, en cette terne journée dans le cœur de l’automne, la chaleur d’un seul être brûlait, dans un train, loin. C’était la dernière fois. Adieu.

Commentaires

#5
de MdA
le 26/02/2014

La narration est excellente, je trouve. Je pense que tu peux raccourcir le passage à la gare, les descriptions de l'environnement tout ça, des trucs qui ont déjà été faits et refaits, pour te concentrer sur l'acte en soi, la confusion entre désir et absence de consentement. C'est déjà très bon, mais tu peux allonger cette partie, et rajouter plus clairement.. Ce qu'il s'est passé. :)
Mais c'est vraiment bien je trouve.

#4
de Andersandrew
le 16/02/2014

Je reconnais un esprit admirable derrière ce texte, le lyrisme et le vocabulaire utilisé dégagent un charme certain; cependant je n'ai été que peu sensible à ce style pourtant remarquable. On sait que la lecture d'un texte dépend aussi de l'humeur, et peut-être qu'en tant que lectrice, je n'étais pas prête à me confronter à celui-ci : pour être plus explicite, le discours m'a paru trop décousu et j'ai perdu la moitié du sens du texte, ce qui est d'autant plus dommage que l'on voit parfaitement l'effort d'écriture, et une maîtrise mature de la narration.

Concernant le récit, proprement dit, donc, je n'ai pas pu saisir toutes les subtilités des émotions décrites, un peu rendue perplexe par la complexité de la forme prise par ce texte; beaucoup de réflexions m'ont paru obscures et impossibles à interpréter. Quelque part, ça me rend triste, de ne pouvoir apprécier l'histoire à sa juste valeur.

De fait - et quelque part, cela peut rejoindre la métaphore des comédiens de théâtre - les personnages m'ont paru distants, j'ai eu du mal à m'impliquer dans leur caractérisation, et si le but semblait être (selon mon point de vue) de s'identifier, ou du moins comprendre Adrien, cela à échoué avec moi, hélas.

La thématique était dure, comme c'est souligné dans les autres commentaires. Elle a pourtant été abordée avec sensibilité et tact. Je trouve même difficile de commenter ce texte sans dire quelque chose de blessant (ce n'est bien évidemment pas l'objectif de ce commentaire). En tout cas, c'était un récit très "à fleur de peau", je trouve. Il y a une vraie qualité derrière, à n'en point douter !

Par ailleurs, j'ai beaucoup aimé certaines images comme "c’était lors d’une de ces ternes journées de l’automne ; le cœur de l’automne qui n’est pas doré par les feuilles déjà mortes, mais seulement par le ciel qui perd sa couleur claire.", originale, puisqu'en littérature, c'est une vieille redondance de marquer l'automne par des feuilles mortes (ce qui n'est pas le cas ici, justement !), ou encore "les pulsions soient plus fortes que la volonté, écrasée, piétinée, enfouie et enterrée sous la terre humide du petit paradis vert, où personne ne se balade jamais, parce qu’il y demeurent les volontés mortes." qui rappelle le parc qu'ils ont traversé...
Finalement, les images qui me marquent le plus sont les plus concrètes. C'est peut-être pour cela que ce texte m'a paru un petit peu abscons.

Cependant, j'espère que tu écriras d'autres choses que tu publieras, que je pourrais, et puis, qui sait, me permettre de pénétrer davantage ton style...

#3
de Chloris
le 16/02/2014

Voilà un texte qui mérite d'être lu et relu, non seulement parce qu'il est riche et que sa construction ne livre pas facilement son sens, mais aussi et surtout pour le plaisir des mots, et la prose presque poétique.

#2
de Magena
le 06/02/2014

C'est intense. Je ne vais pas dire que je n'ai pas aimé parce que c'est très bien écrit et, avant de commencer ma lecture, j'avais peur de lire de quelque chose de plus violent. Ou peut-être que c'est violent tout de même parce qu'on sent que le consentement n'est pas tout à fait là.
Et j'ai eu l'impression qu'il y avait autre chose, comme un souvenir dont Adrien ne veut pas se rappeler...
Bref, un texte qui donne à réfléchir et qui est touchant.
Merci pour le partage.

#1
de Kumfu
le 02/02/2014

C'est un texte dur ! Très bien écrit, ça c'est sûr. Touchant. Je ne pensais pas à ça quand tu avais donné sujet, mais tu as très bien géré ce sujet particulièrement difficile, avec justesse. Très bien vraiment.

Concernant ton style, je t'en fais la remarque parce que je reconnais ce qui est un de mes travers récurrents : tu veux trop mettre dans chacune de tes phrases. Ça donne des phrases qui ploient sous la contrainte, longues, avec plein de virgules, plein de propositions différentes, dans lesquelles on cherche le verbe, parfois. C'est assez lourd à la lecture, du coup. Si tu le peux (pas forcément pour ce texte mais pour un autre, si tu le souhaites), je te suggère de travailler sur ce point, parce que tu as un joli style, sinon. ^^

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